Petit billet de reprise en cette belle fin de vacances d’été. Cette pause estivale m’a fait m’intéresser à un sujet O combien central dans les Rapports Humains et pourtant très peu abordé dans les pages de ce blog : l’Amour. J’ai bien fait une tentative avec le billet  “les 4 Héros intérieurs en quête d’Amour”, mais le contexte était cadré par le modèle lui-même; peu de risque de m’embourber, donc…

Il est grand temps maintenant de me jeter à l’eau et disséminer ça et là, des billets sur cette thématique aussi vaste que peut l’être l’Océan.

C’est justement pour cette raison que je n’ai jamais vraiment osé me lancer dans la rédaction sur ce thème. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été sollicité de votre part chers lecteurs (méa culpa pour vous avoir fait attendre), ou par manque d’intérêt. Non, le sujet me paraissait tellement vaste et aux ramifications tellement multiples que je voyais plus le sommet de la montagne à gravir que les premiers pas sur le chemin pour m’y conduire.

Pour ne rien vous cacher, j’ai pas mal bouquiné depuis quelques mois sur le sujet. Vous me connaissez un peu, je n’allais pas m’engager dans l’aventure en me basant uniquement sur ma modeste expérience en la matière et où mes seules perceptions (forcément subjectives) ne sauraient faire foi en ce qui concerne les éléments fondamentaux de la relation amoureuse. Et puis, le hasard n’existant pas (et pour ne vraiment rien vous cacher !!), vous aurez peut-être aussi deviné que j’ai été moi-même un tant soit peu concerné par la chose ces temps derniers… 😉

Commençons donc avec l’un de ces éléments fondamentaux pouvant apporter un peu de conscience sur la façon dont nous pouvons être en lien dans une relation amoureuse : les styles d’attachement.

Les styles d’attachement

A l’origine, la notion de styles d’attachement a été instauré par un psychiatre du nom de John Bowlby. L’attachement est défini par Bowlby comme « un équilibre entre les comportements d’attachement envers les figures parentales et les comportements d’exploration du milieu.» (Bowlby J.,Attachement et perte, Paris, PUF, 1978). Pour faire court, Bowlby attribuait à l’enfant différentes façons d’être en lien avec la figure d’attachement principal (en général, la mère). C’est la qualité de ce lien qui donne la “couleur” du style d’attachement.

Bowlby décrivait ainsi quatre styles d’attachement :

  1. Style d’attachement sécure (les émotions de l’enfant sont adaptées lors du départ et du retour de la figure d’attachement)
  2. Style d’attachement insécure évitant (émotions sous-exprimées)
  3. Style d’attachement insécure anxieux (émotions sur-exprimées)
  4. Style d’attachement  désorganisé (émotions contradictoires et inadaptées)

En fonction de ces différentes façons d’être en lien avec sa mère, le bébé devenu adulte adoptera de près ou de loin, le même style d’attachement dans sa future relation amoureuse.

Le style d’attachement sécure

Les personnes au style d’attachement sécure sont plutôt à l’aise dans leurs relations intimes et affectives. Elles n’éprouvent pas de craintes irraisonnées vis-à-vis d’autrui et font plutôt facilement confiance. L’engagement n’est pas un problème pour elles et l’absence de l’autre pour X et Y raisons est vécu de manière plutôt sereine. D’ailleurs, elles font facilement la différence entre les moments d’intimité partagée et les moments d’intimité personnelle, qu’elles respectent, pour elles comme pour leur partenaire.

En général, les personnes au style d’attachement sécure ont une bonne estime d’elle-même, se sentent “aimables” (c’est à dire dignes d’être aimées) et conscientes de leur et leurs valeur(s). Elles sont conscientes de la satisfaction ou de l’insatisfaction de leurs besoins et savent comment les exprimer. Elles s’épanouissent aussi bien dans le célibat que dans les relations amoureuses.

En résumé, pour les personnes au style d’attachement sécure, l’amour n’est pas un problème. Elles s’aiment autant qu’on les aime.

