Partage d’expérience à chaud pour ce billet estival (sans jeu de mots). Il y a quelques jours, avec des confrères et consoeurs coachs, nous avons procédé à la nomination de notre prochain président sur l’antenne Côte d’Azur de l’ICF (International Coach Federation). Comme la précédente édition, nous avons décidé d’employer une méthode encore peu connue, mais terriblement intéressante, la sociocratie. Mot pas très joli, qui pourrait se remplacer par “gouvernance dynamique” comme le préfèrent les Anglo-saxons. Le lien avec les rapports humains ? Vous allez comprendre à la lecture de ce billet, que nous sommes en plein dedans…

La sociocratie : d’où ça sort ?

Pour la petite histoire, cette méthode de prise de décision et d’élection a été initiée par un hollandais du nom de Gerard Endenburg. Voyant que l’entreprise qu’il dirigeait partait en sucette, il prit la décision de revoir tout le mode de gouvernance qui était en place. S’inspirant alors de ses compétences en cybernétique, des théories systémiques et des principes d’intelligence collective, il mit au point un nouveau processus permettant à des groupes humains de prendre des décisions d’ordre stratégiques et/ou politiques et de nommer des responsables; le tout en limitant les inconvénients d’autres modèles comme l’autocratie, voire la démocratie (oui, elle a aussi ses limites, mais là n’est pas le sujet).

D’ailleurs, c’est Auguste Comte, philosophe français du début du 19e siècle et considéré comme le père de la sociologie, qui a employé le premier le mot sociocratie . Ce terme signifie littéralement la gouvernance du « socios » c’est-à-dire des personnes qui entretiennent des relations significatives entre eux. La démocratie, en comparaison, c’est la gouvernance du « demos », la masse des gens qui n’ont pas grand-chose en commun en dehors de certaines valeurs de base. L’autocratie quant à elle ,est la gouvernance d’une seule personne : « auto ».

Attention, la sociocratie n’est pas non plus LA méthode révolutionnaire qui va changer la face du monde. Elle a aussi ses limites (que nous verrons plus tard). Pour autant, quand les conditions sont réunies pour pouvoir l’organiser, elle génère un fort sentiment de cohésion et de relations humaines équilibrées; ce qui, vous en conviendrez, manque parfois cruellement dans nos organisations “burnoutisantes”

Les 4 piliers de la sociocratie

Comme très souvent dans les processus d’intelligence collective, quelques règles du jeu sont essentielles à respecter pour que l’ensemble du groupe fonctionne à son plein potentiel.

1- Le cercle

Le fameux groupe humain dont je vous parlais plus haut se nomme le cercle. Suivant la taille de l’organisation, il y a ainsi plusieurs cercles constitués d’individus volontaires pour y œuvrer. À ce jour, il est reconnu que la mise en place d’une gouvernance dynamique fonctionne plutôt bien dans des organisations allant jusqu’à 1500 personnes et quelques entreprises de taille supérieure commencent à l’expérimenter avec succès.

Chaque cercle poursuit un but clairement identifié et organise son fonctionnement comme sous-système de l’organisation. Il établit ses propres politiques sur la base du consentement de ses membres et prend ses décisions à l’occasion de rencontres spéciales aussi appelées cercles de concertation.

2- L’élection sans candidat

Une autre particularité de la sociocratie est de choisir et de nommer des personnes dans une fonction ou dans la délégation d’une tâche sur la base du consentement des membres présents. Je vous parlerai du consentement dans le point suivant.

Pour faire court et simple, lors d’une réunion dont l’objectif est d’affecter une personne à une fonction, tous les membres présents dans le cercle sont potentiellement éligibles au même titre les uns que les autres. Puis, par un système de vote à bulletin ouvert associé à une argumentation en faveur de la personne choisie, chaque membre du cercle nomme la personne qui lui semble la plus à même de remplir la fonction. Tout ceci avec, au préalable, la mise à jour des critères relatifs à ladite fonction.

À première vue, cela pourrait en effrayer certains. Pour autant, le côté presque magique du truc (et vous savez ce que je pense des trucs “magiques”…), c’est qu’au-delà des peurs bien légitimes de chacun, il y a l’intelligence collective et la force du groupe qui accompagnent naturellement le processus vers l’élection d’une personne. Cette dernière finit d’ailleurs elle-même par adhérer à sa propre nomination.

Pour l’exemple, la prochaine présidente de notre antenne associative ainsi que l’actuelle ont toutes deux été choisies par le cercle (et donc par elles aussi, je le rappelle), sans qu’elles en aient eu l’idée auparavant.

Constatant avec joie qu’à ce stade du billet, il me reste encore des tas de choses à vous raconter sur la sociocratie, je préfère le scinder en deux pour alléger un peu la lecture sur écran qui, parfois, peut se révéler fastidieuse.

Je vous invite donc à guetter la suite de ce billet dans les prochains jours où je dévoilerai les deux autres piliers de la gouvernance dynamique (dont mon préféré) et quelques prérequis indispensables à sa bonne conduite.

À très vite…

Source :
http://www.sociocratie.net/
http://www.sociocratie-france.fr/