Après une petite pause dans les publications pour préparer le 200ème article de ce blog, il est grand temps de reprendre la plume (enfin, le clavier) et repartir en quête d’écriture. Pour l’occasion, je vous propose une petite exclu. en partageant avec vous un nouvel extrait du livre que je suis en train d’écrire. Il y est notamment question de cadre de référence et de comment comprendre le point de vue de l’autre. Pour contextualiser cette partie, sachez qu’elle se rattache au chapitre “Savoir distinguer sa propre émotion de celle de l’autre”.

Comprendre le point de vue de l’autre

Comprendre le point de vue de l’autre revient à se projeter mentalement dans sa tête pour savoir (ou du moins, imaginer), quelle est sa propre vision d’une situation. Comprendre le point de vue de l’autre vous donne accès à ce qu’il peut penser et éprouver à cet instant.

Paradoxalement, c’est en vous plaçant dans sa peau que vous serez capable de distinguer plus facilement son émotion de la vôtre. En effet, cet exercice vous offre l’opportunité de vous “décentrer”, c’est-à-dire de détourner votre attention de vous-même, de ce que vous pensez et éprouvez, et de la tourner vers l’autre, vers ce qu’il pense et ce qu’il éprouve. Ainsi, en observant la situation du point de vue de votre interlocuteur, vous pourrez comparer les deux états, le vôtre et le sien et identifier l’origine de l’émotion présente dans la relation (enfin, ça c’est la plan; après il y a la pratique…)

Comprendre le point de vue de l’autre revient aussi expérimenter une situation avec son cadre de référence à lui. Un cadre de référence est une construction unique et très personnelle du monde qui nous entoure et de tous les éléments qui le constituent. Un cadre de référence se construit dès les premières années de vie et évolue au fur et à mesure des années en fonction des expériences vécues, des personnes rencontrées, des apprentissages effectués et des prises de conscience réalisées. Il peut aussi rester relativement figé, voire se rigidifier si la personne se ferme à tout stimulus pouvant potentiellement faire évoluer son cadre de référence.

L’exercice de prendre la perspective de l’autre et ainsi comprendre son point de vue n’est pas aussi facile que l’on pourrait croire. En effet, voici un schéma montrant le nombre de filtres existants entre notre propre cadre de référence et celui de l’autre.

cadre-de-reference

Comprendre le point de vue de l’autre : une histoire de filtres

Détaillons un peu ces quelques filtres :

  • Le filtre neurologique

Le monde tel qu’il nous apparaît par l’intermédiaire de nos sens est le résultat des constructions propres à notre cerveau et notre système nerveux. Cette organisation est déterminée génétiquement et est particulière à chaque espèce. La réalité telle qu’elle nous apparaît est donc déjà une création humaine. En effet, notre monde n’est pas celui de la fourmi, d’un oiseau ou d’un chien.

À ce niveau, nous pouvons encore supposer que le cadre de référence de l’autre (s’il est humain) est le même que le nôtre.

  • Le filtre VAKOG

Proche du filtre neurologique, le filtre VAKOG est celui de nos cinq sens. En effet, nous percevons le monde qui nous entoure au travers de ce que nous voyons, entendons, touchons, sentons et goûtons. Il n’y a qu’à observer un bébé en quête de découverte du monde qui l’entoure. Tous les objets de son quotidien sont scrutés sous toutes les coutures par l’intermédiaire de ses cinq sens.

Déjà à partir de filtre, il existe différents cadres de références entre deux êtres humains. Prenons l’exemple d’une personne malvoyante ou malentendante; par l’absence d’un de ses sens, elle aura un cadre de référence différent du vôtre si ce sens est présent chez vous.

  • Le filtre socio-culturel

Par leurs mythes, leurs rites, leurs valeurs, leurs croyances, leurs langages, les différents peuples humains sur la planète possèdent chacun une vision du monde qui leur appartient. Le cadre de référence socio-culturel dans le lequel nous évoluons influence considérablement notre propre cadre de référence.

