Le temps passe et je me rends compte que cela fait quelques semaines que je n’ai pas partagé d’articles avec vous, chers lecteurs. Non que je sois en manque d’inspiration, mais au contraire je suis actuellement sur ce que je peux désormais vous révéler comme un scoop. Depuis quelque temps déjà, plusieurs d’entre vous me challengent sur la rédaction d’un manuscrit plus abouti que les articles du blog. Après avoir trouvé toutes les excuses possibles et imaginables pour repousser l’échéance, j’ai enfin passé ce cap. Je suis donc en cours de rédaction d’un document dont je ne connais pas encore la forme finale (livre, ebook, autre ?). Toujours est-il que, pour garder le blog actif et maintenir le lien avec vous,  j’ai choisi aujourd’hui de partager un extrait de ce document; extrait traitant de l’écoute de l’autre.

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S’il n’y avait qu’un seul élément à retenir de ce modèle ABCDE et de ce document entier, ce serait celui-ci. L’écoute est l’alpha et l’oméga de l’empathie. Elle en compose la substantifique moelle. Elle en est l’essence même. Elle est le canal par lequel vous allez pouvoir ressentir ce que ressent votre interlocuteur.

Mais qu’est-ce qu’écouter ?

Commençons par voir ce qu’écouter n’est pas

  • Écouter n’est pas penser à son repas du soir en regardant l’autre dans les yeux avec un regard vide;
  • Écouter n’est pas juste tendre l’oreille et pianoter sur son téléphone portable en ponctuant parfois par des “mmh mmh” ou des “ah oui. J’imagine…”;
  • Écouter n’est pas mettre en lien chaque élément du discours de votre interlocuteur avec votre propre histoire et commencer à préparer votre répartie dans votre tête;
  • Écouter n’est pas interpréter chaque mot ou chaque phrase de votre interlocuteur avec votre propre cadre de référence.
  • Écouter n’est pas et surtout pas couper la parole.

Voyons maintenant ce qu’est écouter

  • Écouter c’est être attentif à l’autre dans la globalité de son être

C’est-à-dire être attentif à ce qui fait de lui un être unique. Votre interlocuteur peut à la fois être, client, patient, bénéficiaire, parent, enfant, conjoint, ami, collaborateur, frère ou soeur, dirigeant, salarié, indépendant, etc. De tous ces rôles qu’il endosse parfois à plusieurs reprises dans une seule journée, il y a aussi l’histoire, les préoccupations, les projets, les routines inhérentes à chacun de ses rôles. En fin de compte, ce que vous percevez de l’autre au moment où il vous parle n’est qu’une infime parcelle de ce qui fait de lui qui il est.

  • Écouter c’est porter son attention sur les mots qu’emploie l’autre pour vous raconter son histoire

Derrière les mots se cache souvent la façon dont votre interlocuteur construit son monde. Telle une carte qu’il dessine devant vous, écouter l’autre revient à lire la carte, sa carte, qu’il est en train de vous dévoiler. Personne d’autre que lui ne saura vous montrer où se trouvent ses points d’intérêts, ses obstacles à franchir, ses montagnes à gravir, ses déserts à franchir, ses zones d’ombres qu’il n’a pas encore explorées. Il est le maître de son lieu, le propriétaire de ses interactions avec son environnement. Au moment où l’autre vous parle, il vous fait visiter son jardin secret. Et le meilleur moyen de respecter cette visite est de lui donner votre écoute pleine et entière.

  • Écouter, c’est aussi porter son attention sur les silences qu’il y a entre les mots

Parfois, le silence en dit plus qu’un long discours. Il indique qu’une porte s’ouvre sur quelque chose d’important pour l’autre. Par le même effet, il donne une dimension plus profonde aux mots qui lui font suite. Dans le même registre, il est essentiel de respecter les silences de l’autre. S’ils sont là, c’est qu’il en a besoin à cet instant. Combler son silence revient à lui couper la parole. Non seulement cela interrompt le fil sa réflexion, mais peut en outre générer un sentiment de frustration. Lors des séances d’accompagnement avec mes clients, j’ai pu remarquer que les prises de conscience, les moments forts, les avancées significatives se réalisaient pendant ces silences.

