Une expérience à partager aujourd’hui. Celle que j’ai réalisée il y a quelques années dans un centre qui proposait de faire de la randonnée pendant 1 semaine … sans manger. Pour cadrer un peu les choses, mes propos ne sont ni pro ni anti pratique du jeûne alimentaire; je partage simplement ici mon vécu et les éléments qui me sont apparus comme positifs ET négatifs lors d’une telle expérience et en quoi cela peut faire un lien avec le thème de ce blog. J’ai d’ailleurs choisi la catégorie “rapport à soi” pour ce billet.

Jeûne alimentaire : jour 1

Une dizaine de participants, venus ici avec des objectifs très différents. Certains dans une démarche de bien-être et de détoxification, d’autres pour accompagner leur moitié faisant partie de la première catégorie, et d’autres comme moi par curiosité et recherche d’expérience. Certains étaient des habitués du jeûne alimentaire, d’autres en étaient à leur premier essai.

Ma motivation principale à cette époque était la curiosité de voir comment mon corps allait réagir face à la privation d’un besoin vital , en l’occurrence le besoin de se nourrir. Ayant eu par le passé un cursus sportif, j’avais quelques notions de nutrition, et j’étais assez attentif à comment bien me nourrir pour être en meilleure forme. Par exemple, pendant cette période je n’envisageais pas de sauter un repas; j’étais même limite irritable quand j’avais faim et que certaines circonstances décalaient mon heure de repas.

Le premier soir, nous avons tous bu un liquide infâme ayant pour but de nous purger. Je ne vous fais pas un dessin, mais l’explication pas très glamour est que le fait de faire le vide (digestivement parlant 😉 ) permet aux intestins d’être libre de toute “matière” pouvant stagner et entraîner des désagréments de toute sorte. Ce soir là, mon meilleur ami était un certain « Lotus triple épaisseur »

Jeûne alimentaire : jour 2

Notre premier jour de jeûne alimentaire et de randonnée. Bizarrement, je ne me sentais pas en manque d’énergie. Je ne ressentais pas la faim, ni ne présentais des signes de faiblesse. Il faut dire qu’une des consignes absolues pour ce stage était de s’hydrater plus que de coutume, environ 3 à 4 litres par jour pour compenser la perte en eau contenue habituellement dans les aliments. Peut-être que j’étais « rassasié » par toute cette eau ?

Le soir venu, nous avons « dîné » tous ensemble autour d’un bouillon de jus de légumes. Juste l’eau dans laquelle avaient cuit les légumes, sans sel, sans rien. On va dire que c’était de l’eau avec du goût. Nous avons eu ensuite, et comme chaque soir de la semaine, un petit atelier d’information sur l’alimentation bio et la détoxification. Certains principes étaient intéressants, mais le discours général était un peu trop poussé à mon goût. Avec tous les principes, consignes, recommandations et interdits annoncés, je ne voyais plus où se situait le plaisir de manger. Bref, j’ai écouté poliment toutes ces recommandations … tout en pensant à la Master Pizza que j’allais engloutir en revenant de ce jeûne alimentaire.

Jeûne alimentaire : jour 3

Le matin du 3ème jour, au levé du lit, j’eus la sensation que mes jambes jouaient des castagnettes. Grosse baisse d’énergie. J’ai dû m’y reprendre à deux fois avant de me lever. Comme la seule chose que je pouvais ingurgiter était de l’eau, j’ai donc bu un bon 1/4 de litre pour remplir un peu mon estomac. Mais l’énergie ne fut pas revenue pour autant. Le départ en rando me paraissait mal engagé.

C’est à ce stade que je me suis rendu compte que mon corps entrait dans une nouvelle phase. La phase d’économie d’énergie. Je constatais que tous mes gestes, mes déplacements, mon fonctionnement global étaient ralentis. Exemple, je marchais pour me rendre au point de rendez-vous du matin à une vitesse d’escargot et j’étais au max de ce que je pouvais faire pour mettre un pied devant l’autre. J’avais réellement cette sensation que mon environnement et moi-même étions en mode « slow motion ».

Je décidais quand même de partir avec le groupe, et aussi étrange que cela puisse paraître, le fait de m’activer a gommé mon état de faiblesse du matin. Je fonctionnais à un niveau plus modeste en terme d’énergie, mais je fonctionnais quand même. Belle prise de conscience et changement de croyance sur les conséquences de sauter un repas ou du « il est midi, il FAUT manger« 

Jeûne alimentaire : jour 4 et 5

La routine s’installait. Le matin, levé à l’aube, hydratation, rando, hydratation. Après-midi repos, piscine, sauna, hammam  et hydratation. Le soir, jus de légumes (que j’ai d’ailleurs arrêté au 4ème jour tellement c’était fade; je préférais rester à l’eau), atelier sur les bienfaits du bio, du jeûne alimentaire et compagnie.

A ce stade de l’expérience, une constatation intéressante en lien avec le rapport à soi, est ma prise de conscience de la dynamique de la pulsion. Car sans avoir la sensation physique de faim, j’avais épisodiquement la pulsion mentale de manger qui venait me titiller. Et dans ce contexte, je pouvais observer qu’au bout de quelques minutes, cette pulsion perdait de son énergie et finissait par disparaître d’elle-même. Et si ça marche avec une pulsion aussi primaire que celle de se nourrir, cela devait aussi fonctionner avec toutes sortes de pulsions et pourquoi pas avec les émotions. La notion d’accueil et d’acceptation des émotions prenait alors tout son sens … du moins pour moi.

Jeûne alimentaire : jour 6

Dernier jour de jeûne alimentaire. J’étais quand même pas mécontent d’en finir. Pas tant pour recommencer à manger, car mon corps et mon esprit s’étaient adaptés à cet état de manque, mais précisément car j’avais fait le tour de la question, je voulais maintenant passer à autre chose.

Une dernière anecdote à partager avec vous, celle de la reprise alimentaire.

L’organisatrice du stage nous avait préparé un petit repas léger et composé essentiellement de produits frais et bien entendu… bio.
Je me préparais donc à manger une patate douce nature, sans sel, sans rien, après plusieurs jours de jeûne. Croyez-le ou pas, à l’instant où j’ai mis le premier morceau de patate dans ma bouche, j’ai eu un frisson qui m’a parcouru tout le corps et une sensation corporelle proche de l’orgasme. Un truc très puissant. Je crois que je me souviendrai de ce morceau de patate toute ma vie.

Conclusion

Les points positifs

  • Une expérience intéressante du point de vue du fonctionnement du corps en état de jeûne alimentaire
  • La découverte de ressources insoupçonnées, tant sur le plan physique que mental
  • Une prise de conscience sur la dynamique des pulsions
  • Un stage bien encadré par l’organisatrice

Les points de vigilance

  • Le bio poussé à son paroxysme ne me convient pas. Je n’y ai pas trouvé de notion de plaisir.
  • Il faut quand même être en bonne santé avant de réaliser ce type d’expérience. J’ai fait un check-up chez mon médecin avant de partir.
  • Bien se renseigner sur les organismes qui proposent le jeûne alimentaire. Des dérives sectaires utilisent ce procédé pour « recruter ». Il y a une fédération officielle de Jeûne et randonnée: http://www.ffjr.com

Conclusion de la conclusion

Ma pizza hebdomadaire est la meilleure du monde 🙂