Il y a quelques mois je commettais un billet sur la formulation de critiques constructives. Maintenant que vous êtes devenus des experts en la matière, voyons cette semaine ce qui se passe quand nous sommes de l’autre côté de la barrière, à savoir quand nous faisons l’expérience d’être l’objet d’une critique. Je ne vous ferai pas l’affront de présenter une énième méthode pour “gérer les critiques”. Elles pullulent sur le web et vous verrez qu’ici, mon propos se dirige sur une autre voie.
Ça pique!
Gageons que l’autre n’est pas forcément rompu à la communication assertive ou au feedback 2.0. La critique qu’il formule est brute de décoffrage. Il la dit comme il la pense. Du coup, quand vous dites ou faites quelque chose qui ne lui convient pas, c’est sans fioriture ni « salamalec » que vous prenez un scud en pleine face. Ouch, ça pique!
Une question demeure. Comment se fait-il que certaines critiques nous touchent profondément alors que d’autres nous impactent autant qu’un pet de mouche sur la coque d’un brise-glace naviguant dans les eaux glacées du pôle nord?
En effet, si certaines critiques sont bien acceptées, il y en a d’autres qui le sont beaucoup moins. Tout dépend de là où elles appuient. Les zones d’ombre que nous ne voulons n’avons pas éclairées, les fantômes du placard que nous n’avons pas chassés, bref toutes nos petites failles non encore comblées rendent certaines critiques plus difficiles à accepter que d’autres, voire font carrément très mal.
Suivant le degré d’impact qu’elles ont généré, ces critiques peuvent nous affecter profondément et durablement au niveau émotionnel comme au niveau relationnel. Le temps de digestion est parfois long et cette période est souvent synonyme de morosité, d’amertume ou d’humeur fracassante.
Sus à la gestion…
Vous constaterez que depuis le début de ce billet, je n’ai employé qu’une seule fois le terme de « gérer les critiques« . Non pas que je sois avare de cette dénomination, mais je le fais en toute conscience pour deux raisons.
1 – Tout est de plus en plus « gestion » dans notre quotidien (gestion du stress, du temps, des priorités, des conflits, des relations, des émotions, des enfants, du couple, de tata Fifine, etc.) et ce diktat de la gestion tous azimuts a tendance à me donner le vertige. Bientôt, nous serons les plus grands gestionnaires de l’histoire de l’humanité.
Je ne crache pas dans la soupe, car j’utilise moi aussi ces termes dans mon métier, mais je profite de l’occasion de poser mes idées dans ce blog pour prendre un peu de recul sur tous ces termes employés un peu à toutes les sauces.
2 – Je pense que la gestion reste superficielle alors que je vois l’acceptation comme plus profonde, plus intégrée en nous. Imaginez que vous ayez à « gérer » une critique. Déjà, si vous êtes amené à la « gérer » c’est que quelque part elle vous a bousculé, heurté, sensibilisé sur l’un des fantômes du placard dont je parlais tout à l’heure. Ensuite, cette critique que vous avez si brillamment « gérée » à cet instant ne sera pas la seule et l’unique de toute votre vie. Tôt ou tard, elle reviendra appuyer au même endroit. Ce ne sera peut-être pas par la même personne, ni dans le même contexte, mais elle viendra à nouveau verser un peu de sel sur la micro-plaie qui pique. Tout le boulot de « gestion » sera alors à recommencer.
… et vive l’acceptation
Il y a peu, je partageais avec vous ma réflexion concernant l’acceptation de soi. Du moment où nous tournons notre regard vers l’acceptation, les choses se vivent différemment. Je vois l’acceptation comme une dynamique plus fluide, plus pacifique pour notre propre écologie et surtout beaucoup plus pérenne.
Attention, dans notre sujet actuel, acceptation n’est pas synonyme de soumission.
L’acceptation de la critique est plutôt la conséquence d’un travail sur soi qui a permis de balayer les fantômes du placard. Et une fois le placard nettoyé, il est beaucoup plus facile d’accepter les critiques pour ce qu’elles sont; une simple information venant de l’extérieur et ne reflétant que les interprétations de son émetteur. Ni plus, ni moins.
Bien entendu, il se peut que la critique qui nous est destinée soit fondée. Nous avons en effet la chance inouïe d’être des humains imparfaits. Cependant, le fait d’avoir une bonne connaissance de soi, de notre fonctionnement et de nos zones d’ombres nous permettra d’accepter plus facilement la remise en question générée par cette information.
Nous entrons alors dans un véritable processus de développement personnel et sortons de fait du processus de culpabilisation, de perte de confiance en soi ou de tsunami émotionnel. Et pour peu qu’il y ait une réponse à fournir à la critique en question (et ce n’est même pas une obligation), elle sera d’autant plus ajustée.
Enfin, l’acceptation est un atout important dans la stabilité du processus de développement personnel. Une fois le fantôme du placard balayé, la prochaine critique ciblant ce point sensible se retrouvera le bec dans l’eau car ne trouvant plus matière à titiller.
Rappelez-vous du pet de mouche 🙂
Pour résumer
Comment passer de la gestion à l’acceptation d’une critique?
- Partir à la découverte de soi-même
- Explorer les zones d’ombre et les fantômes du placard
- Éclairer, balayer, combler les petites failles qui piquent
Quatre lignes pour dire tout ça?… Vous avez raison, cette critique est fondée.
