Nous voici de retour avec l’exploration de toutes ces causes vous conduisant parfois à trop tirer sur la corde de votre bien-être. Le précédent billet était consacré aux drivers et notamment au driver “Fais plaisir”. Pour mémo, les drivers, au nombre de cinq, sont des sortes de programmes internes installés dans votre tête au cours de votre enfance par la répétition de certains messages parentaux (ou figures d’autorité au sens large); Ces programmes automatiques influencent vos comportements et relations (aux autres et à vous-mêmes). Aujourd’hui, j’appelle à la barre le driver “Sois Parfait”, excellent pilote automatique pour vous conduire à faire craquer la corde sur laquelle vous avez parfois tendance à trop tirer.

Tout est carré dans le monde du Sois Parfait

La première chose que l’on remarque chez une personne pilotée par son driver “Sois parfait”, c’est sa tendance à rechercher la perfection dans chaque chose.

Bon OK, là je viens d’enfoncer une porte grande ouverte 😀

Pour autant, le profil type d’une personne pilotée par son driver “Sois Parfait” aura d’autres tendances remarquables :

  • Un petit côté psycho-rigide qui laisse peu de place à l’improvisation ou à la spontanéité
  • Le risque de se perdre dans des détails pour avancer ou finaliser un projet (une autre porte ouverte vers l’abîme de la procrastination…)
  • Un sentiment d’insatisfaction perpétuelle dès qu’une tâche ou action s’est terminée.

Petite anecdote : j’ai eu une cliente il y a quelques temps, pilotée par un driver “Sois Parfait” et marathonienne de son état. Lors d’une compétition, elle avait terminé une ou deux secondes au-dessus d’un temps qu’elle n’avait encore jamais atteint, mais qu’elle s’était fixé comme objectif. Quelle ne fut pas sa déception !!! Gros coup de déprime; même si ce temps réalisé était bien meilleur que ce qu’elle avait fait jusqu’alors, elle restait focalisée sur ces deux secondes de trop.

Son pilote “Sois Parfait” tournait alors à plein régime.

  • Dans le champs professionnel, un manager “Sois Parfait”  aura des difficultés pour déléguer des tâches, considérant qu’il ne peut compter que sur lui-même pour que tout “Soit parfait”.
  • Dans la même veine, être piloté par un driver « Sois Parfait » conduit à adopter un comportement d’hyper-contrôle sur tout (les gens, le temps, l’environnement, etc). L’affaire n’est pas de tout repos, vous en conviendrez…
  • Son perfectionnisme à outrance pourra le conduire tout droit sur la pente du burnout. En effet, deux des caractéristiques majeures de ce syndrome d’épuisement professionnel sont la conscience professionnelle poussée à son extrême et un sens de l’engagement qui ferait pâlir d’envie des marines en période de recrutement.
  • Les critiques, qu’elles soient positives ou négatives, auront aussi beaucoup de mal à être digérées. Logique, car c’est le genre de stimulus qui vient directement appuyer sur le bouton ON du driver qui nous intéresse aujourd’hui.
  • Vous pouvez aussi reconnaître ce type de driver quand la personne s’exprime (ou vous-même d’ailleurs). Ses phrases sont très structurées, avec des points 1 et des points 2, des “petit a” et des “petit b” en veux-tu en voilà. Parfois, ces phrases n’en finissent plus car la personne se noie dans les détails pour être sûre que son message “soit parfaitement” entendu et compris. Du coup, c’est le genre de phrase dont vous ne vous souvenez plus du début lorsqu’elle arrive à la fin.

Bref, le driver “Sois Parfait” conduit son propriétaire à mettre les points sur les i et les barres sur les T.

Pour ne pas jeter bébé avec l’eau du bain

(Vous avez remarqué comment je place de plus en plus mon expression favorite ?)

Comme très souvent dans la psychologie humaine, rien n’est immuable, ni figé dans le marbre; surtout en ce qui concerne nos comportements et habitudes. En fait, quand une personne reprend la main sur son driver “Sois Parfait”, elle peut même en tirer des avantages. Ces avantages sont un peu le verre à moitié plein des inconvénients vus plus haut.

