Connaissez-vous ce grand classique de chez Disney, « Le livre de la jungle »? Un des passages en chanson de ce dessin animé culte avait pour refrain: « Il en faut… peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux« . Aujourd’hui j’aimerais partager avec vous un témoignage d’une situation classique de relations humaines au sein d’une entreprise, que je pourrais intituler (en m’inspirant de ce bon vieux Baloo) « Il en faut peu pour rétablir un dialogue entre un dirigeant et sa responsable RH« . Bon, ça ne rime pas et c’est moins sexy que le titre de Disney, j’en conviens, mais l’idée est là.

La boucle est bouclée

Appelons nos deux acteurs Nicolas et Pimprenelle (Tiens? Ca me rappelle quelque chose…). Cette dernière est arrivée dans l’agence de Nicolas, son N+1, il y a bientôt un an, à un poste de responsable en ressources humaines. Au début, la relation entre les deux collaborateurs était satisfaisante pour les deux parties et le fonctionnement de travail fluide.

Après quelques mois, Pimprenelle commençait à trouver des difficultés à communiquer avec Nicolas, mais sans trop savoir pourquoi. C’était un sentiment de frustration mélangé à un ressenti de tension abdominale. Elle lui avait pourtant demandé plusieurs fois de communiquer sur des dossiers ou sur des informations utiles pour le bon déroulement des procédures, mais rien n’y faisait, et peu à peu Nicolas et Pimprenelle entraient dans une boucle interactionnelle négative conduisant à de l’inconfort chez l’un et un début de souffrance chez l’autre. Cette boucle pourrait se résumer ainsi:

Plus Pimprenelle demandait à communiquer, plus Nicolas se refermait sur lui et évitait les échanges. Et plus Nicolas se refermait sur lui, plus Pimprenelle se sentait frustrée de ne pas pouvoir communiquer (« il ne me fait pas confiance, il n’en fait qu’à sa tête, il n’a pas besoin de moi » ) et donc redoublait d’effort pour… communiquer. Cas classique de « faire toujours plus de la même chose« .

Mais c’était sans compter sur les ressources de Pimprenelle qui, ne pouvant plus supporter cette ambiance délétère, demanda une entrevue officielle avec son N+1 afin de clarifier la situation. Après quelques relances, elle l’obtint. Et là, nous sommes face à une illustration parfaite de la différence qui existe entre le niveau du contenu et le niveau de la relation lors des échanges entre les humains, et comment le dernier prend largement l’ascendant sur le premier. Lors de cet entretien et sans le savoir, nos deux collaborateurs commençaient à communiquer à un autre niveau, celui de leur propre communication. Dans le jargon barbare des coachs (Conan n’étant pas coach pour autant, qu’on se le dise 😉 ), nous employons le terme de méta-communiquer.

L’un et l’autre purent enfin exprimer leurs ressentis vis à vis de ce qu’ils vivaient. En voici la teneur.

L’habit ne fait pas le moine

Pimprenelle a toujours gardé une certaine distance avec ses précédents n+1. Pour elle, cette posture, ce mode relationnel, lui permettait d’éviter de « mélanger les torchons et les serviettes« .

De son côté, Nicolas, arrivé au poste de dirigeant par un cursus atypique (il a débuté sa carrière en tant que livreur sur le terrain), ne se sentait pas « à l’aise » dans le costume de patron que Pimprenelle lui donnait précisément par cette « distance »établie entre eux. Lui se sentait plus sur le mode relationnel « égal à égal »avec ses collaborateurs. Son parcours lui ayant justement forgé la croyance « je ne mets pas de distance avec mes collaborateurs » De fait, à chaque fois qu’elle communiquait avec lui sur le mode « Je suis face à mon N+1 » le niveau de la relation était caduque. De là, la majeure partie du contenu des messages délivrés par Pimprenelle passait à la trappe.

Ainsi, nous pouvons déduire le schéma interactionnel suivant:

Cette mise en lumière de leur fonctionnement et surtout les informations que l’un et l’autre ont partagées concernant leur façon d’être en relation leur ont permis de prendre de nouveaux engagements de collaboration. Depuis, l’entente entre eux s’est nettement assouplie et le niveau du contenu de la relation, à savoir les informations classiques liées à leur activité, est devenu aussi fluide que les entrechats d’une danseuse étoile (j’adore les comparaisons improbables 🙂 ).

Dans cette histoire, nous avons clairement vu que, sans la prise de décision de Pimprenelle pour initier un changement de niveau dans la relation, le risque était grand pour tous les acteurs en jeu voire pour le fonctionnement de l’agence elle-même.

Et pourtant, en y regardant d’un peu plus près, la seule action qui a permis de débloquer le système est une simple conversation où chacun a partagé son ressenti avec l’autre.

De là à dire qu’il en faut peu pour être heureux… il n’y a qu’un pas.


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