Le style d’attachement évitant (ou fuyant)

Les personnes ayant une tendance au style d’attachement évitant (ou fuyant), connaissent généralement des difficultés avec tout ce qui est de l’ordre de l’intimité psychologique. Leur engagement dans les relations reste la plupart du temps en surface avec, en toile de fond, une volonté farouche de se prémunir des émotions négatives. Pour autant, elles ne sont pas non plus très à l’aise avec les émotions positives. Du coup, l’une de leur croyance fondamentale ressemblerait à “on n’est jamais mieux servi que par soi-même”.

En amour, les évitants érigent en dogme leur indépendance, liberté ou autonomie. Ainsi, tout ce qui prend la forme d’un engagement, de près ou de loin,  leur donne de l’urticaire et peut les faire réagir de manière inappropriée (rupture soudaine de la relation dès que le partenaire évoque des projets ou des situations un peu plus implicantes). L’avantage des évitants (si l’on peut dire) est qu’en cas de rupture, ils semblent moins souffrir. En effet, le détachement émotionnel dont ils font preuve leur permet de se préserver à minima de la douleur de la rupture. Pour autant, il n’est pas exclu que ce qui ne peut être exprimé émotionnellement ne le soit pas d’une autre manière; somatiquement par exemple. De fait, les évitants ont plus tendance que les autres à “somatiser”. Leur corps s’exprime quand leur cœur ne le peut pas.

En résumé, pour les personnes au style d’attachement évitant, l’amour devient un problème quand la relation devient “sérieuse” (vue de leur fenêtre).

Le style d’attachement anxieux (ou préoccupé)

Les personnes au style d’attachement anxieux (ou préoccupé) ont un besoin exacerbé de soins et d’attentions de la part de leurs partenaires. Elles éprouvent une inquiétude disproportionnée vis-à-vis de leur relation dont elles sont souvent dépendantes et ont un grand besoin d’être rassurées. Leur principale inquiétude concerne le rejet ou l’abandon. Du coup, lorsqu’elles perçoivent un éloignement du partenaire (même sans le moindre début d’idée de séparation) elles sont submergées par un flot d’émotions négatives qu’elles ne parviennent pas toujours à contrôler. S’ensuit alors des comportements inadaptés comme une tendance à l’agressivité (reproches, jalousie, sarcasmes) ou à l’étouffement (possessivité, harcèlement, demandes répétées, appels en tout lieu et à toute heure).

S’ensuit alors l’un des grands classiques des relations humaines : Générer soi-même précisément l’objet de notre crainte. Dans le cas présent, la personne au style d’attachement anxieux (dont je rappelle que la crainte principale est le rejet et l’abandon) fera fuir son partenaire qui se sentira sous pression et étouffé par tant de sollicitations.

En résumé, pour les personnes au style d’attachement anxieux, l’amour devient un problème quand il semble leur échapper (vue de leur fenêtre)

Le style d’attachement désorganisé (ou préoccupé/fuyant)

Les personnes au style d’attachement désorganisé (ou préoccupé/fuyant) sont un peu un mix des deux premiers. Non seulement elles sont mal à l’aise dans l’intimité, mais paradoxalement elles ont un grand besoin de contact. Généralement elles se trouvent insatisfaites dans leur relation car le manque d’estime d’elles-mêmes ne pourra jamais être comblé par leur partenaire.

Elles adoptent plutôt un comportement ambivalent du genre “Je t’aime, moi non plus” ou “Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis”. Bref, leurs relations sont aussi stables que peut l’être une caisse de nitroglycérine dans un manège à sensation à Disneyland…

En résumé, pour les personnes au style d’attachement préoccupé/fuyant, l’amour est un problème; toujours, partout, tout le temps, avec tout le monde (si ça c’est pas une généralisation…)

Les combinaisons gagnantes… et les autres

Vous aurez compris qu’en fonction des styles d’attachements des uns et des autres, les relations amoureuses peuvent se révéler plus ou moins harmonieuses ou chaotiques. Il y a ainsi des combinaisons qui semblent être plus favorables à un certain équilibre dans le couple que d’autres. Bien sûr, cet équilibre ne se résume pas à ces combinaisons, mais force est de constater qu’elles pèsent leur poids dans la balance. D’autant plus que, je le rappelle, ces styles d’attachement sont issus de notre petite enfance. Du coup, pour faire évoluer un style peu favorable à la stabilité relationnelle dans le couple, il est de bon ton d’entamer un peu de ménage dans le placard à fantômes et déloger ceux qui tirent les ficelles de l’attachement.

