Cette semaine, je vous invite à faire un voyage au pays des métaphores. Celle que je m’apprête à partager ici est issue d’une séance de coaching où l’un des thèmes abordés était précisément la distinction entre estime de soi et confiance en soi. J’ai remarqué qu’une certaine confusion existe chez mes clients lorsque nous évoquons ce sujet en séance de coaching. Tâchons donc d’y voir un peu plus clair, non en partant dans des explications compliquées, mais plutôt en embarquant sur un bateau.

Il était un petit navire

Par un beau matin d’été, le Parva Aestimat largua les amarres de son port d’attache et s’engagea sur l’océan de la Vie. Ce bateau fut construit depuis des années par des bâtisseurs peu attentifs à la notion d’équilibre.

En effet, pour des raisons qu’eux seuls connaissent, ils avaient tout misé sur le mât principal du bateau , son apparence, sa taille, ses dorures et autres sculptures de luxe présentes sur toute sa longueur. De même, les autres éléments du pont étaient somptueux. De l’extérieur, nous pouvions dire « qu’il en jetait un maximum”. Les promeneurs qui venaient flâner parfois sur le port ne manquaient pas de l’admirer à grands coups de “Wow !”, “Ouah !” et s’arrêtaient souvent devant lui pour s’extasier de sa magnificence, prendre des photos et éprouver juste ce qu’il faut d’envie.

Le seul petit hic est que ces mêmes bâtisseurs, ayant mis toute leur énergie, argent et temps sur le mât principal, avaient conçu une coque dérisoirement petite et aussi mince qu’une feuille de papier à cigarette. On pouvait même se demander comment le Parva Aestimat pouvait flotter. Mais bon, ce n’étaient que des remarques de quelques individus suffisamment au fait de la navigation sur l’océan de la Vie. Après tout, tant que personne ne leur demande rien, ces professionnels se gardent bien de donner leur avis sur la question.

Ainsi, le Parva Aestimat prit le large par un beau matin d’été.

Dans le même port, il y avait un autre bateau, l’Alta Estima. Celui-ci ne payait pas de mine. Personne ne le remarquait vraiment car il ressemblait peu ou prou aux autres bateaux. Son mât principal était de taille moyenne, sans fioriture “bling bling” ni ornement luxueux. L’une des particularités de ce bateau (peu visible au premier coup d’oeil) était sa coque. Une coque à base large, stable, construite dans un matériau noble et résistant, épaisse de plusieurs couches solidement fixées les unes aux autres. Pour un oeil averti, cette coque représente de longues heures de travail, d’entretien et d’inspections régulières pour déceler d’éventuelles brèches à réparer au besoin. Bref, une coque pensée et construite pour affronter tous les caprices de l’océan de la Vie.

L’Alta Estima sortit du port quelques jours après le Parva Aestimat. Tous deux naviguèrent au large plusieurs jours durant.

Quand le temps se gâte

Une tempête approchait. Pas le petit orage de fin de journée, non; c’était LA tempête. Avec son lot de rafales de vent violent, de vagues aux creux de quinze mètres, de tourbillons au milieu d’un océan déchaîné et de trombes d’eau qui s’abattent en masse.

Nos deux bateaux étaient pris dans cette tempête.

Le Parva Aestimat commençait déjà à chanceler alors que la tempête n’était pas encore sur lui. Les quelques vagues plus importantes que d’habitude, annonçant les difficultés, venaient fragiliser son équilibre. Le grand mât souffrait déjà de ce balancement inconfortable.

Lorsque la tempête fut sur lui, le Parva Aestimat ne tarda pas à capituler. Le tangage sans précédent qui le malmenait depuis quelques heures vint à bout de son magnifique mât orné de dorures et de sculptures de luxe. Ce dernier se brisa à sa base, tomba dans l’eau et sombra au fond de l’océan.

À cet instant, le Parva Aestimat se retrouva sans aucune possibilité d’avancer. Cet événement marquant lui fit perdre le principal objet de sa navigation voire de son existence. Il subit donc la tempête de plein fouet et sa frêle coque menaçait de céder à tout moment et le précipiter à son tour dans les abysses. Mille fois, il crut son heure arrivée et milles fois il s’en sortit par miracle en étant un peu plus marqué et affaibli à chaque fois. Une fois la tempête passée, le bateau, ou du moins ce qu’il en restait, se laissa dériver au gré des courants, sans possibilité de reprendre le contrôle de sa navigation. Une longue période d’errances et d’incertitudes commençait alors pour lui.

L’Alta Estima, quant à lui, connu le même évènement climatique que son compagnon d’infortune.
Pour autant, grâce à sa coque solide et stable, il pût supporter avec courage la violence de la tempête, la fureur de l’océan et la puissance des vents. La tâche ne fut pas une partie de plaisir, loin s’en faut. Son mât, lui aussi, fut mis à mal. L’énorme contrainte qu’il subissait entama sa structure à différents niveaux et lui causa quelques dommages. Cependant, grâce à la résistance de la coque du bateau et sa capacité à absorber les chocs, les hauts et les bas, il ne se brisa pas. Ainsi, l’Alta Estima parvint à traverser la tempête en restant fidèle au cap qu’il s’était donné et put poursuivre sa route sereinement.

Retour sur la terre ferme

Vous vous demandez peut-être ce qu’il est advenu du Parva Aestimat ? La légende raconte qu’après de longues années de dérives et de réparations instables, il prit la décision de se poser une bonne fois au port et entamer une refonte complète de son architecture. Son attention ne se portait alors plus sur les ornements et les décorations opulentes de son mât, mais sur le développement de sa coque qu’il souhaita solide, stable et pouvant le conduire vers les plus belles contrées.

Mais ceci est une autre histoire.


Où en est votre estime de soi ?

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