Le billet de la semaine sera consacré à ce que certains voient comme un outil, une technique, ou d’autres comme un véritable savoir-être voire un art de vivre.
Souvent négligé ou peu utilisé, il peut être à la fois assourdissant, long, profond, lourd, pesant, gêné, interrompu ou encore glacial, mais ce qui est sûr c’est qu’il existe et qu’il remplit de multiples rôles, j’ai nommé… le silence
« Tais-toi, je t’écoute »
J’ai lu il y a quelques mois un livre entièrement consacré au silence. Ce livre s’intitule : « Tais-toi, je t’écoute » par Gérard Zénoni. Simple, ludique et pratique cet ouvrage illustre bien ce que peut apporter le silence dans tous types de situations quotidiennes dans les domaines professionnels ou personnels.
J’ai déjà évoqué dans un précédent billet, l’importance d’un silence pour qui veut réellement écouter son interlocuteur. Un silence oui, mais un silence bienveillant, empathique appelant justement à déposer à l’intérieur le discours de l’interlocuteur ainsi que ses émotions, ses ressentis, ses résonnances, ses réflexions.
Ce silence peut alors se présenter comme un espace créatif d’où peuvent émerger des bribes de solutions face à un problème, une nouvelle perspective face à une situation vécue comme bloquée ou un nouvel angle de vue face à la représentation unique d’une difficulté.
Il m’est arrivé d’entendre lors d’une séance avec une cliente, alors que je laissais volontairement le silence opéré dans notre échange:
« C’est marrant, c’est en en parlant que je m’en suis rendu compte que... etc. ».
La place que j’ai laissé à ce moment et caractérisé par ce silence bienveillant et accueillant lui a permis d’aller non seulement au bout de sa réflexion, mais en plus de la dépasser et ainsi opérer un début de prise de conscience sur ce qu’elle venait tout juste de dire et qui était limitant pour elle.
Supersilence est mon héros
En dehors de ce cadre de travail d’accompagnement, le silence est un atout majeur dans bon nombre de situations. Il peut alors renforcer une proposition, donner du poids à une remarque, faire tomber l’agressivité d’une personne vociférante et gesticulante devant vous, obtenir un approfondissement de votre interlocuteur si vous souhaitez en savoir plus à son sujet.
Bref, le silence peut littéralement transformer l’aspect d’une relation lorsqu’il est placé au bon moment, au bon endroit.
Le silence oui, mais pas que
Un élément supplémentaire à prendre en compte est la posture ou le comportement à adopter lorsque nous souhaitons placer un silence.
Il ne s’agit pas de laisser le silence s’installer et de regarder ailleurs, d’écouter son propre discours intérieur (et se déconnecter ainsi de la relation à l’autre) ou de parler plus avec votre corps que vous ne l’auriez fait verbalement 🙂
Non, la posture souhaitée pour accompagner un silence est celle de l’accueil inconditionnel et de l’attente bienveillante, de la neutralité émotionnelle. Si c’est vous qui avez créé cet espace, il est de votre responsabilité de le rendre agréable, rassurant, d’en faire un lieu où l’on se sente à l’aise.
Souvenirs, souvenirs
Il existe des situations où le silence s’impose comme la réponse la plus adaptée au contexte.
Je me souviens lors de ma pratique de soignant, des moments douloureux que vivaient les familles lors du décès d’un proche.
Que dire ? Que faire ?
La pratique m’a montré que la meilleure des réponses était justement ces silences accueillants et bienveillants permettant à la famille d’exprimer leurs émotions dans cet espace leur étant pleinement dédié.
D’autres fois, en service de soins spécialisés en psychiatrie, lorsqu’un patient exprimait sa souffrance en hurlant toute sa rage et sa douleur au monde entier (et donc à l’équipe soignante 😉 ), le silence était une bonne méthode pour accueillir son mal-être… et éviter la surenchère de violence. Nous savions que le moindre mot ou tentative verbale de calmer le patient aurait non seulement servi à rien, mais aurait de surcroît décuplé sa colère. Ça ne marchait pas à tous les coups, mais cela a permis de désamorcer bien des situations explosives.
À ce propos, si vous êtes face à quelqu’un qui s’énerve et monte crescendo dans la colère, évitez la phrase classique qui vient en premier:
« Allons, calmez-vous ! ».
C’est le meilleur moyen de le faire monter d’un cran dans sa colère. Tentez à la place l’instauration d’un silence accueillant. La colère tombera d’elle même lorsque l’interlocuteur aura épuisé tout son carburant.
Je ne m’entends plus penser
Pour finir, j’ouvre une possibilité de pratiquer le silence sur un sujet qui peut en avoir besoin parfois: nous-mêmes.
Faire le silence en soi peut apporter un calme et une détente que nous ne connaissons que trop peu avec les innombrables sources de bruits extérieurs ou intérieurs que nous connaissons au quotidien.
Nos pensées parasites, nos ruminations, nos inquiétudes face au passé, au présent, au futur sont autant de bruits intérieurs qui nuisent à notre équilibre. Certaines formes de méditations ou de relaxations favorisent le silence intérieur.
Enfin, je n’aurais qu’une dernière chose à dire: ……..
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Excellent article Christophe ! 🙂
Le silence est aussi/vraiment une arme puissante. Pour te donner un exemple, quand j’enregistrais des interviews radio ou TV, je l’utilisais aussi. En général, une interview c’est une sorte de ping-pong, un question-réponse non stop.
Alors, à un moment précis de notre échange, je posais donc une nouvelle question, écoutais la réponse et quand mon interlocuteur en avait terminé, je ne posais pas d’autre question, j’attendais avec « bienveillance », je continuais à l’écouter. Dans 80% des cas, la personne reprenait la parole – cette fois-ci, plus de filet – et apportait les moments les plus forts de l’interview, en révélant des choses importantes à partager.
C’est une technique connue dans le milieu mais il faut savoir respecter son interlocuteur et ne pas en abuser. 🙂
Bonjour Jean-Philippe
Merci pour ton commentaire
Oui, comme tu l’as bien précisé, il faut savoir utiliser le silence dans un objectif bienveillant. Tu l’as bien illustré grâce à ton expérience en interview et tu as pu constater que le vide créé par le silence est rapidement rempli par l’interlocuteur.
Comme la surface (que représente les premiers propos avant le silence) a été gratté, il reste les couches plus profondes. C’est là que les choses importantes sont situées.
A bientôt
Mais je n’avais pas vu ce « billet » !
Merci (avec juste un an de retard, si j’ai bien compris…)
Je ne cherchais absolument pas à instaurer un quelconque silence « stratégique ».
J’ai découvert ce blog récemment et commence tout juste, quand j’ai un peu de temps, à parcourir d’anciens posts. 🙂
Aucun problème Gérard 😉
Je ne sais pas si tu te souviens, mais j’avais posté un commentaire sur ton blog pour partager mon enthousiasme après avoir lu ton livre.
Merci de parcourir les quelques pages de ce blog.
bonjour
très intéressant , c est dommage que je n’arrive pas a trouver ce livre en bibliotheque
merci