Plusieurs situations vécues personnellement ou entendues chez mes clients ont convergé vers une prise de conscience d’une notion que je trouve fondamentale pour la création et le maintient d’une certaine qualité dans la communication, à savoir rendre explicite ce qui est de l’ordre de l’implicite. Que se cache-t-il derrière ces termes un peu pompeux? C’est ce que je vais partager avec vous cette semaine.

Le mentaliste

Il nous arrive parfois d’être surpris par le manque de compréhension d’une personne quand nous lui communiquons quelque chose. Qui n’a jamais dit “Mais noooon! Tu n’as pas compris” ?

En dehors du fait que mettre en cause son interlocuteur sur la mauvaise compréhension d’un message est le meilleur moyen de faire monter la mayonnaise de la discorde, l’attitude consistant à croire que tout ce que je dis ou fais doit être compris par tout un chacun est clairement périmée. Nous rejoignons ici l’un des filtres de la communication déjà vu dans ce blog, la lecture de pensée.

Aujourd’hui il s’agit plutôt de prendre conscience de tous les messages que nous souhaitons faire passer à nos interlocuteurs du quotidien sans vraiment vouloir être clair dans nos propos ou nos actions. La faille de l’imprécision est alors aussi béante que le grand canyon et laisse s’engouffrer avec frénésie tous les soldats de la dégradation de la qualité relationnelle (Jugement, Projection, Interprétation)

Exemples:

– “Tu n’as pas bouclé le dossier de Mr X?”
– “Ah! Ben non”
– “Pourtant je te l’avais mis en évidence sur ton bureau. Tu aurais du t’en douter, quand même” (notez le “quand même” qui plombe bien la relation 🙂 )

– “Tu lui as dis que tu n’étais pas d’accord sur ce projet?”
– “Oui, …enfin pas vraiment… mais je lui ai fait comprendre”
– “Ah! Et qu’as-tu fait?”
– “Je ne l’ai pas rappelé”

– « Est-ce que les objectifs ont été annoncés? »
– « Non, mais ils savent ce qu’ils ont à faire »
– « Et comment le savent-ils? »
– « Ben, s’ils ont un problème, ils me demandent »

Ce qui est de l’ordre de l’implicite dans une relation est tout ce qui relève du non-dit, du message caché, de l’information dissimulée et qui, malgré son manque de clarté, est quand même sensé transmettre un message. Il n’y a rien de plus risqué pour faire capoter une relation. La probabilité pour que votre interlocuteur comprenne le sous-entendu derrière votre attitude ou votre discours à son égard est aussi mince qu’un mannequin du dernier défilé de Karl Lagerfeld. Non qu’il soit idiot ou bouché, mais lorsque l’implicite est au cœur de la relation, elle stimule sans commune mesure l’un des filtres de la communication que nous avons vu il y a quelques semaines, la distorsion.

Une petite voix

Encore une fois, c’est du côté des croyances qu’il faut aller chercher. En effet, si nous déployons une énergie psychique considérable à faire passer un message en faisant des tas de contours (et de tours de con 😉 ), c’est que quelque part il existe une petite voix bien sûre d’elle qui susurre au creux de notre oreille des trucs du genre:
« Tu vas le contrarier »
– « Cela va créer un conflit »
– « Ce que tu veux dire n’est pas intéressant ou juste »
– « Fais attention, c’est risqué, tu marches sur des œufs »
– « Pour vivre heureux, vivons cachés »
etc.

Bref, la croyance qui tourne en tâche de fond derrière le sens implicite d’un message ou d’un comportement est d’une influence non négligeable. C’est donc du côté de la reconsidération de ces pensées qui nous semblent si vraies qu’il est intéressant de se pencher.

L’exception qui confirme la règle

Il existe pourtant un individu qui maîtrise parfaitement ce type de communication, c’est le pervers narcissique. Il est passé maître dans l’art de communiquer de façon implicite pour précisément être flou dans sa façon de s’exprimer et ainsi avoir une emprise sur sa victime. N’étant pas un spécialiste de ce type de comportement et si le sujet vous intéresse, je vous invite à visiter l’excellent site de Geneviève Schmit, http://pervers-narcissiques.fr/

Comment passer de l’implicite à l’explicite?

  • En faisant correspondre nos pensées, émotions et ressentis avec ce que nous exprimons.
  • En prenant conscience que ce que comprend l’Autre n’est qu’une partie de ce que nous avons voulu lui dire.
  • En évitant de prendre pour argent comptant ce que nous susurre notre petite voix intérieure et qui nous incite à « la jouer en sous-marin » .
  • En pratiquant les conversations courageuses chères au poète David Whyte.
  • En évaluant le contenu de notre message pour qu’il respecte les critères O.P.S, c’est à dire Opportun, Pertinent et Simple.

Si vous voulez vous aussi savoir comment passer d’une situation implicite à une situation explicite,  contactez-moi ici; nous pouvons travailler ensemble.


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