La combinaison Sécure / Sécure

Pas de souci particulier. Les choses se font dans la souplesse et dans une certaine forme d’harmonie. Chacun est acteur de la relation dans un équilibre en respectant autant les moments d’intimité partagés qu’individuels.

La combinaison Fuyant / Fuyant

Aussi bizarre que cela puisse paraître, la relation peut fonctionner car chacun des partenaires satisfait son besoin d’indépendance de la même manière. Ainsi, même si aucun engagement n’est pris pendant des années, les partenaires s’épanouissent dans une forme de relation distante où le vécu « au jour le jour » est l’objectif premier. Le risque à minima pour cette combinaison est une forme de lassitude s’installant avec le temps, avant même que les partenaires soient plus impliqués dans leur relation (mais il n’y a aucune règle en la matière, entendons-nous bien).

La combinaison Préoccupé / Préoccupé

Là encore, la relation peut se trouver en équilibre. En effet, les deux partenaires seront très présents l’un pour l’autre et feront preuve de démonstration affective à foison. Il peut s’agir des couples dits fusionnels où l’idée de vivre l’un sans l’autre leur est simplement inconcevable. Le risque à minima pour cette combinaison est de vouloir brûler certaines étapes nécessaires à la construction du couple, avant de prendre des engagements significatifs (mais il n’y a aucune règle en la matière, entendons-nous bien là aussi).

La combinaison Sécure / Fuyant

Le truc peut fonctionner du moment que le sécure est OK avec le besoin d’indépendance du Fuyant. Si ce dernier se sent suffisamment libre dans la relation, sans pression ni sensation d’étouffement, il pourra s’épanouir dans son couple. Il sera alors plus ouvert et réceptif lorsque des sujets liés à l’engagement arriveront sur le tapis. Pour autant, le Fuyant n’est pas exempt d’un travail sur lui-même afin de développer la confiance qu’il peut avoir en l’autre et laisser un peu plus de place aux émotions.

La combinaison Sécure / Préoccupé

La encore, la relation peut fonctionner du moment que le sécure témoigne facilement et régulièrement ses sentiments au Préoccupé et le rassure dans la relation. Bien entendu, dans les limites de ses propres besoins. En effet, le postulat est que rien d’extérieur ne pourra suffisamment combler un anxieux dont le manque se situe à l’intérieur de lui-même. Il devra donc effectuer aussi un apprentissage personnel pour s’apaiser dans la relation.

La combinaison Fuyant / Préoccupé

Bon, là je ne vous cache pas que c’est la pire des combinaisons. Imaginez un anxieux avec un besoin de reconnaissance exacerbé donner et/ou demander à son partenaire plutôt mal à l’aise avec l’engagement et les émotions des signes de démonstration affective ou lui faire des promesses d’amour et de projets à moyen et long terme… Autant vouloir faire un mélange avec de l’eau et du feu.

L’antithèse de la relation épanouie, équilibrée et harmonieuse se trouve dans cette combinaison explosive.

Voilà pour ce billet de reprise concernant un nouvel axe d’échanges sur le blog. Bon, pour le côté “petit”, je repasserai 🙂

Je suis curieux d’avoir vos commentaires et avis sur la question…


Si vous-même êtes dans une relation dysfonctionnelle, il se peut que vous ou votre partenaire connaissiez un style d’attachement à questionner. Contactez Raja ici. Vous pourrez peut-être travailler ensemble.


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