Oui chers lecteurs, vous êtes bien sur le blog des rapports humains et non, il ne s’agit pas d’un bug du web. Voici la surprise dont je vous parlais dans le précédent billet. Je vous invite donc, cette semaine, à prendre connaissance de la nouvelle mouture de ce blog ainsi que des quelques changements effectués pour, je l’espère,  vous donner toujours plus de plaisir à le parcourir.

Et quoi de mieux qu’un changement pour vous parler… de changement. Car n’oublions pas notre ligne éditoriale consacrée aux rapports humains, dont le changement fait invariablement partie.

J’avais déjà abordé le thème du changement lors d’anciens billets : « Plus ça change, moins ça change« , « Faire du neuf avec du vieux » et « Souris verte et changement« . C’est étonnant de voir comment ma réflexion évolue avec le temps, car aujourd’hui je nuance un peu plus certaines affirmations que j’ai pu partagées avec vous il y a quelques mois.

Faisons aujourd’hui un petit parallèle entre les changements apportés à ce blog et les différents types de changements que Grégory Bateson à mis en lumière dans ses travaux, à savoir type 1 et type 2.

Petit rappel

Un changement est qualifié de type 1 quand seuls quelques modifications ou ajustements sont apportés à l’objet du changement (que ce soit un individu, une organisation, une relation, un comportement, une équipe, etc.) tout en restant dans le cadre de référence de celui-ci. L’objectif principal de ce type de changement est de préserver un certain équilibre dans la structure de l’objet du changement. Paul Wastalwick donnait l’exemple suivant dans son livre « Changements, paradoxes et psychothérapies« :

En proie à un cauchemar, le rêveur a la possibilité de faire plusieurs choses en rêve: courir, sauter, se cacher, se battre, hurler, sauter d’une falaise, etc. mais aucun changement issu d’une de ces actions ne pourra mettre fin au cauchemar”.

Les modifications de comportements s’effectuent au sein même du cadre de référence qu’est le cauchemar.

Le changement dit de type 2 intervient quand ce qui est à changer bascule dans un nouveau modèle de référence qui n’a rien à voir avec le précédent, voire qui peut lui être diamétralement opposé. C’est le fameux « insight » ou deuxième effet kiss cool qui apparaît quand nous voyons soudainement les choses sous un nouveau jour, un nouvel angle de vue, une nouvelle perspective. Pour reprendre l’exemple de Wastalwick, notre dormeur accède à un changement de type 2… dès qu’il se réveille. Son cadre de référence est tout simplement différent. Il n’a plus aucune raison de courir, sauter, se cacher, se battre, hurler, sauter d’une falaise pour la simple raison que sa « réalité » du moment s’est transformée. Il est passé du monde du rêve au monde éveillé.

Vive les changements de type 1

Non, je ne me suis pas trompé, j’ai bien dit type 1. Mais je vous vois venir. Vous allez me dire que je déconne, que seuls les changements de type 2 sont de véritables changements, que je me contredis par rapport à mes billets passés, etc. etc…

Et vous aurez raison; tout comme une grande majorité de coachs qui ne jurent que par le changement de type 2, déclenché par LA question qui tue (certains l’appellent aussi question puissante, mais je trouve ça un peu trop sérieux). Je m’autorise ici à être un peu sarcastique car il m’arrive parfois d’être dans cette quête du Graal. C’est donc aussi de l’auto-dérision que je partage avec vous.

Mais je me soigne :-). Et voici le contenu de mon traitement.

Donc oui, le changement de type 2 est l’idéal dans tout processus de changement. Le fait d’accéder à un nouveau cadre de référence et envisager comme un dos d’âne ce qui nous paraissait être un Everest à franchir, est bien le but de toute démarche d’accompagnement. Mais il y a quand même deux ou trois éléments à prendre en compte.

