Partager la publication "3 piliers pour sortir d’une dépression – Les changements – [Dossier psy]"
Nous voici au terme de ce dossier psy consacré aux 3 piliers pour sortir d’une dépression. Pour mémo, le premier pilier traitait du traitement, le second de la psychothérapie et nous allons voir aujourd’hui le dernier des piliers; les changements. Ce qui constitue d’ailleurs une jolie passerelle entre mes deux activités professionnelles 😉
Pourquoi le changement est-il un pilier de la sortie de dépression ?
Comme je le disais dans le précédent billet, une dépression n’arrive jamais par hasard. Au-delà des facteurs biochimiques, génétiques et symptomatiques, cet état (car on parle aussi d’État dépressif) est aussi un résultat. Le résultat de plusieurs facteurs qui, mis en synergie, peuvent faire le lit d’une dépression.
Nous sommes le fruit de notre éducation, de nos expériences, de nos interactions avec notre environnement ou encore du regard qu’ont porté sur nous nos figures d’autorité. Au fur et à mesure que nous avançons dans la vie, nous construisons à l’intérieur de notre tête, tout un monde très subjectif issu de toutes nos perceptions et où les trois quarts de ce qui s’y passe échappent complètement à notre conscience. Une grande partie de ce monde s’étant d’ailleurs construit dans notre enfance, quand le terrain était encore “vierge”. Et pour peu que certaines constructions reposent sur des fondations fragilisées, il y a risque d’effondrement quand survient un événement pouvant s’apparenter à un tremblement de terre.
En restant sur l’image des constructions, il se peut même qu’une structure s’effondre après juste une petite secousse. Pourtant, en creusant un peu, on s’aperçoit que cette même structure a déjà été fragilisée par le passé lors de plusieurs tremblements de terre.
Exemple (pour revenir un peu dans le concret) :
Jean est dirigeant d’une petite PME dans le domaine du service aux entreprises depuis une bonne vingtaine d’années. Il a récemment “craqué” suite à une augmentation conséquente de son carnet de commandes auquel il pensait ne pas pouvoir faire face. Pourtant, en tant que chef d’entreprise, il a connu moult difficultés et rebondissements dans sa vie d’entrepreneur; difficultés qu’il a toujours su gérer sans problème. Lui-même ne comprend pas ce qu’il lui arrive. En creusant un peu son vécu émotionnel ces dernières années, j’ai entendu que Jean avait vécu il y a quatre ans une situation émotionnellement chargée avec l’un de ses managers (voici l’image du tremblement de terre dont je parlais plus haut). Cet épisode ayant impacté le fonctionnement de son entreprise à différentes périodes (je dirais que ce sont les répliques du tremblement de terre). Tous ces épisodes s’étalant sur quelques années. Au final, l’événement du carnet de commandes qui explose n’est qu’un révélateur émotionnel de ce que Jean a enfoui au fond de lui. Les nuits sans sommeil et le stress en “perfusion continue” ont fait le reste et ont eu raison de ses capacités de régulation et d’adaptation.
Le changement est donc un objectif à part entière quand il s’agit de reconstruire une structure qui s’est effondrée. Si vous la reconstruisez avec les mêmes matériaux, sur les mêmes fondations et dans le même environnement, la question ne sera plus de savoir SI elle va à nouveau s’effondrer, mais plutôt QUAND elle va à nouveau s’effondrer.
Changer est donc un pilier incontournable pour se donner toutes les chances de sortir d’une dépression.
Changer c’est bien, mais changer quoi ?
Commençons par voir ce que vous ne pouvez pas changer. Ça évitera pas mal de gaspillages en terme d’énergie et de temps.
-
L’Autre
Pour reprendre une célèbre formule de Jacques Salomé, “Le changement est comme une porte qui s’ouvre de l’intérieur”; autrement dit, il est vain de vouloir faire changer quelqu’un qui n’a pas le désir de changer.
-
L’injustice de la Vie
La Vie a parfois un humour un peu douteux; nous n’y pouvons rien; elle est comme ça la Vie; parfois belle et lumineuse, parfois bien lourde et douloureuse. Acceptons-la.