Avec l’existence de ce filtre, nous voyons encore qu’une partie du cadre de référence de l’autre est déjà différent du nôtre en fonction de son environnement socio-culturel. Par exemple, la façon de dire bonjour varie considérablement selon que l’on se trouve au Japon, aux Etats-Unis, en France ou au Groënland.

  • Le filtre individuel

Petit frère du précédent, le filtre individuel ou personnel est généré par le milieu dans lequel nous avons vécu, l’éducation que nous avons reçue, l’influence exercée par nos parents et les personnes importantes; les multiples expériences vécues enfant puis adulte ont influencé considérablement la façon dont on perçoit le monde qui nous entoure.

C’est à partir de ce filtre que nous pouvons clairement voir qu’il y a autant de cadres de références qu’il y a d’êtres humains sur Terre. Même deux vrais jumeaux ayant un patrimoine génétique commun et ayant grandi dans un même environnement auront deux cadres de références différents de part les différentes expériences personnelles qu’ils auront vécues chacun de leur côté.

Le cerveau humain, malgré son formidable potentiel, ne peut stocker de façon consciente tous les stimuli auxquels il est soumis du matin dès que nous ouvrons les yeux, jusqu’au soir où nous les fermons. Ces stimuli sont toutes les informations que nos sens perçoivent à longueur de temps. Informations visuelles, auditives, kinesthésiques, olfactives et gustatives. Pour éviter la surchauffe, nous sélectionnons donc les informations qui sont utiles pour notre fonctionnement quotidien. Ce processus est inconscient, il n’y a donc aucun effort conscient pour réaliser cet exploit.

Ainsi, les stimuli sélectionnés par l’autre  dans son cadre de référence ne seront pas forcément les mêmes que ceux que vous aurez vous-même sélectionné dans le vôtre. Du coup comprendre le point de vue de l’autre revient à chercher les informations manquantes dans ce qu’il dit.

Le processus de généralisation est ce qui nous permet de reproduire une expérience vécue une fois, dans de multiples contextes où ladite expérience est nécessaire. L’exemple le plus simple est l’ouverture d’une porte. Dès que nous sommes en âge d’ouvrir une porte, le processus qui y est associé nous permet, après quelques répétitions, de renouveler l’expérience avec n’importe quelle porte. Nous avons généralisé le processus.

De fait, les généralisations du cadre de référence de l’autre sont différentes des vôtres. Par exemple si pour lui “Tous les chiens sont dangereux”, il n’en est pas de même pour vous si vous êtes éleveur de bergers allemand. Ainsi comprendre le point de vue de l’autre revient encore à comprendre les généralisations auxquelles il est soumis.

Le processus de distorsion, comme son nom le laisse supposer, déforme la perception que nous avons d’une information de façon à la faire correspondre à notre propre cadre de référence et plus précisément aux croyances qui le compose. Pour vous donner une image, c’est un peu comme ces miroirs déformants que nous voyons dans les fêtes foraines. L’image qui nous est renvoyée ne correspond pas tout à fait à notre réalité.

Là encore, l’information reçue par l’autre et soumise à ce filtre, aura une réalité différente pour chacun de vous. Ce filtre à lui seul illustre parfaitement la notion de cadre de référence différent entre deux personnes. Donc (et ce n’est pas la partie la plus facile), comprendre le point de vue de l’autre revient aussi à comprendre sincèrement et véritablement comment il fait pour faire prendre des vessies pour des lanternes 🙂

Pour finir cet extrait du super livre qui se prépare 😉 , voici une pensée de Bernard Werber qui illustre bien la différence de cadre de référence entre deux individus :

Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre


Si vous aussi voulez développer la qualité de vos relations en sachant comment vous mettre à la place de l’Autre, contactez-moi ici; nous pouvons travailler ensemble.


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