Surtout en ce moment : quatre petits mots qui viennent désormais ponctuer la plupart de nos dialogues, depuis un certain Vendredi 13 Novembre. Quatre petits mots placés en fin de phrase pour nous rappeler que la vie continue, que les moments de résilience sont présents, que les petits bonheurs du quotidien existent toujours… malgré le choc des événements passés.  Quatre petits mots signifiant que notre “conscience du bien” émerge encore dans ce qui est montré comme un océan “d’inconscience du mal”; Je reprends la plume aujourd’hui, hésitant, ému, encore un peu sidéré, pour poser des mots là où beaucoup d’émotions se sont exprimées.

Surtout en ce moment … la compil.

  • “Ça fait du bien d’entendre ça… surtout en ce moment”
  • “On a besoin de voir (d’entendre) ce genre de chose… surtout en ce moment”
  • “C’est rassurant de constater cela… surtout en ce moment”
  • “C’était un véritable moment de bonheur… surtout en ce moment”

Après les événements du 13 novembre dernier, force est de constater que la stupeur et le sentiment de sidération a envahi le pays. Réaction on ne peut plus normal après un tel choc.

Pourquoi un tel impact ?

Cette fois-ci, ce n’est ni une communauté, ni un journal satirique qui était visés; même si les actes de janvier furent abominables, nous pouvions encore être dans la “juste” empathie. Celle qui consiste à ressentir les émotions d’autrui tout en faisant une différence avec nos propres émotions et en ayant la capacité de réguler ces dernières. La simple particularité de ces deux cibles y était peut-être pour quelque chose. Par exemple, je ne serais pas surpris si, après ces premiers attentats, la communauté juive ou l’ensemble des journalistes et dessinateurs satiriques se soient sentis “un peu plus” touchés que le reste de la population. Le sentiment d’appartenance étant un catalyseur très puissant en terme de ressenti.

En ce vendredi 13 Novembre, la cible était chacun de nous, où que nous soyons, quoi que nous fassions. La communauté visée fut le peuple (toute religion confondue, je le rappelle) et l’idée à détruire, notre mode de vie. Potentiellement, nous aurions chacun de nous pu nous retrouver à la place des 130 morts et 351 blessés de cette tragédie.

Qu’est ce que le sentiment de sidération ?

Les réactions face au stress sont de trois ordres. Ce n’est pas nouveau; nous les avons héritées de nos ancêtres poilus, chevelus, portant des peaux de bêtes et des colliers en os.

  • La Fuite
  • Le Combat
  • La Sidération

En anglais, il y a un moyen simple de les retenir, ce sont les 3 F : Flight, Fight or Freeze.

Ces trois modes de réponse face à un danger ont une composante chronologique; c’est à dire qu’elles se succèdent en fonction de la possibilité de leur réalisation. Nous retrouvons ces mêmes types de réactions chez les animaux.

  • Par exemple, face à une situation qui représente un danger pour ma survie, la première réaction instinctive est la fuite.
  • Si dans la même situation il m’est impossible de fuir, je passe alors en mode “combat”
  • Si le prédateur qui se présente devant moi est visiblement plus fort (ou mieux armé) et que mon instinct me dit qu’en adpotant le mode combat je vais y laisser ma peau, alors c’est la sidération qui intervient. En gros, je fais le mort.

Mais alors, comment expliquer que ce sentiment de sidération ait touché une grande partie de la population, même si elle n’était pas présente sur les lieux du drame ?

Mon hypothèse est que face au danger que représente le terrorisme, si nous devions fuir, cela signifierait fuir notre pays, abandonner notre mode de vie, nous séparer de nos proches. C’est d’ailleurs ce que fait la grande majorité des migrants sur laquelle l’opprobre est jeté. Toute proportion gardée, ce que nous avons vécu ici le 13 Novembre dernier est leur quotidien là-bas. Nous n’en sommes pas là, et heureusement. Du coup, la fuite, pour nous, n’est pas vraiment envisageable.

 Combattre le terrorisme. C’est ce que tentent de faire nos gouvernements avec plus ou moins de réussites. Pour autant, quoi qu’ils fassent, vous et moi ne sommes pas armés pour combattre des personnes entraînées à tuer. Nous vivons en paix sur notre territoire depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Trois générations ont vu le jour en période de paix. Nous ne savons donc plus ce qu’est un combat de survie (physique, j’entends). Et même si certains pratiquent des sports de défenses, face à des fous furieux dotés d’armes automatiques et d’explosifs, le combat n’est pas vraiment envisageable non plus.

 Reste donc la sidération. C’est d’ailleurs ce qu’ont vécus avec horreur, certains survivants présents sur les lieux de la tragédie. “Faire le mort” était la seule option qui leur restait pour survivre. Option non garantie d’ailleurs; Un prédateur pouvant en effet vérifier que sa proie est bien morte.

Et pour tous le autres, vous, moi qui, d’une manière ou d’une autre avons été informés des événements, sachant que nous n’allons pas fuir ni combattre, il nous restait donc ce sentiment diffus d’être là tout en étant ailleurs; de vouloir faire quelque chose sans vraiment le faire; de vouloir comprendre sans vraiment y parvenir; d’être en colère tout en étant profondément triste. Bref, de connaître à minima ce sentiment de sidération.

Pour finir sur une note d’espoir… surtout en ce moment 🙂

 Après ce constat, l’idée est de savoir comment rebondir, comment sortir de cet état de stupeur pour, de nouveau, allez vers la vie, le mouvement, la résilience.

 Comme je l’avais abordé dans l’article sur le rythme de vie, je crois que le temps de résilience sera propre à chaque personne. Il n’y a pas de règle en la matière. Pour autant, en ce qui me concerne, voici ce qui va me permettre de retrouver de la lumière là où l’obscurité s’était immiscée :

 Amener plus de conscience sur les actions qui me font sens

  • Accompagner
  • Écrire
  • Lire
  • Partager
  • Rire
  • Apprendre
  • Aimer

Et vous quel est le sens que vous donner à tout ça ?… surtout en ce moment.


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