Je n’avais jamais vraiment traité ce sujet depuis la création du blog; pourtant le deuil est une expérience on ne peut plus humaine et il trouve forcément sa place dans ma ligne éditoriale. D’autant plus que, vous le verrez, le deuil n’est pas uniquement une situation où l’on perd un être cher; toute situation entraînant une perte de quelque chose à laquelle nous sommes attachés déclenche ce processus. Et en termes de transition de vie, vous vous imaginez bien que des deuils, il y en a un paquet à faire.

Bonjour je m’appelle deuil

Le deuil est une expérience universelle que tout être humain traverse à un moment donné. Le mot « deuil » vient du grec « dolere » qui signifie souffrir. Le deuil désigne à la fois l’état affectif dû à la perte d’un être cher et la période suivant cette perte. C’est un évènement douloureux et stressant. Le deuil s’accompagne de douleur morale, psychique et même physique.

En outre, toute perte ou transition au cours d’une vie désigne un deuil. Par exemple, lors de l’enterrement de vie de jeune fille, cette dernière fait le deuil de son ancienne vie et s’apprête à commencer une nouvelle vie. Ou encore, la fin d’une relation amoureuse ou la perte d’un emploi. 

Ce passage d’une étape de la vie vers une autre nécessite du temps et des passages par différentes phases. Bien que douloureux, le deuil peut aussi représenter une occasion pour grandir.

Selon Freud, le deuil désigne le processus psychologique mis en place après la perte d’un objet aimé dans le but de s’en détacher afin de préserver le Moi. Si les défenses du Moi s’effondrent, la personne tombe alors en dépression. Le deuil est une expérience de réélaboration psychique pour retrouver un équilibre. Si le deuil est mal vécu, cela peut avoir des répercussions sur la santé mentale et le bien-être.  

Malgré les recherches scientifiques sur le deuil et son processus, l’expérience du deuil varie d’une personne à l’autre. Alors que certaines personnes se sentent perdues et confuses, d’autres essaient de trouver une explication rationnelle à la perte. Que faire alors pour réussir à affronter cette expérience douloureuse et accéder à une forme de résilience ?

4 pistes à explorer pour surmonter un deuil

S’autoriser à être triste

Dans un premier temps, le deuil se présente comme un choc émotionnel. Un mélange de sentiment de regret, d’injustice ou d’amertume peut se ressentir.  Pour d’autres personnes, au contraire, un sentiment de vide est éprouvé, comme si elles étaient émotionnellement anesthésiées.

Ces émotions sont inconfortables et la tendance naturelle est de vouloir les éviter. C’est humain; qui aime souffrir ?

Pourtant, ces ressentis sont tout à fait normaux et font partie intégrante du processus de deuil. Il est important que toutes ces émotions soient observées, éprouvées et exprimées.

Comprendre le processus de deuil

Le deuil se déroule en 5 étapes selon le modèle de Kübler-Ross (je vous donne les détails plus bas). Bien que chaque deuil soit unique, il est important de connaître ces étapes afin de se situer dans le processus. Les étapes ne sont pas des marches à suivre. Il faut plutôt voir ça comme une boussole qui sert à se repérer. Comprendre le processus du deuil aide à normaliser ses ressentis et à les intégrer. 

Se focaliser sur l’ici et maintenant

Au cours du deuil, la personne endeuillée ressasse le passé et se demande comment vivre avec la perte. Certaines personnes s’attachent au passé, car pensent que c’est le seul lien qui les unit encore avec l’être aimé ou l’objet perdu. Pourtant, continuer à vivre et connaître des moments heureux ne signifie pas couper tous les liens avec l’être disparu. Le lien physique a disparu, mais il reste d’autres liens qui eux continuent de le faire exister : le lien psychologique, le lien d’attachement, le lien parental ou filial, le lien de respect, le lien d’admiration, etc.

Être dans l’ici et maintenant aide à apaiser l’angoisse de vivre la perte ainsi que la tristesse engendrée par les souvenirs. Vivre dans le moment présent permet de se retourner sur les évènements douloureux du passé avec l’acceptation de ce qui est et de visualiser l’avenir de ce qui sera.

Transformer sa vision de la situation

La mort et la perte sont hors de notre contrôle. Les changements qui suivent la perte d’un emploi ou la fin d’une relation sont inévitables. C’est regrettable, mais nous n’avons pas appris à vivre cette étape. Un nouvel état de conscience est alors nécessaire pour parvenir à l’acceptation de ce qui ne dépend pas de soi.

« Lorsque nous ne sommes plus en mesure de changer une situation, nous avons le défi de nous changer nous-mêmes »

dit Viktor Frankl.

Cette perception que c’était mieux avant doit être mise de côté pour accueillir ce que la vie a à nous offrir. Plutôt que de voir la perte comme une injustice, l’idée serait de la voir comme la fin d’un cycle et le commencement d’un autre, indéniablement différent de son prédécesseur.

Les 5 étapes de deuil selon Élisabeth Kübler-Ross

Le deuil est l’une des expériences les plus douloureuses que chacun peut affronter au cours de son existence. En effet, Élisabeth Kübler-Ross a décrit le deuil en 5 étapes essentielles afin de trouver l’apaisement et un sens à la perte vécu.

courbe du deuil

courble du deuil d’Elisabeth Kübler-Ross

Le choc suivi du déni

Le point de départ d’un deuil est un état de choc. En effet, à l’annonce de la perte d’un être cher ou d’une situation à laquelle nous étions très attachés, un séisme survient dans notre psychisme. Le choc est ce qui suit cette annonce. L’état émotionnel associé est alors souvent la sidération.

