Nombreux sont ceux parmi vous m’ayant interpellé sur les quatre héros intérieurs sous un angle que je n’avais pas forcément pris, ni vu, lors de mes précédents articles sur le sujet. D’ailleurs, en relisant le livre écrit par Xavier Van Dieren, la place était vacante et cette approche ne demandait qu’à être abordée. Ni une, ni deux, me voici donc avec mon clavier ouvert et mes doigts courant dessus pour ouvrir le carnet rose de nos chers Héros intérieurs. Si vous avez des violons, un peu d’eau de rose et des fleurs bleues sous la main, c’est le moment ou jamais de les sortir : romantisme et envolées lyriques inside…

Quand le Héros-Poète tombe amoureux

Rappelons rapidement que le Héros-Poète possède des caractéristiques issues de la partie féminine en chacun de nous (écoute, ralentissement, réceptivité) et de notre enfant intérieur (créativité, spontanéité, plaisir). Il se trouve donc être un subtil mélange de ces deux parties. Nous verrons plus bas en quoi ce subtil mélange est de mise. De manière générale, la mission prioritaire du Poète est de nous permettre de rêver notre vie. Dans le contexte de la relation amoureuse, elle pourrait devenir celle de partir à la découverte de l’autre et de ce qui fait d’elle ou de lui la personne qu’elle est.

Quoi de mieux alors que de mobiliser les atouts du Poète pour honorer cette découverte ?

Les atouts de notre Féminin

L’écoute

Ecouter l’autre et laisser l’espace suffisant pour qu’il ou elle puisse y déposer ses émotions, ses sentiments, ses ressentis, ses pensées, ses désirs, ses attentes. Attentes vis-à-vis de l’autre et attentes vis-à-vis de la relation.

Dans le même temps, s’écouter soi pour entendre ce qui se passe en nous à cet instant.

  • Écouter son corps et y observer tous ces petits signes qui ne trompent pas (papillons dans le ventre, énergie qui circule à grande vitesse, picotements dans la poitrine, chaleur diffuse, frissons, etc.).
  • Écouter son coeur et y entendre le vacarme que font toutes les émotions qui se bousculent au portillon et veulent sortir toutes en même temps dans une joyeuse confusion générale.
  • Écouter sa tête et ses pensées qui, sous l’influence de ce qui se passe à l’étage du dessous, ne savent justement plus où donner de la tête. Au même rythme que les émotions, les pensées s’entrechoquent, se mêlent, s’emmêlent et s’entremêlent. Tant bien que mal, elles essayent de se raccrocher à ce qui leur reste de rationalité et de raisonnement (entre nous, autant entreprendre de résoudre une équation complexe au milieu d’une Techno Parade).

Enfin, écouter c’est aussi porter son attention sur les premiers échos que produisent les balbutiements de cette relation. Beaucoup plus subtils que les signaux précédents, ces échos n’en sont pas moins importants, car donnant le tempo de ce que pourra être la future musique relationnelle sur laquelle vont danser les deux tourtereaux (je vous avais prévenu sur les envolées lyriques 🙂 )

Le ralentissement

Je ne vous apprendrai rien en avançant que les débuts d’une relation amoureuse sont souvent synonymes de légèreté, s’accompagnant parfois d’une sensation de vertige émotionnel. Vous en avez eu un aperçu avec l’écoute précédemment décrite.

Se donner le temps d’accueillir ce délicieux chaos intérieur permet de poser tranquillement les choses et de ralentir le flux de ce qui pourrait ressembler à une rivière proche de la crue. Ralentir c’est donc se donner la possibilité de remettre un peu d’ordre dans ses idées, de se caler avec le rythme de l’autre qui n’est pas forcément le même que le sien, de prendre un peu de hauteur et ainsi avoir un aperçu du paysage qui se dessine un peu plus loin sur ce tout nouveau chemin emprunté.

La réceptivité

Très en lien avec l’écoute précédemment décrite, la réceptivité dans la découverte de l’autre est de pouvoir créer ensemble une sorte de contenant relationnel.

J’entends par contenant relationnel un espace où les deux amoureux se sentent suffisamment en sécurité pour y accueillir tout ce qui vient de la part de l’un comme de l’autre. Dans ce contenant, chacun peut y déposer non seulement ses sentiments, ses désirs, ses attentes comme nous l’avons vu plus haut, mais aussi son questionnement, ses doutes, ses craintes voire ses peurs. Car ne nous leurrons pas chers lecteurs, partir en quête sur le chemin de l’amour est du même acabit que partir en quête de sa mission de vie. Les gardiens du seuil sont là et remplissent parfaitement leur rôle (je ferai un petit zoom sur les gardiens du seuil à la fin). Du coup, disposer d’un contenant pouvant recevoir tout ce petit monde, en toute sécurité, transparence et authenticité favorise, là encore, la découverte de l’autre.

Après avoir exploré quelques-unes des qualités de la part féminine de notre Héros-Poète, voyons ce que notre enfant intérieur peut apporter dans ce début de relation.

Les atouts de notre Enfant intérieur

La créativité

Cela va un peu de soi. En effet, quoi de plus créatif que deux personnes qui se rencontrent, sont attirées l’une vers l’autre et souhaitent créer une relation ?

