J’ai décidé de t’écrire cette lettre, car ton témoignage m’a profondément touché l’autre soir, lors de notre réunion. La pudeur et la justesse de tes mots m’ont à ce point interpellé qu’ils ont résonné en moi plusieurs jours durant. En effet, au travers de ce partage émouvant dont tu nous as fait honneur, j’ai cru apercevoir combien il était compliqué pour toi d’oser te lancer dans ce que tu nommes ton “Avenpeur”, contraction de l’Aventure à laquelle tu aspires et de la Peur que tu ressens à t’y engager. C’est donc avec l’aide de ces quelques lignes que je souhaitais entrer en résonance avec toi.

Il va de soi que les hypothèses que je te proposerai ici ne constituent pas une vérité absolue ou une injonction quelconque à te dicter ce que tu devrais ou pourrais faire ou ne pas faire pour oser se lancer. Il ne s’agit tout au plus que de quelques pistes que j’ai expérimentées ces dernières années, pour mon compte (car j’étais un peu dans ton cas, je te l’avoue) et aussi pour mes clients qui, à un moment ou un autre, se sont confrontés à cette même difficulté de “ne pas oser se lancer”.

L’important n’est pas ce que l’on a fait de moi, mais ce que je fais aujourd’hui avec ce que l’on a fait de moi (Jean-Paul Sartre)

La première chose à laquelle tu faisais allusion était la peur de paraître ridicule si jamais tu te trompais dans tes actions, tes choix, tes décisions, etc. si jamais tu passais ce cap.

Cette peur d’oser se lancer est non seulement compréhensible et, j’ai presque envie de dire, logique compte tenu du système éducatif dans lequel toi comme moi avons grandi. Te souviens-tu des remarques au mieux désobligeantes mais parfois aussi humiliantes, des instituteurs et professeurs lorsque nous passions au tableau et commettions une erreur dans notre exercice ou exposé ? Te souviens-tu des moqueries de nos “petits camarades” assis confortablement sur leur chaise ? Ou encore, des appréciations des ces mêmes professeurs sur nos bulletins scolaires (“peut mieux faire”, “bien MAIS…”, “manque de…”, “trop ceci…”, “pas assez cela…”, etc). Bref, le top niveau pour fragiliser une estime de soi en pleine construction de par notre condition d’enfant ou d’adolescent.

Ainsi, quoi de plus “naturel” aujourd’hui que de ressentir cette appréhension lorsque tu dois t’exprimer, oser te lancer dans quelque chose de nouveau, donner ton point de vue sur un sujet, prendre une décision,  etc.

Bien entendu, tous les profs ne sont pas à mettre dans le même panier et d’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte. En voici quelques-uns que je te partage comme ça à chaud, mais il doit en exister des tas d’autres. Aussi, si tu en as quelques-uns en réserve, tu peux les partager à ton tour en réponse à cette lettre, dans les commentaires tout en bas de la page.

  • La façon dont tes parents t’ont permis ou autorisé à explorer le monde qui t’entourait quand tu étais enfant. Etaient-ils des partisans du “Le monde est un immense terrain de jeu. Amuse-toi et nourris-toi de tes expériences” ou plutôt du genre “Fais attention. Le monde est rempli de dangers. Tu risques de te mettre en difficulté” ?
  • La façon dont ils te renvoyaient tes “prises de risques” quand tu osais te lancer dans quelque chose de nouveau. De la même manière que précédemment, entendais-tu plus souvent des messages du genre “Descend de là, tu vas te faire mal” que ceux du genre “Vas-y, lance-toi. Je suis là pour assurer ta réception” ?
  • Tes propres expériences où, suivant les aléas des succès et de ta représentation des échecs, tu as pu te créer des doutes qui peu à peu se sont transformés en certitudes sur toi (et le fait d’oser se lancer), les autres ou le monde (les fameuses croyances limitantes)

En voici quelques-unes :

    • Si je m’exprime sur ce sujet, je vais être ridicule
    • Je ne suis pas assez intéressant(e) pour donner mon avis
    • Je vais déranger si je demande cela
    • Si j’échoue, je vais perdre le peu de confiance que j’ai en moi
    • Si je réussis, ce sera un accident, et je risque après de passer pour un imposteur
    • C’est trop compliqué pour moi. Je n’y arriverai jamais
    • Trop de personnes font les mêmes choses que moi. Je n’ai aucune chance

Peut-être te sens-tu concerné par l’une ou l’autre de ces propositions ? Ou à contrario, tu es peut-être en train de te demander pourquoi je les qualifie de « croyances limitantes », tant ces pensées semblent coller à TA réalité ?

Comme je te le disais plus haut, toutes ces pensées dont tu te sens si proche, ne sont en fait que les résultats d’interprétations déformées de ce que tu as perçues / vécues / entendues  à un moment donné de ta vie. Suivant l’intensité de l’émotion que tu as ressentie à ce moment et/ou la récurrence de cette situation, la simple constatation a laissé la place au doute qui lui-même s’est mué en certitude. Le temps passant, tu as fini par en oublier l’origine et ces convictions se sont figées en toi comme le sourire d’une Miss France au salon de l’agriculture.

Oser se lancer : and the winner is…

La deuxième chose que tu évoquais était de l’ordre de la comparaison avec toutes les autres personnes qui réalisent à peu près la même chose que toi… et que tu considères comme meilleures que toi.

Cette particularité est très présente chez les personnes qui n’osent pas se lancer.

En fait, même si globalement se comparer est une stratégie plutôt inefficace en matière de développement de l’estime de soi, je ne pense pas qu’elle soit à la source de la question. En effet, vu de ma fenêtre, ce n’est pas la comparaison en tant que telle qui pose problème, mais plutôt le fait de te mettre quasi systématiquement du côté “moins que” dans la balance. C’est un peu comme si tu avais une représentation de toi au milieu des autres en mode “je ne suis pas OK” et des autres en mode “eux sont OK”.

Du coup, c’est plus du côté de la valeur que tu te donnes qu’il serait intéressant de te pencher. Car l’autre peut effectivement être le meilleur dans le domaine où tu n’oses pas te lancer et en même temps, j’ai envie de te dire… on s’en balance !!!

En poussant le raisonnement à l’extrême, toutes les compétitions dans tous les domaines n’auraient qu’un seul participant par catégorie : le favori; les autres n’ayant pas oser se lancer par peur d’être derrière lui. Usain Bolt se serait senti bien seul durant toutes ses années au firmament de l’athlétisme.

L’important c’est toi, ce que tu veux réaliser dans ta vie et comment tu vas t’y prendre pour y parvenir

Alors OK, peut-être que cela te demandera de sortir de ta zone de confort (au moins début), mais tu n’es pas non plus obligé de te faire mal pour avancer.

Bon, je m’en vais terminer cette “petite” lettre qui, je l’espère, pourra faire écho en toi lors de notre prochaine réunion.

Pour vraiment finir, je partage avec toi cette petite vidéo que j’ai adorée et que je regarde à l’occasion quand il m’arrive parfois aussi de ne pas oser me lancer.

J’espère qu’elle aura du sens pour toi.

 

Amitiés

Christophe

Si vous-même avez des difficultés pour oser vous lancer dans vos projets, contactez-moi ici. Nous pouvons travailler ensemble.


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