“De quoi avez-vous besoin?”. Voilà une question simple et qui pourtant peut générer bon nombre de réponses diverses et variées. Nous l’entendons régulièrement dans différents contextes et de la part de différentes personnes. Depuis le vendeur de cuisines ou d’ordinateurs (quand ils sont centrés sur le client et non sur leur bonus 🙂 ) jusqu’au manager à l’écoute des membres de son équipe, en passant par le coach qui explore la situation actuelle de son client, la notion de besoin est au centre des rapports humains et des relations humaines. C’est donc en toute logique que j’ouvre cette semaine ce dossier scindé en plusieurs parties.
Besoin versus Désir
Non, je ne remue pas le couteau dans la plaie de ceux qui ont planché sur la philo il y a quelques jours :-). Il est en revanche nécessaire de bien définir ces deux notions afin d’être plus au clair avec la suite de ce dossier.
Pour faire court et sans vouloir vous amener à prendre un Doliprane à la fin de ce paragraphe, voici ce que je vous propose en guise de hors d’œuvre:
Un besoin est ce qui s’apparente le plus à une nécessité d’ordre vital, fonctionnel, pragmatique. Il appartient au domaine du physiologique et du psychologique voire du relationnel et possède un caractère naturel. Souvent inconscient, le besoin se manifeste sous différentes formes:
- Les sensations: la sensation de faim annonce le besoin de manger, la sensation de soif celui de boire, la sensation de sommeil celui de dormir, la sensation d’avoir froid annonce le besoin de se couvrir, etc.
- Les comportements: Même si les besoins restent fondamentaux et relativement commun à chacun d’entre nous, leur manifestation en terme de comportements peuvent prendre une multitude de formes. Par exemple un comportement de repli sur soi peut satisfaire un besoin de se sentir en sécurité ou dans un autre registre un besoin de se retrouver soi-même. De la même manière quelqu’un qui coupe la parole très souvent à son interlocuteur peut satisfaire soit le besoin d’être entendu, soit celui d’exister en société… ou les deux 🙂
Le désir quant à lui est une représentation consciente d’une volonté nous conduisant à combler un besoin non satisfait. Il est plutôt d’ordre émotionnel, sentimental ou affectif et se présente comme le pendant artificiel du besoin. A noter aussi qu’un même besoin peut générer plusieurs types de désirs suivant un facteur incontournable dans leur apparition: l’Imaginaire de chacun. Pour reprendre l’exemple du besoin de boire, commun à tout le monde, certains peuvent avoir le désir de prendre un verre d’eau pendant que d’autres penchent pour un verre de soda.
C’est en rédigeant ces quelques lignes que j’ai repensé à feu Steve Jobs. Il est de coutume d’entendre que le génie de celui-ci était de créer le besoin auprès des consommateurs de la marque à la pomme. Je ne suis plus aussi sûr de ça maintenant. Compte tenu du caractère affectif et émotionnel qui attachent les aficionados à leur marque favorite, je dirais plutôt aujourd’hui que Jobs était passé maître dans l’art de créer du désir chez les gens. Désir venant combler je ne sais quel besoin de posséder un objet … désirable 😉
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt nos besoins qui eux sont tout ce qu’il y a de plus humains.
Le premier zoom que je vous propose est centré sur le pilier central des études et de la profession d’infirmière: les 14 besoins de Virginia Henderson.
Les 14 besoins de Virginia Henderson
Virginia Henderson était une infirmière américaine du début du XXème siècle qui a largement influencé la conception actuelle des soins infirmiers. Voici les 14 besoins humains qu’elle a inventorié lors de ses travaux sur la prise en charge global du patient.
Le besoin de respirer: Avoir la possibilité d’apporter suffisamment d’oxygène à son corps est une nécessité pour chaque être humain.
Le besoin de boire et de manger : Ceci dans le but de “faire tourner la machine” à un niveau suffisamment efficace pour vivre.
Le besoin d’éliminer : Je ne vous fais pas un dessin. Tout ce qui entre doit bien sortir à un moment donné sous une forme ou sous une autre.
Le besoin de se mouvoir et de maintenir une bonne posture : Bouger, sortir, changer de position, être libre de ses mouvements, décider de se déplacer quand on veut, où on veut.
Le besoin de dormir et de se reposer : J’avoue que c’est mon préféré 😉 Le sommeil de qualité recharge les batteries. Et je ne vous parle pas de la sieste que j’ai érigé au rang d’institution.
Besoin de se vêtir et de se dévêtir : Non seulement c’est la base pour se protéger du climat, mais nous pouvons y ajouter l’expression d’une partie de notre identité psycho-socio-physique.
Le besoin de maintenir la température du corps dans les limites de la normal : Quand il fait chaud il est nécessaire de se rafraîchir, quand il fait froid il est nécessaire de se réchauffer. Comme évidence, je n’ai pas trouvé mieux.
