Les exemples cités dans mon précédent billet concernant mon vécu infirmier dans les services de soins ou à domicile m’ont donné envie de rédiger un billet sur les relations entre le personnel paramédical et plus précisément mes collègues infirmier(e)s et leurs patients. Je me souviens du terme que nous employions pour décrire ce lien, c’est la sacro-sainte « relation soignant/soigné ».

En terme de rapports humains et relations humaines, nous sommes en plein dedans.

Souviens-toi l’été dernier

L’été dernier, je réalisais une petite enquête sur la reconversion professionnelle des infirmières (oui, je sais… mais la plage c’est pas mon truc 😉 ) dans le cadre d’un autre projet.
Dans le dépouillement de cette analyse, il ressort, entre autres, que le contact humain est le principal avantage recherché dans cette profession. Il y en a bien sûr d’autres, mais celui-ci est sorti en tête. J’avais demandé aussi quels étaient les principaux inconvénients à ce métier. L’élément sortant en priorité est la pénibilité physique et psychologique.

Je voyais alors se dessiner un paradoxe intéressant qui m’interpellait.

La pénibilité physique est essentiellement liée à la manutention des patients et aux kilomètres parcourus pour leur procurer les soins (que ce soit en service ou à domicile) sans parler des positions impossibles que nous prenons parfois pour garantir le confort et la sécurité des patients pendant ces mêmes soins. Cette pénibilité se retrouve aussi dans les horaires de nuits qui sont déstabilisantes pour l’organisme, ce qui n’est plus à démontrer.

Quant à la pénibilité psychologique, elle se retrouve dans bien des domaines liés à l’approche du patient ou de sa famille, avec tout ce que cela sous-entend : maladie voire deuil, conflit voire agressivité voire violence, transfert et positionnements psychologiques (c’est l’objet de ce billet), responsabilités, etc…

C’est ici que le paradoxe s’installe : l’épanouissement professionnel souhaité et recherché dans la profession d’infirmière se situe dans le champ du contact humain et de la relation à l’autre et en même temps ce serait ce même champ d’activité qui participe (en partie) à notre épuisement… Oups !

La sacro-sainte relation soignant/soigné

La relation qui s’établit entre un soignant et un patient est riche à plus d’un titre, mais comme dans toute relation, elle peut autant contribuer à un épanouissement professionnel et/ou personnel qu’être une source de stress et de mal-être… aussi bien pour l’un comme pour l’autre. Il est à noter que l’un des signes du burn-out du soignant est (parmi de trop nombreux autres !!) la déshumanisation de la relation à l’autre*. Ce n’est certes pas exclusivement lié aux potentielles difficultés avec le patient, mais c’est un signe caractérisant la souffrance de la relation soignant/soigné.

La nature du métier d’infirmière est parfois caractérisée par des professionnels au comportement dit « sauveur ». Certains patients peuvent s’inscrire aussi dans un comportement dit « victime ».

Nous voila en présence de deux des trois rôles relationnels que l’on retrouve dans le triangle de Karpman, le troisième étant le rôle dit du « persécuteur ». (À ce sujet, je ne saurais trop vous conseiller le billet d’une consoeur coache, Sylvaine Pascual : ici). Je profite aussi de l’occasion pour la remercier de son éclairage sur présent sujet.

Précisons ici qu’il s’agit de rôles relationnels et non situationnels, bien que la confusion reste possible compte tenu des postures « de facto » des 2 acteurs de la situation.
Dans le cas de la relation soignant / soigné le contexte du triangle pourrait être le soin en lui-même. De là, plusieurs cas de figure peuvent se présenter. Ils peuvent se décliner en une multitude de variantes. Aussi, je choisirai les 4 plus caricaturaux.

Je vous en décrirai 2 la semaine prochaine et 2 la semaine suivante, car ça risque d’être un peu long et j’ai appris que les lectures du web doivent être relativement courtes pour éviter de saturer le lecteur 😉

* cf  « Le burn-out du soignant » par Michel Delbrouck aux éditions de boeck

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