En début d’année, j’avais commencé à traiter un dossier sur les biais cognitifs, ces mécanismes de pensées à l’origine de nos erreurs de jugement et prise de décision. Si la plupart du temps ces bugs du cerveau n’ont pas ou peu de conséquences graves, ils peuvent quand même ressembler à ces petits cailloux dans vos chaussures vous empêchant d’avancer confortablement sur votre chemin de vie. Voici donc dans ce billet et les suivants, onze distorsions cognitives et comment s’en prémunir… tant que possible.

Pour chacune des ces distorsions générées par notre bien-aimé cerveau, je vous en donnerai une rapide description, des exemples issus d’entretiens avec mes clients ou patients, les conséquences possibles de s’y faire piéger et une piste pour tenter de « débugger » le système.

Distorsion cognitive #1 – L’inférence arbitraire

Voici un mot bien savant pour désigner le fait de tirer une conclusion hâtive (généralement négative) à partir de peu d’éléments argumentatifs ou de faits avérés. Ces raccourcis de la pensée prennent deux formes différentes :

  • La lecture de pensée d’autrui : croire que vous parvenez à lire dans les pensées des autres et comprendre pourquoi ils adoptent tel ou tel comportement.
    Exemple : « Il ne me regarde pas, c’est qu’il doit penser que je n’en vaux pas la peine »
    ou « Elle n’a pas répondu à mon message, c’est qu’elle veut mettre de la distance entre nous »

  • Les erreurs de voyance : c’est la pensée « boule de cristal » où vous êtes persuadé de savoir ce qu’il va se passer pour vous (en général de négatif)  dans un avenir plus ou moins proche.
    Exemple : « Je vais rester seul(e) toute ma vie » ou « Ce projet ne fonctionnera jamais pour moi »

Conséquence : ce bug favorise les états anxio-dépressifs et entretient les ruminations mentales.

Une piste pour corriger le bug : laisser une petite place au doute argumenté quand votre tendance naturelle est d’être sûr(e) et certain(e) de ce que les autres pensent de vous ou de ce qui va advenir de vous dans l’avenir. Surtout quand tout ceci vous procure des sentiments de tristesse ou d’anxiété.

Distorsion cognitive #2 – L’abstraction sélective

Encore un terme savant pour dire que dans une situation donnée, seuls les détails négatifs de la situation sont retenus au détriment des détails positifs. Du coup, vous concluez que la situation est négative dans son ensemble.

Exemple : Vous présentez votre activité professionnelle à un client. Sur l’ensemble de votre présentation, vous avez suscité son intérêt, il vous a posé des questions auxquelles vous avez répondu, sauf une où vous avez bafouillé. Votre conclusion à la fin de l’entretien sera « J’ai complètement échoué dans ma présentation. »

Conséquence : en subissant l’effet de ce bug sans en avoir conscience, votre perception de la vie est filtrée et vous fait aboutir à la conclusion qu’elle est vraiment toute pourrie (désolé, j’avais pas d’autres termes qui me venaient).

Une piste pour corriger le bug : les prochaines fois où vous vivez une situation désagréable d’un point de vue émotionnel (frustration, colère, regret, irritabilité, inquiétude, etc), portez aussi votre attention sur les éléments qui vont bien, qui sont OK, qui peuvent être vus comme positifs (aussi banals à vos yeux soient-ils).

Distorsion cognitive #3 – La surgénéralisation

Un grand classique, vu aussi en PNL sous un terme quasi identique, la généralisation. Il s’agit là de tirer une conclusion générale à appliquer partout et tout le temps sur la base d’un seul incident ou d’un seul exemple jugé comme négatif dans un contexte précis, à un moment donné.

Exemples :

  • Votre dernière relation s’est mal terminée, vous concluez que plus jamais vous ne ferez confiance à qui que ce soit.
  • Vous avez eu une mauvaise expérience dans une entreprise de votre domaine d’activité, vous concluez que vous serez incapable de re-travailler à l’avenir dans une autre société dans ce même domaine (ou quel que soit le domaine)

Conséquence : si vous ne le corrigez pas, ce bug risque de vous fermer toutes possibilités d’évolution ou de changement par le simple fait que tôt ou tard, vous aurez catalogué TOUS les domaines de votre vie comme négatifs.

Une piste pour corriger le bug : si vous parvenez à identifier dans votre dialogue intérieur des mots comme « toujours », « jamais », « partout », « tout le temps », « personne », « tout le monde », « à chaque fois », etc. prenez un temps de pause et de recul; vous êtes probablement en train de surgénéraliser.

Distorsion cognitive #4 – Le duo minimisation / dramatisation

Il s’agit là d’un biais vous incitant à minimiser vos réussites et atouts ou considérer un événement heureux comme simplement banal; et aussi à amplifier vos échecs et erreurs ou considérer une situation désagréable comme intolérable ou catastrophique.

Exemples :

  • vous avez accompli des progrès considérables dans votre parcours pour reprendre votre vie en main, mais vous pensez que c’est dû à la chance, aux circonstances extérieures, aux compétences de votre coach 😉 etc. Du coup, vous minimisez vos actions accomplies, vos prises de décisions, vos prises de conscience ou vos changements de comportement (ça, c’est la minimisation)
  • Dans le même temps, vous traversez un petit coup de mou suite à une situation inconfortable; vous pensez alors que vous n’êtes plus capable de rien et que vous en êtes revenu au point de départ de votre parcours (ça, c’est la dramatisation)

Conséquence : en minimisant vos réussites et vos atouts, vous ralentissez le développement de votre confiance en vous et vous vous privez d’un regard reconnaissant sur vous-même. Et en dramatisant certaines circonstances, échecs ou erreurs, vous enfilez illico le costume de Caliméro et passez à côté de la tempérance, de la mesure et d’une certaine forme de sagesse.

Une piste pour corriger le bug : Quand vous réussissez quelque chose (quoi que ce soit), félicitez-vous et reconnaissez que vous en êtes en l’origine. Si possible, identifiez aussi comment vous vous y êtes pris pour arriver à ce résultat (ça pourrait vous servir dans d’autres contextes). Et si vous vivez une situation d’échec, faites une erreur ou traversez une situation inconfortable, optez pour la technique de la contextualisation; c’est à dire délimitez précisément les circonstances uniques (c’est une situation particulière), aléatoires (ça n’arrive pas tout le temps) et non personnelles (il y a aussi des facteurs externes qui ne dépendent pas de vous) de cette situation. 

Voilà pour les quatre premières distorsions cognitives de cette liste. Rendez-vous très vite pour la suite. Nous y verrons les biais de personnalisation, la pensée dichotomique (ma préférée), le raisonnement émotionnel et le blâme.


Si vous aussi pensez subir ces bugs vous empêchant d’avancer et aimeriez bien reprendre les rennes de votre vie, contactez-moi ici; nous pouvons travailler ensemble.


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