Le besoin d’être propre et de protéger ses téguments : Oui, pouvoir se laver, se coiffer, se couper les ongles, est une nécessité qui évite bien des tracas au quotidien. De plus, la sensation de bien-être après une bonne douche est incomparable. J’en veux pour preuve le ressenti positif des personnes âgées quand les soignants les aide à accomplir cet acte qu’elles ne parviennent plus à réaliser seules.
Le besoin d’éviter les dangers : Ceci est la nécessité pour chaque individu de se protéger contre toute agression externe, réelle ou imaginaire afin de préserver son intégrité physique et psychologique ainsi que son identité sociale.
Le besoin de communiquer : Voici le besoin qui est décortiqué en long, en large et en travers à l’intérieur de ce blog. J’espère que vous y trouvez votre compte 😉
Le besoin d’agir selon ses croyances et ses valeurs : Tiens, ça me rappelle un des niveaux de fonctionnement proposés par Robert Dilts. Il y a un dossier sur les croyances dans ce blog que je vous invite à consulter. Quand aux valeurs elles nous permettent de guider nos actes et pensées au quotidien. Elles sont un peu notre système GPS interne.
Le besoin de s’occuper en vue de se réaliser : Donner un sens à ses actions quotidiennes, s’autoriser à mettre en œuvre son propre développement personnel, exercer ses différents rôles et assumer ses responsabilités, voilà un besoin que beaucoup aspirent à combler mais que peu parviennent à satisfaire.
Le besoin de se récréer : Loisirs en tout genre, lecture, théâtre, sport, jeux vidéo, visites de musées, sorties entre amis, bref tout ce qui peut procurer un sentiment de détente du corps et de l’esprit.
Le besoin d’apprendre : Oui, l’apprentissage n’est pas réservé à nos enfants. Chacun de nous peut à tout âge progresser dans ses connaissances, développer de nouvelles aptitudes, s’adapter à de nouveaux milieux. C’est Roosvelt qui disait que “La seule limite à notre épanouissement de demain sera nos doutes d’aujourd’hui”.
Voici la première partie de ce dossier sur les besoins qui s’achève. J’ai souhaité rendre hommage en premier aux besoins fondamentaux de Virginia Henderson car ils correspondent à ma première activité d’infirmier. La semaine prochaine, retour dans le monde du coaching et du développement personnel avec la pyramide de Maslow et les besoins relationnels d’après Jacques Salomé.
A la semaine prochaine.
Sources:
Quatorze Besoins Fondamentaux Selon Virginia Henderson. Adam Cornelius Bert. [Broché]
http://jadorelaphilo.blogspot.fr/2009/03/cours-le-desir.html
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Bonjour
Cet article me conduit à proposer deux points de réflexion complémentaires :
– quelle différence faisons nous entre besoins implicites et besoins explicites ?
– comment transformer nos pulsions en désirs ?
Pour le premier point, il me semble que nous avons tous des besoins implicites, par exemple : améliorer notre vie, notre confort, nos revenus, etc…, seuls nos besoins explicites, ceux qui peuvent faire l’objet d’une demande claire peuvent donner lieu à un traitement ou une réponse, par exemple : j’ai besoin d’apprendre à mieux communiquer sur mon blog, j’ai besoin de mettre en place ma stratégie, j’ai besoin de travailler mieux, etc…
Le deuxième point consiste plus à être à l’écoute de nous-même : que nous disent nos pulsions, et comment puis-je les transformer en rêves positifs, puis en désirs de changement, ou d’amélioration, qui ensuite pourront être travaillés en axes de développement, et donc en objectifs assortis des moyens adéquats !
Ces deux points me semblent faire partie d’un travail actif et pratique sur la connaissance de soi et la mise en place de son propre développement personnel !
Cette réflexion va aussi dans le sens d’un travail « écologique » avec soi-même, où la recherche de l’harmonie personnelle est l’un des leviers du succès !
A suivre avec le deuxième volet de cet article !
Cordialement
Eric de Pommereau
Bonjour à tous,
Vaste sujet,, C’est un peu difficile de résumer ses besoins,, c’est pourtant si simple à la base,, comme toutes les espèces, notre but est simple : la survie de l’espèce,
Tous les autres en découlent,,, ( de la procréation à la conquête,) , c’est bien entendu trés sommaire, la conscience et l’intelligence font que tout est beaucoup plus compliqué 🙂
Par exemple, en cette periode de soldes, mon seul besoin explicite est une source intarissable de revenus, je m’occupe de faire dispatraitre discrètement tous les autres besoins implicites, lol.
Bonne journée à tous,
Bonjour,
N’oublions pas le désir inconscient, freudien.
Ou le triangle du désir selon René Girard, qui nous pousse à désirer par imitation.
Livrés à nous même, nous n’avons pas forcément de désir « absolu ».
Christophe, je me permets de faire référence à un billet que j’ai écrit sur le sujet :
http://zeboute.wordpress.com/2011/02/25/le-triangle-du-desir-mimetique-rene-girard/
Guillaume.
Merci à tous pour vos précieux commentaires.
Voilà la puissance du web: Partager et s’enrichir mutuellement.
J’aime ça 😉