Avec un titre comme celui-ci, il y a de quoi se questionner sur le lien avec les rapports humains et les relations humaines, non ? Sachez, chers fidèles lecteurs… qu’il n’y en a aucun . En fait oui, il y en a un, mais il est plutôt en lien avec l’existence même de ce blog et l’une de mes premières passions il y a quelques années, les arts martiaux. Allez, je ne fais pas durer le suspens plus longtemps ; le billet que vous êtes en train de lire est… le 100e billet du blog des rapports humains. Champagne !

Pour l’occasion, l’article que je vous propose aujourd’hui est effectivement à dix mille lieux de la ligne éditoriale habituelle. Pour autant, il peut quand même être observé sous l’angle du développement personnel, du dépassement de soi, de la préparation mentale et de la notion de flow que nous avons abordée dans un précédent billet (l’état de grâce de la créativité).

Les 100 combats

Dans le milieu des arts martiaux, il existe un nombre incalculable de disciplines dont les origines, règles et philosophies sont très différentes. Parmi cette constellation de disciplines, il y en a quelques-unes dont le point commun est un affrontement entre deux adversaires à l’aide de leurs pieds, poings, genoux, parfois coudes et dont l’engagement est total (c’est-à-dire à frappes réelles). Leur philosophie commune est une certaine recherche d’authenticité et d’efficacité dans leur domaine de prédilection qu’est le combat.

Oui, je sais, dit comme ça, ce n’est pas l’exemple le plus probant (j’allais dire frappant 😉  ) d’écologie personnelle. Malgré cette première impression qui pourrait s’apparenter à de l’interprétation, le fait est que les pratiquants de ces disciplines pour le moins engagées et engageantes y trouvent leur compte et ne changeraient d’activité pour rien au monde.

Venons-en au fait.

Certaines de ces disciplines ont mis en place une épreuve afin de déterminer le caractère exceptionnel d’un combattant ainsi que toutes les qualités qui lui sont reconnues (courage, endurance, combativité, résistance, dépassement de soi, etc.). Cette épreuve se nomme l’épreuve des 100 combats.

On s’amuse comme on peut

L’épreuve des 100 combats consiste à affronter (je vous le donne en mille) 100 adversaires les uns à la suite des autres lors de combats de deux minutes chacun. Le tout, sans jamais abandonner ou être mis K.O. Après un rapide calcul, vous constaterez que la durée totale de l’épreuve est à peu près de trois heures et demie voire quatre heures. Inutile de vous dire que ce n’est pas la promenade du Dimanche avec Tata Fifine…

À ce jour, il n’y a que très peu de pratiquants ayant réussi une telle épreuve ; une petite vingtaine dans le monde, guère plus. Beaucoup sont japonais (compte tenu de l’origine de cette épreuve qui nous vient directement du pays du soleil levant), mais d’autres combattants issus des quatre coins de la planète ont aussi réussi ce challenge souvent qualifié d’ultime (vous comprenez maintenant pourquoi). Récemment, un français (cocorico) du nom de Jessy Santini a obtenu ce Graal.

Cette épreuve et surtout les ressources nécessaires à l’individu pour la mener à son terme, nous fournit un bel exemple de modélisation pour qui souhaite atteindre un objectif ambitieux, qu’il soit professionnel ou personnel.

Ce que l’épreuve des 100 combats nous apprend

  •  Une fois établi, l’objectif visé focalise toute notre attention sur celui-ci.

Il est de coutume de dire que l’Intention focalise l’Attention. Ainsi, toute notre énergie, nos centres d’intérêt, nos pensées, notre perception du monde seront orientés vers ce but. Que votre objectif soit d’intégrer un nouveau poste, de vous mettre à votre compte, d’arrêter de fumer ou de trouver l’âme soeur, vous serez d’autant plus focalisé sur votre objectif que celui-ci aura été clairement défini. Nous verrons plus bas, que cet aspect comporte aussi un revers de médaille.

  • La préparation à l’épreuve est presque plus importante que l’épreuve elle-même.

Ne vous imaginez pas que les prétendants à l’épreuve des 100 combats s’y rendent en touristes. Leur préparation physique et mentale est organisée méthodiquement et longtemps à l’avance. Oui, le chemin pour parvenir à la réalisation de ses rêves est parfois long, semé d’embûches, sinueux voire présente plusieurs virages serrés qu’il vaut mieux bien négocier sous peine de sorties de piste douloureuses . Cependant, tout ce qui aura été appris, intégré, expérimenté durant cette phase de préparation est déjà, en soi, une partie de la réussite de l’épreuve.

  • Le sens donné à cette épreuve en fait une source de motivation intarissable.

Le caractère mythique de ce challenge, son côté rarissime du point de vue du nombre de lauréats, l’aura qu’il dégage dans le monde des arts martiaux, l’engagement total qu’il demande à tous les niveaux donnent un sens exceptionnel aux prétendants à ce titre. Ainsi, lorsque nous avons un objectif, l’une des grandes sources de motivation pour pouvoir l’atteindre tient au sens que nous lui donnons au quotidien, ce pour quoi (en deux mots) nous faisons ce que nous sommes en train de faire.

  • La persévérance est de mise…

Vous vous doutez bien que durant les trois ou quatre heures de combats que compte l’épreuve, il y a des moments où le combattant traverse des phases critiques, où sa seule envie est d’arrêter et où la question qui revient sans cesse à son esprit est :   » Mais qu’est-ce que je fous là ? «  Pourtant, il s’accroche, puise dans ses ressources internes (courage, détermination, volonté) et externes (encouragements, soutien, reconnaissance) pour trouver un second souffle et repartir de plus belle dans le combat. L’idée, derrière cet exemple, est de rester connecté à son objectif, quels que soient les coups durs, les moments de doutes, les baisses de forme.

  • … et en même temps, la sécurité aussi.

Oui, la persévérance est une qualité inconditionnelle dans la passation de l’épreuve des 100 combats. Pour autant, si la sécurité du combattant est compromise, si sa santé est en danger, la seule option à envisager est le renoncement. Car renoncer n’est pas un aveu d’échec, c’est prendre conscience à un moment donné que notre écologie personnelle prévaut sur l’atteinte du résultat. Dans le cas contraire, s’obstiner à atteindre un objectif aux dépens de sa santé ou de la sécurité du système dans lequel nous évoluons est une erreur. Christian Morel, dans son excellent ouvrage ‘Les décisions absurdes’ appelle ce phénomène d’obstination à atteindre un objectif coûte que coûte,  la ‘destinationite’.

Pour conclure

Ce 100e billet m’a donné l’occasion de partager avec vous un bref échantillon de ce qui m’a passionné pendant les premières années de ma vie d’adulte. Si ce thème vous intéresse, n’hésitez pas à me le faire savoir dans les commentaires. Si la demande est présente, je pourrai commettre ainsi d’autres billets où je ferai un parallèle entre les arts martiaux, le coaching et le développement personnel. En attendant, pour vous faire une idée de ce qu’est l’épreuve mythique des 100 combats, je vous propose de visionner la vidéo suivante (le défi commence après une présentation de 2 minutes)


L’épreuve des 100 combats Kyoku par jangjo

À la semaine prochaine

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