Elle pourra par exemple être une ressource extraordinaire pour repérer les coquilles ou les oublis dans un rapport ou un document. Elles sont aussi dotées d’une formidable persévérance dans la réalisation d’un objectif. Persévérance accompagnée souvent d’une implication sans faille et d’un fort sens de l’engagement (voire aussi le revers de la médaille cité plus haut).

Elle pourra aussi être au top concernant tout ce qui touche à la méthodologie, aux procédures et sera imbattable pour organiser un événement, un projet.

Le driver “Sois Parfait” quand il est piloté par son propriétaire et non l’inverse, est donc un atout considérable dans les domaines où la qualité est érigée au rang de valeur. Par exemple, dans le domaine de l’hôtellerie de luxe, dans la médecine chirurgicale, dans l’aviation civile et militaire, dans l’architecture, dans la joaillerie, bref partout où la précision et la rigueur sont à l’avant plan et où la marge d’erreur est très réduite.

Enfin, au niveau relationnel et une fois passée la tendance à vous mettre la pression sur tout ce que vous faites et vouloir tout contrôler dans votre vie, l’individu à tendance « Sois Parfait » sera globalement quelqu’un de fiable et loyal sur qui vous pouvez vous reposer les yeux fermés.

Comment reprendre la main sur son driver “Sois Parfait” ?

C’est vrai après tout; c’est bien beau de savoir que vous avez un pilote automatique qui s’appelle “Sois Parfait” et qui vous mène par le bout du nez en vous faisant adopter des comportements pas toujours très souples pour vous… ou pour votre entourage.

Comment faire alors pour débrancher le pilotage automatique et reprendre un peu les rennes ?

Pour commencer, remontons un peu à l’origine de ce message contraignant.

Vous vous souvenez ? C’est le message implicite suivant cette injonction qui, à la longue, pèse dans la balance et branche ce driver sur le mode automatique. Ce message implicite délivré par vos figures d’autorités quand vous étiez un “petit nenfant” (parents, professeurs, etc.) qui venait vous susurrer doucement à l’oreille que si vous n’étiez pas le 1er de la classe, que si vous n’aviez pas 20/20, que si vous arriviez second à votre compétition ou que si vous débordiez un peu de la feuille de coloriage, alors c’est que vous ne “valiez” rien, ou que vous n’existiez pas ou que vous soyez à l’origine de leur déception, etc.

Une première piste serait donc de ré-envisager l’appartenance de ce message; ceci en vous posant la question suivante :

A qui appartient cette pensée que je considère être mienne, mais qui me pollue aujourd’hui ?

Dès que vous aurez identifié la réponse (et donc l’origine du message), posez-vous la question suivante :

Ai-je encore besoin de garder cette pensée avec moi ?

Si c’est un “non,…mais” qui émerge en vous, alors c’est peut-être que vous souhaitez conserver les bons côtés de ce driver car vous en avez besoin dans certains domaines de votre vie. Du coup, ce chemin vous conduira à lâcher-prise seulement sur les situations où votre perfectionnisme vient vous polluer (relations, loisirs, vie quotidienne, etc).

Si c’est un grand NON, plein et entier, alors il est grand temps de basculer vers un autre message dont vous pourriez vous faire cadeau en toute conscience et autonomie :

Je m’autorise une marge d’incertitude, voire d’erreur (soyons fous) quant au résultat de ce que j’entreprends

Pas évident quand un tel programme est ancré dans la tête depuis tant de temps, j’en conviens. Mais le bonheur n’est pas au bout du chemin, car le bonheur C’EST le chemin (Paulo Coehlo)

Et si le résultat n’est pas parfait, vous pourrez vous dire que vous avez essayé… à la perfection 😉


Si vous-même êtes guidé par le driver « sois parfait » et voulez en sortir, contactez-moi ici. Nous pouvons travailler ensemble.


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