-
L’inadéquation de l’Homme
Autant nous sommes des êtres parfaits sur bien des plans, autant nous sommes aussi remplis de paradoxes, de failles, de parts d’ombre. Vous, comme moi, comme tout le monde. Acceptons-le. Acceptons-nous.
-
L’inévitabilité de la fin et de la mort
Je reprends encore une citation philo d’un certain Héraclite d’Éphèse qui disait que “Rien n’est permanent, sauf le changement”. Tout ce qui commence prendra inévitablement fin à un moment ou un autre. Acceptons-le.
-
L’irréversibilité du passé
Je ne vous fais pas un dessin. Aussi difficile ou glorieux que soit votre passé et bien qu’il ait fait de vous ce que vous êtes, l’important est ce que vous faites AUJOURD’HUI avec ce que vous êtes. C’est là que se construisent les changements. Acceptons-le.
-
L’imprévisibilité du futur
A ce jour, je ne connais qu’une seule science qui puisse prédire l’avenir de manière relativement fiable (et encore, sur quelques jours seulement); c’est la météorologie. À part ça, le futur est juste composé d’hypothèses. En faire des certitudes ouvre la porte à l’anxiété et à la frustration (quand les attentes sont en décalage avec les faits). Les seules choses qui dépendent de vous dans ce contexte sont les décisions que vous prenez aujourd’hui pour construire votre demain. Acceptons-le
Passons maintenant à ce qui est possible de changer dans sa vie en général et en sortie de dépression en particulier
-
Changer d’environnement
Bien que, selon la psychologie positive, l’environnement représenterait seulement 10% de notre aptitude à être heureux, j’ai pu aussi voir des personnes complètement pressurisées et broyées par un environnement toxique au possible. Et toutes les bonnes intentions du monde pour “changer de regard” ou “se détacher” dudit environnement ont fait office de pet de mouche sur un feu de forêt. Ces personnes ont trouvé leur salut dans la pure et simple extraction de leur environnement.
-
Changer de regard
Bien sûr que changer de perspective sur une situation peut aussi vous permettre de la vivre différemment. C’est même un peu la base de tout accompagnement en coaching ou en thérapie. Changer de regard revient dans un premier temps à prendre un peu de recul sur des situations vécues difficilement, puis dans un second temps, à explorer d’autres réponses possibles; et enfin à adopter l’une de ces réponses quand elle vous convient et que vous constatez qu’elle fonctionne bien pour vous.
-
Changer d’habitude / de comportements
C’est tout l’enjeu des approches comportementales. Avec le temps, une grande partie de votre fonctionnement quotidien s’effectue en mode automatique; ce sont vos habitudes. Et même si vous vous apercevez que ces habitudes vous desservent plus qu’elles ne vous servent, en changer n’est pas une mince affaire; c’est pourtant nécessaire dans une démarche de développement ou de thérapie. Pour les comportements, ils sont le résultat du duo Pensées/Émotions, lui-même s’imposant de différentes façons suivant les situations que vous vivez. Il y a donc trois portes d’entrée pour installer un changement en soi : celle des pensées, celle des émotions et celle des comportements. D’où le nom de ces nouvelles thérapies dites de 3e vague, les TCCE (Thérapies Cognitivo-Comportementales et Émotionnelles)
-
Changer de croyances
Vu de ma fenêtre, c’est la pierre angulaire d’un changement durable. Proche du changement de regard, le changement de croyance vous invite à reconsidérer vos certitudes concernant ces trois éléments : Vous, l’Autre, le Monde. Il s’agit donc de revoir la façon dont vous vous représentez ces trois éléments et ainsi d’en modifier l’impact sur ce que vous vivez au quotidien. Quand il s’agit de dépression, il y a fort à parier qu’un certain nombre de croyances dites “limitantes” viennent polluer votre vie. Sortir d’une dépression (et éviter d’y revenir) passe donc aussi par le changement de certaines certitudes que vous pouvez avoir sur vous-même, les Autres ou le monde qui vous entoure. Pour en savoir plus sur les croyances, je vous invite à lire ce dossier que j’avais réalisé dans la première année d’existence de ce blog.