Partir à la découverte de l’autre grâce à la créativité de son enfant intérieur donne lieu à un foisonnement d’idées pour se retrouver, passer du temps ensemble, imaginer des activités à partager ou trouver ce qui plaît à l’autre. Dans cet espace de créativité, il y a aussi un autre champ intéressant à explorer : la création du lien. Je vous propose d’illustrer ce champ par une image; celle d’un fil très fin, pas plus épais qu’un cheveu, que les deux personnes tiennent de part et d’autre. Au fur et à mesure de leurs échanges, de leurs rencontres, des signes de reconnaissance qu’elles se donnent, des découvertes qu’elles font réciproquement l’une de l’autre, elles “nourrissent” ce fil qui n’est autre que la relation elle-même. C’est ainsi qu’au fil du temps (si j’ose dire…) se renforce ce lien, si fragile au départ et pouvant se transformer en solide câble au bout de quelques années… ou pas. Ou pas, car si le lien se développe plus vite d’un côté que de l’autre, un déséquilibre se créé et risque de le briser avant même que la relation ne soit viable (du coup, je vous renvoie au point « ralentissement » vu plus haut).

La spontanéité

Peut-être la qualité s’approchant le plus d’un défi, en ce sens qu’elle est directement connectée à l’enfant libre en nous. Pas de filtre, en prise directe avec les émotions, connaissant une énergie débordante, se montrant démonstratif et expressif, avec peu ou pas de recul sur la satisfaction immédiate de ses besoins fondamentaux. Avec cette courte description, vous pouvez déjà vous rendre compte combien la spontanéité dans le début d’une relation amoureuse peut autant être un atout qu’un handicap.

Je m’explique.

Comme je le décrivais plus haut avec la partie féminine, la découverte de l’autre demande de l’écoute, du ralentissement, de la réceptivité. Or, si la spontanéité de notre enfant libre fonctionne à plein régime, elle risque fort de venir chahuter la douceur du  féminin de l’autre. Non que les deux soient incompatibles, entendons-nous bien, mais l’idée est de créer un équilibre entre ces deux parties. C’est ce dont je parlais au début avec le fameux “mélange subtil”. Et là où le défi est remarquable, c’est que cet équilibre est à rechercher par les deux amoureux. Du coup, ce n’est pas avec un seul enfant libre que le jeu se déroule, mais avec les deux. Sensations garanties !!

Le plaisir

Comment ne pas terminer l’exploration de notre enfant intérieur et à fortiori de  notre Héros-Poète pris dans le tourbillon de l’amour par ce délicieux et exquis sentiment qu’est le plaisir ? (retour des violons, vaporisation d’eau de rose et de fleurs bleues).

Partir à la découverte de l’autre grâce à la connexion au plaisir est nettement plus confortable que la non moins essentielle spontanéité. Bon, je ne vais pas rentrer dans une thèse philosophique concernant le plaisir; les épicuriens et les stoïciens l’ont fait mieux que moi. Vu de ma fenêtre, le plaisir est ce sentiment diffus de satisfaction globale (tête – coeur- corps) dont l’émotion de joie en est la source. Du coup, partir à la découverte de l’autre grâce à ce sentiment agréable me semble une voie intéressante à emprunter. La subtilité de la recherche (dans le contexte qui nous concerne ici) est d’être suffisamment à l’écoute de l’autre…et de soi pour que les plaisirs de chacun s’accordent et s’harmonisent tels deux papillons virevoltant au grès du vent un après-midi d’été (envolée finale de violons, feu d’artifice et douche complète d’eau de rose…)

Nous voici donc au seuil de l’étape suivante, celle qui verra nos deux tourtereaux faire leurs premiers pas sur un chemin qui, désormais, leur est commun.

Les gardiens du seuil

J’en parlais plus haut, il existe parfois quelques difficultés à franchir ce seuil. Ces difficultés, dans le langage du voyage du Héros, sont représentées par des gardiens qui veillent au grain.

Mais qui sont-ils exactement ?

Si l’objectif des gardiens du seuil est relativement commun (empêcher l’un ou l’autre ou les deux partenaires de franchir le cap d’une relation “plus officielle”), ils peuvent cependant prendre de multiples formes.

En externe, ce sont toutes les personnes (amis, famille, connaissances) se positionnant en “conseillers du coeur” et pouvant potentiellement réveiller les autres gardiens du seuil, ceux tapis en interne, dans l’ombre de nos croyances limitantes. Car oui, nos gardiens les plus retors, ceux nous donnant le plus de mal à déloger et donc franchir le premier pas, sont à l’intérieur de nous.

Comme je le disais, ils prennent appui sur les solides piliers que sont nos croyances. Ces mêmes croyances issues de notre culture, de notre éducation ou de nos expériences passées et concernant le champ de la relation affective. Certaines expériences ont pu en effet être source de souffrances ou de prises de conscience douloureuses et se sont muées avec le temps en croyances limitantes. C’est ainsi que les gardiens se sont forgé une solide réputation de “protecteurs”. Le truc, c’est qu’ils manquent un peu de finesse ces gardiens. Ils ne font pas dans le détail ou la demi-mesure. En gros, dès qu’ils voient un élément de la relation naissante ressemblant approximativement à un élément issu des expériences passées, ils sortent l’artillerie lourde : interprétations, généralisations, émotions désagréables, stratégies de fuite, de combat ou de repli, etc. Ils refoulent alors d’un bloc tout ce qui a pu déjà émerger depuis la première rencontre des amoureux. Bref, tout pour faire capoter cette idylle naissante.

La question que je propose alors pour terminer ce billet est la suivante :

Qui est aux commandes de votre vie. Vous ou vos gardiens du seuil ?


Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…