Appelez-moi Dieu

Là où je « bémolise » le truc, c’est sur le côté pensée magique et tour de passe-passe montré et vendu ici ou là que ce soit sur le web ou dans la boite à décérébrer. Le pire, c’est que cette mascarade trompe non seulement les clients au coaching mais aussi…ceux qui sont sensés les accompagner. En effet, certains individus en mal de reconnaissance ou avec le costume de sauveur qui leur colle à la peau pensent (avec toute la meilleure et bonne volonté du monde, je ne le nie pas) qu’en ayant appris quelques techniques de PNL et lu trois ou quatre livres du rayon développement personnel, ils peuvent s’improviser coachs professionnels. Nous sommes alors en présence de charlatans cultivant sans complexe un sentiment de toute puissance nourrissant uniquement un égo défaillant derrière une attitude montrant l’exact contraire. Bon, je suis un peu sévère mais pas si éloigné que ça de ce que j’observe ici ou là.

Le métier de coach s’apprend dans des écoles de formations au coaching spécifiques, se raffine sur le long terme (j’ose dire sur toute une vie) avec plusieurs modèles de références sur lesquels s’appuyer, se pratique régulièrement, en ayant effectué au préalable un important parcours de développement personnel  et surtout en étant supervisé par un professionnel plus expérimenté. Ce dernier critère n’est pas une option; le coach du coach joue le rôle de régulateur, de modérateur et intervient, entre autre, sur la cohérence et la pertinence de la pratique du coach dans le respect de la déontologie et de l’éthique du métier.

Un bon feu de bois

Un autre élément à prendre en compte pour aborder un changement de type 2 est le temps qu’il faut pour y accéder. Non pas que l’étincelle mette beaucoup de temps à allumer la lumière qui jaillit dans votre esprit, mais force est de constater qu’il est nécessaire d’avoir un terrain bien préparé pour faire jaillir la flamme.

Je continue sur cette métaphore.

Imaginez que l’élément déclencheur (Un évènement marquant, une lecture de référence, une rencontre bouleversante, une découverte ahurissante, la fameuse question puissante :-), etc.)  qui vous fait basculer dans un autre cadre de référence, soit représentée par une allumette; si le foyer que vous souhaitez allumer (vous et votre désir de changement) n’est composé que de brindilles, de paille ou de bois mouillés, vous aurez beau y jeter toutes les allumettes que vous voulez, vous ferez chou-blanc ou vous obtiendrez, comme dit l’expression, “un feu de paille”.

Si, au contraire, vous préparez le foyer en lui apportant toute l’attention qu’il mérite (la recherche de votre équilibre), vous choisissez scrupuleusement les meilleurs combustibles (les éléments de votre motivation, le support de votre changement) et les disposez avec méthode (votre plan d’action), alors l’allumette en question aura beaucoup plus de chances d’allumer le feu. (Tiens, ça me rappelle une chanson… )

Cette préparation demande du temps. Donc, vous aurez compris qu’un changement de type 2 nécessite un terrain favorable et préparé pour y accéder. Et je le répète à ce niveau du billet: oui le changement de type 2 est l’idéal dans un processus de changement.

Alors pourquoi vive le changement de type 1?

Car je suis convaincu qu’il est aussi possible d’obtenir des changements durables dans sa vie par petites touches, par quelques modifications apportées à son quotidien ou par la transformation discrète mais stratégique de quelques éléments clés de son fonctionnement.

Pour reprendre l’exemple du changement de ce blog, je vous confie l’information suivante: j’avais déjà prévu d’apporter des modifications importantes au mois de Janvier dernier. Mais plusieurs croyances limitantes m’ont freiné dans ma démarche et il m’a fallu un délai de neuf mois pour passer de l’idée à l’action. Entre-temps, vous avez peut-être remarqué que j’avais agrémenté les visuels par quelques petites touches légères. Nous étions dans du changement de type 1.

Vous pensez peut-être que le changement actuel est de type 2? Et bien non, toujours pas, car le blog tourne toujours sous WordPress et cette plateforme d’administration de blog en est son cadre de référence. Si j’étais passé sur une autre plateforme de type Joomla, Typo3 ou Blogger alors là j’aurai accédé à un changement de type 2.

Vous voyez donc par les quelques retouches apportées à ce blog, qu’elles soient modestes ou plus poussées, que le changement de type 1 peut donner des résultats visibles sans forcément révolutionner la structure de base qui fait tourner la machine.

Bon, pour un billet de rentrée j’aurais pu faire plus court, je vous le concède; et en même temps l’écriture et nos échanges m’ont manqué. Disons donc que c’est une façon de bien reprendre le rythme 😉

A la semaine prochaine.