-
Changer de relations
Autre levier sur lequel agir pour obtenir des changements, les relations; et en cas de dépression, j’ai souvent constaté qu’il s’agissait de relations toxiques. Qu’elles soient entretenues avec un ami, un conjoint, un patron, voire avec certains membres de la famille, les relations toxiques agissent comme un poison à diffusion lente sur l’équilibre psychique d’un individu. Souvent, vu de l’extérieur, le lien est évident entre le mal-être d’une personne et la toxicité d’une relation qu’elle vit. Pour autant, elle se sent aussi incapable de mettre un terme à cette relation. Il y a bien sûr toute la partie des croyances que nous avons vues juste au-dessus, mais il y a aussi toute la partie concernant l’attachement et le lien à l’autre. Entrent alors en scène toutes les problématiques liées à l’abandon, au rejet, à la trahison, à la culpabilité, et j’en passe.
En conclusion
Il y aurait tant à dire sur le changement. D’ailleurs, ça me donne l’envie de commettre un prochain article sur le sujet. Je vais m’y pencher 😉
Pour conclure ce dossier sur les trois piliers pour sortir d’une dépression, je le résumerai comme ça.
Si vous sortez de cette période difficile et douloureuse qu’est la dépression, et si vous souhaitez mettre toutes les chances de votre côté pour éviter d’y revenir, voici trois éléments incontournables à respecter :
- Suivre le traitement antidépresseur prescrit par votre médecin de manière rigoureuse, sur un délai allant de six mois à un an (pour une première dépression).
- Vous faire accompagner par un professionnel de la thérapie dans le but d’explorer et “travailler” sur les éléments qui vous ont conduit dans ce tunnel obscur.
- Opérer des changements dans votre vie afin de sortir d’un cycle dont l’issue fut la dépression et en démarrer un autre où l’issue sera votre capacité à vivre votre vie de manière autonome en vous sentant à VOTRE place quelle que soit LA place où vous serez. Ceci en faisant des choix clairs, en étant conscient de vos propres besoins et en étant en mesure de les satisfaire.
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux.
Bel article, très bien étayé. Continuez
Merci Anne pour votre retour 🙂
Oui la dépression a un côté « maladif » qui nécessite du soin.
Il arrive cependant que le suivi médical soit impuissant ou inefficace de façon durable pour aider la personne à reprendre pied, retrouver ces fameux piliers qui lui permettra de « renaître », de reconstruire quelque chose de différent et qui lui convienne mieux.
L’approche du coach senior que je suis a permis pour certains de mes clients « aussi » pour certains de mes clients de sortir des traitements qui devenaient lassants et même parfois usant.
L’idée est de retrouver des bases, un système de soutien, et surtout l’envie d’avoir envie 🙂 !
Une approche positive, un accueil de l’émotion et un travail sur soi et sur l’intelligence relationnelle est aussi parfois, avec une nécessaire expérience confirmée de l’humain, font aussi parfois partie du métier de coach. En tout cas dans l’approche que je développe.
Cordialement à l’écoute…
Eric de Pommereau
Bonjour Eric
Merci pour ton commentaire et ravi de te lire à nouveau 🙂
Je crois que tout existe, car dans l’autre sens, j’ai aussi vu des personnes ayant déjà effectué un travail de coaching sous différentes formes, sombrer en dépression pour diverses raisons. Tu sais comme moi qu’il n’y pas de Vérités établies en ce qui concerne l’accompagnement de l’Humain.
Et je te rejoins bien sûr sur l’approche différente que propose le coaching (quand il est conduit de manière professionnelle) pour accompagner les changements dans la vie de ceux qui le souhaitent.
Au plaisir d’un prochain échange.
Bonjour Christophe,
Merci pour cet article et tout ce dossier très bien construit. Parfois changer fait plus peur que de continuer à subir. Alors les personnes préfèrent rester dans leur inconfort parce qu’elles le connaissent, elles en ont l’habitude. Je crois que c’est Einstein qui a dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Lorsque les personnes confrontées à des situations toxiques décident de sauter le pas, il est en effet indispensable qu’elles soient accompagnées d’un professionnel.