  • Écouter c’est repérer les variations du ton de sa voix, de son rythme, de son flux en fonction des situations qu’il vous décrit

Tous ces éléments sont des révélateurs de l’état interne de votre interlocuteur à l’instant où il vous parle. Sans interpréter sauvagement ce qu’il vit, être à l’écoute de ces variations vous permettra d’entrer en résonance avec lui. En vous connectant à ses différences de rythmes, volumes et tonalités, vous vous connectez à son état émotionnel. C’est un excellent moyen pour favoriser la connexion empathique. Tels deux métronomes qui finissent par se synchroniser et battre la mesure à l’unisson, vous serez tous les deux sur une même longueur d’onde émotionnelle.

  • Écouter c’est pouvoir faire le vide en soi afin d’éviter de s’auto-parasiter

Plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens. Il n’est pas toujours aisé d’être disponible si des préoccupations de tout ordre vous encombrent l’esprit. Je vous livre ici une petite astuce qui m’aide parfois quand il m’arrive d’être parasité par mes propres pensées ou préoccupations et que je suis sur le point d’écouter une personne : la curiosité. Je fais appel à cette tendance que nous avons chacun de nous pour découvrir quelque chose de nouveau. Lorsque vous arrivez dans un nouveau lieu, que ce soit un pays, une ville, une maison, un théâtre, un magasin, un restaurant, il y a cette curiosité qui s’éveille en vous pour prendre connaissance de ce nouvel environnement. C’est cette même curiosité que j’utilise pour partir à la découverte de l’autre. Cet état me permet de me décentrer de mon flot de pensées parasites qui ne feraient que m’encombrer et polluer ma connexion empathique. Partir à la découverte de l’autre est un excellent début pour entrer en empathie avec lui.

  • Écouter c’est lâcher-prise

Lâcher-prise sur notre propension à porter un jugement sur notre interlocuteur, sur la pertinence de son propos, à faire une évaluation de son cadre de référence en fonction du nôtre, à comparer son vécu avec le nôtre. Le psychiatre Christophe André nous parle du lâcher-prise lié à l’écoute dans son dernier livre “Trois amis en quête de sagesse ” coécrit avec Matthieu Ricard et Alexandre Jollien. […] Le lâcher-prise, ce sont mes patients qui me l’ont appris. Les grands timides et les grands anxieux ont tellement peur de ne pas être à la hauteur de leurs interlocuteurs qu’ils écoutent mal parce qu’ils préparent ce qu’ils vont pouvoir répondre. Dans la véritable écoute, on ne doit pas préparer sa réponse, mais seulement écouter, en lâchant prise. On a parfois le sentiment que c’est une position un peu “casse-gueule”, mais notre réponse sera d’autant plus profonde et adaptée qu’on aura totalement abandonné l’idée de la préparer. Ce lâcher-prise et aussi la condition d’une écoute sincère et véritable où l’on est prêt à se laisser toucher, émouvoir, sans jugement, sans contrôle, sans désir de maîtriser, sans aucune intention finalement.[…]

  • Enfin, écouter c’est avant tout une posture

Celle d’un livre vierge permettant à l’autre d’y poser et déposer son histoire.  Telle une page blanche, la posture d’écoute invite l’autre à y exposer ses ressentis, son questionnement, ses préoccupations, ses émotions, ses représentations du monde qui l’entoure. Il aura ainsi le loisir de porter un regard distancié et structuré sur ce qui tournait en lui de manière floue et parfois désorganisée. De la même manière, la posture d’écoute agit comme un miroir dans lequel se reflète l’intérieur de la personne. De ce point de vue, votre interlocuteur y verra ce que vous lui renvoyez. Parfois, entendre ses propres mots dans la bouche d’un autre leur attribue une toute autre signification. Ainsi, d’une pensée parfois floue qu’il aura partagé avec vous, il en aura une représentation plus claire une fois passé par le canal que vous représentez à ses yeux.

[…]

Voilà, j’espère que vous aurez apprécié ce petit extrait de ce qui m’anime en ce moment. Gageons que d’autres extraits s’inviteront dans les pages de ce blog. Car il est indéniable que c’est aussi grâce à vous, à tous les témoignages et encouragements que je reçois régulièrement que le challenge a été relevé.

Je me réjouis donc de partager ça avec vous.

Je vous le dois bien 😉

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