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Bravo et merci pour cette « critique » de la « gestion de la critique. »
Pour tout dire, le verbe gérer est banni de mon vocabulaire depuis plusieurs années (avec Devoir et quelques autres). Et, pour les raisons que tu évoques ici. C’est hallucinant de voir toutes ces recettes de gestion de ceci ou cela en 10 points. LinkedIn et Twitter en sont tapissés à toute heure du jour et de la nuit. D’ailleurs, à mon avis, on ne poursuit qu’un seul objectif en publiant ces « cahiers de charge » sur les RS, cad s’exposer soi-même.
Dans cet esprit, je me permets de te signaler (et à tes lecteurs) deux ouvrages publiés par des québécois ::
1) Je ne suis pas une compagnie, Michel Perreault, chez Stanké. (l’intrusion des valeurs corporatives dans notre intimité, notamment la gestion de tout y compris son chat)
2) Arrosez les fleurs pas les mauvaises herbes, Fletcher Peacock, aux Éditions de l’Homme. (l’acceptation de la façon unique de coopérer de chacun est au coeur de cette approche de la communication orientée vers les solutions). Ce sont les principes de l’École de Palo Alto, et de Paul Watzlawick en particulier, qui sont vulgarisés et présentés comme une méthode (j’en ai fait un mode de vie).
Merci d’exister Christophe. Lorsque je prends le temps de te lire, je me sens moins seule de ma gang.
Suzanne
Suzanne,
Ton retour me fait plaisir 🙂
Merci d’enrichir cet article avec tes apports toujours pertinents et justes.
Je pense que la seconde référence de livre que tu as citée va faire partie de ma prochaine commande…
A très bientôt
Christophe. Je n’ai pas pu me retenir. J’ai rebondi à ton texte avec celui-ci car, il y avait un bout de temps que cela me travaillait.
http://blogslpointcom.wordpress.com/2012/10/22/vous-soumettez-vous-a-la-tyrannie-de-la-gestionnite/
Bonne soirée.
Suzanne, nous sommes là face à un exemple formidable d’écriture à 4 mains. Cela m’a d’ailleurs donné une idée que je te soumettrai par mail.
A très vite…
Bravo Christophe pour cet article auquel je ne peux que souscrire à 100%(étant, moi-même, dans une période de fortes critiques envers certains de mes confrères et consœurs)…
J’ai particulièrement apprécié ce que tu dis sur la « gestion » car une fois de plus tout le monde plonge là-dedans sans trop y réfléchir. Il existe, en effet, d’autres approches des réalités y compris, et surtout, lorsque cela concerne les dimensions humaines. C’est toujours une bonne chose de le rappeler.
Encore merci à toi. Je partage.
Norbert
Merci Norbert 😉
J’avoue que c’est plaisant de se sentir en phase avec des confrères et consœurs sur ce sujet.
A bientôt
merci pour ce billet qui rendra service a bien des internautes. Je transmet dans mes reseaux. sociaux numerises. je mettrai un lien dans mon blog Humain au coeur du numerique. Ps : les accents ne s’ecrivent pas en acces mobile.
Bonsoir Eric,
Merci de ton retour. Donc si mon serveur explose avec le trafic que tu vas générer, je saurai d’où ça vient 😀
A bientôt
Article intéressant 🙂
Je pense qu’il y a effectivement plusieurs choses qui font qu’on reçoit bien ou mal une critique. Et la principale est en effet l’acceptation de soi. Si on arrive à « s’aimer » juste comme il faut, on arrive davantage à cerner objectivement les critiques sans que cela nous blesse profondément et qu’on se mette debout sur le balcon.
Mais à mon avis, au delà de ça, c’est surtout l’émetteur et le contenu de la critique qui joue. Une critique qui sort de nulle part et qui se contente d’agresser ne me touchera pas, dans le sens où je sais qu’elle n’a aucun but constructif. Je ne peux donc pas me baser sur cette critique pour quoique ce soit. Ni me faire avancer (c’est certain) et encore moins à me rabaisser, puisqu’elle provient d’une personne dont l’intention n’est pas louable. On peut ne pas aimer qui je suis ou ce que je fais, mais si cela est formulé vulgairement, je n’y prête pas attention. On a suffisamment de merdes à gérer au quotidien pour devoir en plus se trimballer celle de personnes pas forcément bien intentionnées dont le seul but est de nous mettre à terre. C’est dur, mais il faut apprendre à avoir du recul et savoir ce qui est constructif et ce qui ne l’est pas.
Titouan
Bonsoir Titouan
Merci de ton apport très pertinent. Je suis effectivement pour voir d’où vient la critique et évaluer si prêter attention est nécessaire ou pas.
En même temps, cette capacité de prise de recul n’est pas évident pour tous. Espérons qu’à la lecture de ton commentaire, une petite étincelle jaillira…
A bientôt
Personnellement, pour mieux accepter une critique, je me dis que c’est en fait une demande maladroite de l’autre. Si l’autre me critique c’est qu’un besoin chez lui vis-à-vis de moi n’est pas assouvi.
Une fois la demande identifiée, j’y réponds ou non.
Ainsi, si l’autre me critique, il ne le fait plus contre moi, mais pour lui.
Super technique Pascal!
Merci pour ce partage. Ton blog est très sympa. Longue vie à lui.
Excellent analyse de la gestion. Je confirme que l’acception est préférable et ce dans tous les domaines. Cela permet d’intégrer et non de mettre à distance le problème. Accepter c’est se nourrir et se préparer pour des épreuves semblables. Encore une fois « chapeau » pour cette analyse.
Merci de ton retour Abdelhamid.
Il y aurait en effet d’autres billets à écrire sur la « gestion » tant ce terme est utilisé à tort et à travers…
Merci à toi Christophe car cet article arrive au meilleur moment qui soit pour moi.