Concernant le changement, il est fort salutaire de prendre conscience de ce sur quoi on peut agir et de ce qui ne dépend pas de nous, histoire de ne pas construire des attentes démesurées ou se retrouver frustré.
J’ai bien aimé l’image du pet de mouche 😉
Bonne journée,
Amicalement,
Isabelle.
Merci Isabelle pour ton retour.
Ton commentaire m’a fait pensé à l’histoire de la grenouille.
Si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond ; alors que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée.
Combien de personnes sont ce deuxième cas ?
Bonjour Christophe ,
J’adhère complètement à cet article. Il correspond à ma réalité . Je suis en sortie d’un état dépressif et en cours de sevrage de l’Ad. D’ailleurs j’ai oublié de le prendre ce matin ! je suis dans la phase où je m’interroge sur mes relations amicales . Sinon depuis 18 mois, j’ai un suivi avec un médecin psychiatre, des prises en charge psychothérapeutiques, méditations, changement de l’environnement professionnel et….beaucoup de promenade à pied .
Merci pour ton blog.
Une Deuxième isabelle.
Merci pour ce témoignage Isabelle.
Vous illustrez parfaitement le sens de mon message dans ce dossier.
Bon chemin 🙂
Il est évident que des changements sont à mettre en place pour éviter de sombrer à nouveau dans la dépression. Je pense même qu’ils sont à mettre en place le plus tôt possible.
Un passage à vide doit nous inciter à prendre des décisison (parfois radicales) pour changer notre vie et notre état d’esprit.
Un changement dans l’alimentation est également à envisager, car le système digestif est en lien très étroit avec nos émotions. Des intestins fatigués vont bien souvent provoquer des baisses d’énergie et des pensées négatives.
Bonjour,
J’ai vécu 14 ans avec une perverse narcissique, (on va dire heureusement à mi temps!!)eh oui les femmes aussi. Je me définissais comme heureux de vivre « chauvin objectif et épicurien modéré », jamais dans les extrêmes. Puis elle vous convainc, qu’on a un problème qu’il faut aller voir un psy
Curieusement c’est elle qui a mi fin à la relation. 3 ans après j’ai perdu toute ma joie de vivre. J’ai perdu toute estime de moi, Les qualités que l’on me donnait d’après elle étaient pure invention, y compris mon humour à deux balles etc etc
J’ai 70 ans, je fait un travail de prospection, seul à la maison, et je déprime de plus en plus, alors qu’avant je faisais cela sans me poser de question, surtout aussi parce que j’ai une mère qui est bientôt centenaire et qui prend le relais dans la manipulation, la culpabilisation, et le harcèlement téléphonique pour un oui ou un non. Cela ajoute à ma souffrance et je me dis, même si je ne lui souhaite rien de mal, combien de temps va encore durer ce calvaire…………mais c’est en lisant votre article que je me dis dois je arrêter de faire un job qui ne me plait plu, alors que je continue pour garder cela comme prétexte, et ne pas être corvéable à merci, et reste aussi le fait que j’ai toujours beaucoup travaillé et que je n’ai pas préparé ma retraite en me disant, comment vais je m’occuper?
Mais plutôt que de me dire combien va durer ce calvaire, une de vos phrases me fait dire. (A ce jour, je ne connais qu’une seule science qui puisse prédire l’avenir de manière relativement fiable (et encore, sur quelques jours seulement); c’est la météorologie. À part ça, le futur est juste composé d’hypothèses. En faire des certitudes ouvre la porte à l’anxiété et à la frustration (quand les attentes sont en décalage avec les faits). Les seules choses qui dépendent de vous dans ce contexte sont les décisions que vous prenez aujourd’hui pour construire votre demain. Acceptons-le. Donc je dois accepter sans me poser de question cet état de fait.
Mais je peux aussi me dire que ce n’est pas parce qu’elle a cet âge qu’elle a tous les droits!!!!!!
Cordialement
P.