Tout d’abord, quelques chiffres concernant les phobies; Les phobies, ou peurs irrationnelles, font partie de la catégorie des troubles anxieux. D’après le site ameli.fr, elles touchent presque 10 % de la population. Si les phobies sont monnaie courante, et sources de consultations fréquentes en Hypnose, Programmation Neuro-Linguistique (PNL), Thérapies Brèves, ou en Psychologie Clinique, les peurs sont encore plus fréquentes. Intéressons-nous aux théories décrites par Giorgio Nardone, célèbre psychothérapeute italien, spécialiste de la thérapie stratégique et systémique, dont les travaux sont très largement influencés par l’école Palo Alto.

La réponse la plus fréquente à la peur : la stratégie d’évitement

Les recherches empiriques mises notamment en avant par Barlow (1990), Marks (1978-1998) ou encore Giorgio Nardone (1988-1993) montrent comment les personnes souffrant d’un trouble basé sur la peur – parfois appelé phobie ou peur phobique – utilisent une “solution” qui n’a pour effet que de renforcer cette peur : la stratégie d’évitement. Cette stratégie d’évitement, qui correspond dans les stratégies de survie à la fuite ou à la sidération ‘l’inhibition) permet d’éviter les situations ou les conditions potentiellement associées à la peur en question. Le problème de cette stratégie d’évitement, c’est qu’elle ne fait que renforcer la peur ou la phobie en question, la rendant toujours plus imposante, toujours plus insurmontable. Avant de rentrer dans le détail du cercle vicieux de la peur ou de la phobie, penchons-nous sur les aspects psycho-physiologiques de la peur, ainsi que sur le rôle – primordial – de la peur.

Aspects psycho-physiologiques de la peur

La peur est une émotion primaire qui se peut se manifester de différentes manières chez l’Homme, à savoir que les réactions les plus fréquentes sont :

  • des tremblements,
  • des difficultés respiratoires (sensation d’étau),
  • des sensations désagréables au niveau de l’estomac (comme un poids sur le ventre)
  • une hausse de la fréquence cardiaque,
  • un écarquillement des yeux,
  • la dilatation des pupilles (qui n’est pas une caractéristique unique de la peur, mais partagée avec d’autres émotions)
  • une perturbation de la respiration avec en général une accélération de la fréquence respiratoire.

Ces réactions sont pour la plupart liées à la sécrétion d’adrénaline.

Le rôle de la peur

La peur a un rôle très important : elle est présente pour nous protéger. Depuis la nuit des temps, la peur nous met en alerte, et déclenche chez nous tout un tas de réactions permettant de survivre : le but ultime de notre espèce étant de survivre. Si, en tant qu’homme de Cro Magnon, je me retrouve face à un tigre à dent de sabre, alors, il peut être utile d’avoir peur et de prendre mes jambes à mon cou, dans une réaction purement instinctive. Par contre, si cette peur m’inhibe et que je ne peux plus me déplacer, alors cela devient limitant. Le rôle de la peur est primordial pour se protéger… à condition d’avoir besoin de se protéger.

Par exemple dans le cas d’une ornithophobie (la peur des oiseaux), et notamment la peur des pigeons, nous sommes d’accord qu’il est très peu probable d’être victime d’une attaque de pigeon, ou d’un “racket” de pigeons. Pour autant, ce n’est pas parce que cette peur n’est pas logique, ou absurde, qu’elle n’est pas réelle. C’est pour cela qu’il peut être pertinent d’utiliser des stratégies thérapeutiques tout aussi illogiques pour affronter et désamorcer ces peurs. Revenons à présent sur le cercle vicieux de ce qui semble être une solution, mais qui est en réalité une tentative de solution, qui ne fait que renforcer la peur en question.

Le cercle vicieux de la stratégie d’évitement

La stratégie d’évitement a pour objectif de ne pas ressentir les effets désagréables de la peur, ou du moins de les réduire en intensité, ou de les limiter dans le temps, dans le cas où ils sont déjà présents.