Rapidement après le choc, c’est le déni qui apparaît. Le déni est souvent caractérisée par le refus de croire que nous avons perdu un être cher ou la situation d’attachement.  Cette phase est généralement courte, mais très intense en termes d’émotions. Le déni agit alors comme un amortisseur de manière temporaire, et ce, jusqu’à ce que la personne se sente prête à affronter la réalité. Par exemple, lors de l’annonce d’un décès soudain, la personne peut croire que cela n’est pas réel.

La colère

Pourquoi moi ? La vie est injuste !  Après le déni vient la colère. Nous pouvons ressentir une grande trahison, mais aussi un ressentiment envers la vie et l’univers entier.  Un sentiment de colère peut surgir envers la personne disparue suivi d’un vide douloureux. Cependant, cette colère peut être déplacée contre une personne de notre entourage ou contre des objets présents dans l’environnement. Cette étape peut donc s’avérer difficile pour nos proches.  

Le marchandage

Face à une perte, il arrive que nous nous sentions désespérés à un point où nous sommes prêts à tout pour atténuer la douleur. En effet, cette étape ne se produit pas dans tous les cas. Cependant, elle nous pousse à faire des négociations avec nous-mêmes afin de trouver une compensation au vide ressenti. Voyant que la colère n’a pas changé la situation, des négociations telles que : « Mon Dieu, je promets de changer ma vie si vous laissez cette personne vivre » sont souvent orientées vers un pouvoir supérieur. Cette phase peut aussi être caractérisée par le regret et la culpabilité.

La dépression

C’est l’étape la plus longue et souvent la plus difficile. En effet, elle peut durer des mois et même des années. Marchander n’est plus une option, c’est le moment de se calmer et de confronter à la réalité. Ce stade est caractérisé par une grande tristesse, un repli sur soi et une perte de l’élan vital. Les émotions ressenties durant cette période peuvent générer une certaine confusion. Une peur peut aussi apparaître : celle d’avoir de la difficulté à continuer d’avancer dans la vie avec toute cette peine à porter.

L’acceptation

Cette dernière étape ne veut pas dire que nous ne ressentons plus la douleur de la perte. Mais c’est une phase où nous acceptons la réalité de la situation en intégrant toutes les émotions et pensées générées par le deuil.

A noter qu’il existe d’autres étapes (plutôt des phases) qui suivent l’acceptation et font aussi parties de ce processus de deuil.

  •  Le pardon : il n’y a rien de plus libérateur que le pardon. En effet, afin de pouvoir continuer à vivre paisiblement, il est parfois nécessaire de demander pardon au défunt. Mais aussi de lui pardonner d’être parti et de nous laisser seul(e) avec notre douleur. Cette étape est très importante car elle contribue au fameux lâcher-prise qui facilite les processus de réparation psychique. Nous arrêtons enfin de chercher des coupables et de nous culpabiliser.
  •  La quête d’un sens : une fois la phase émotionnelle passée, nous commençons enfin à nous poser des tonnes de questions. À prendre du recul par rapport à la situation. Et à découvrir de nouveaux horizons. Cette quête de sens permettra par la suite de retrouver la paix.
  •  La paix retrouvée : nous avons appris que l’Amour est plus fort que tout et que la perte ne nous sépare pas de ceux que l’on aime. Nous pouvons enfin continuer à vivre sereinement car nous avons compris que le lien n’a jamais disparu.

Le deuil compliqué et le deuil pathologique 

Selon le psychologue Michel Hanus, 5% des deuils se compliquent et se transforment en deuil pathologique. De ce fait, il identifie les personnes à risque : 

  • Les individus ayant des relations ambivalentes de dépendances ; 
  • Les personnalités mal structurées ;
  • Les solitaires ;
  • Les personnes n’ayant pas résolu un deuil antérieur 

Le deuil compliqué

Selon Hanus, les principales complications du deuil seraient une perturbation affectant les étapes citées plus haut et perturbant le bon déroulement du processus. En effet, le deuil compliqué s’écarte du processus habituel, c’est-à-dire que la souffrance est augmentée en intensité et en temps. De ce fait, on peut distinguer trois types de deuils compliqués : 

  • Le deuil différé : caractérisé par le prolongement anormal de la première étape du deuil (déni) 
  • Le deuil inhibé : caractérisé par des troubles somatiques notamment causés par les manifestations affectives présentes en situation de deuil. 
  • Le deuil chronique : le processus de deuil reste figer et les effets font obstacle à une progression normale dans l’élaboration du deuil. 

Le deuil pathologique

Le deuil pathologique est caractérisé par la survenue d’une maladie physique ou mentale dans la période du deuil. Il installe durablement l’endeuillé dans une dépression violente. Du point de vue de la santé mentale, les causes d’un deuil pathologique découlent de la structure de personnalité de l’endeuillé.

Conclusion sur le deuil

Comme je le disais dans l’article, personne ne nous apprend à faire ce travail d’introspection quand un être cher vient à disparaître. Pourtant, quand on regarde bien, des deuils, nous en connaissons depuis tout petit. Car comme décrit aussi dans cet article, le deuil n’est pas uniquement synonyme de mort physique d’un être cher; il s’agit de tous ces objets ou situations auxquels nous sommes attachés d’une manière ou d’une autre et qui viennent prendre fin. C’est alors que ce processus de deuil commence et s’apparente à la première étape des transitions de vie.

Mais ce ceci est une autre histoire


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