Le problème de cette stratégie c’est qu’elle conduit la personne à augmenter de plus en plus fréquemment les évitements… jusqu’à parvenir à une incapacité complète.

Prenons un exemple : une personne se fracture le tibia. Elle ressent une douleur énorme, et ce traumatisme a laissé une marque indélébile dans son cerveau. La personne peut appréhender une peur de revivre à nouveau cette situation et de ressentir cette douleur. Lorsqu’elle met un peu de poids sur sa jambe, elle a des douleurs, et craint que son tibia ne se fracture de nouveau. De ce fait, elle ne met pas de poids sur sa jambe, son tibia ne se consolide pas, elle perd en masse musculaire, et ne peut plus marcher. Nous sommes d’accord sur le fait que cette peur, même si elle a vocation à préserver l’intégrité physique de la personne, est ici disproportionnée, et limitante.

Cet exemple illustre parfaitement le cercle vicieux de la peur. Cette stratégie d’évitement augmente non seulement la crainte de l’objet de la peur, mais elle ne fait que de diminuer la capacités perçues du sujet à affronter cette peur.

Il existe différentes solutions pour contrer ce phénomène… et demander de l’aide à une tierce personne est une des solutions les plus utilisées.

Et si aider était la pire des stratégies ?

Comme le disait Nietzsche, “l’enfer est pavé de bonnes intentions”. D’après Nardone, “lorsqu’une personne poussée par la peur pénètre dans le cercle vicieux des évitements, elle active aussi généralement une autre stratégie contre productive : la demande d’aide, à savoir la tendance à être toujours accompagnée et soutenue par une personne prête à intervenir en cas de crise de panique ou de perte de contrôle.

On rentre alors dans le fameux triangle de Karpman, avec un sauveur procurant l’aide à une victime, incapable de trouver la solution par soi-même.

Cette stratégie cherche à rassurer le sujet, mais renforce la croyance que  la peur est insurmontable seul(e) et que le sujet a besoin d’une tierce personne pour surmonter la situation, et qu’il n’a donc
pas toutes les ressources nécessaires pour changer ou s’adapter. De la même manière que la stratégie d’évitement, la stratégie de demande d’aide (lorsqu’elle tend à se systématiser)

En revanche, lorsque l’on sort du cercle vicieux de la peur, on observe une réduction de la peur et surtout une augmentation de la confiance en ses propres capacités (à affronter la peur mais pas que).

Des approches issues des thérapies brèves telles que l’hypnose ou la PNL permettent notamment de développer ou renforcer ces croyances :

cela a été utile à un moment pour moi d’avoir peur et d’utiliser des stratégies ’évitement ou de demande d’aide,
ces stratégies citées précédemment ne me sont plus utiles et limitantes aujourd’hui.

La recherche empirique et expérimentale insiste sur le fait qu’un sujet “entraîné par sa peur”, qui évite systématiquement les situations perçues comme dangereuses ou effrayantes, et/ou sollicite de manière répétée de l’aide va développer une véritable pathologie phobique en quelques mois.

Dans de nombreux cas, c’est sournoisement la tentative de contrôle excessive qui fait perdre le contrôle.

Par exemple : une personne dite “hypocondriaque” s’efforce de contrôler en permanence sa santé, en quête de signaux d’une maladie, et ce contrôle excessif, source de stress et d’anxiété, peut-être néfaste pour la personne, et source de pathologies.

Attention : chacun d’entre-nous est capable de se construire un tel piège, d’y entrer, et de ne plus en sortir.

Pour en savoir plus
Vous souhaitez en savoir plus concernant les thérapies brèves, l’approche systémique et stratégique, la programmation neuro-linguistique (PNL), ou l’hypnose ? Vous trouverez de nombreux articles sur le site www.ifftb.com , notamment dans la rubrique Ressources