Partager la publication "5 grands paradoxes du développement personnel… et comment les éviter (Partie 3/3)"
Nous voici au terme de ce triptyque d’articles consacrés aux 5 grands paradoxes que j’ai eu l’occasion d’observer dans le petit monde du développement personnel. Il nous reste à voir aujourd’hui le dernier d’entre eux, qui (entre nous) en a usé plus d’un chez mes clients et patients ainsi que dans mes connaissances : trouver le bonheur sans le chercher. Je pourrais aussi le qualifier de « paradoxe du bonheur »
Ce n’est plus un scoop; en à peine une quinzaine d’années, la quête du bonheur est passée d’une simple intention à une véritable obsession. Il n’y a qu’à se rendre dans le rayon développement personnel des librairies pour constater la montée en puissance du phénomène. En parallèle, toute une économie de marché s’est développée autour de ce concept et génère aujourd’hui plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaire (stages, vidéos, conférences, thérapies, coaching, séminaires, formations, études, associations, etc.).
Tout ceci ne peut pas se faire sans conséquence. La première d’entre-elles est celle de modeler petit à petit votre façon de voir le monde. La seconde est le risque de vous mettre une pression inutile si vous souhaitez reprendre votre vie en main.
Bienvenue à Croyanceland.
Comment se construit une croyance ?
Pour rappel, une croyance est une conviction, une certitude, une vérité que nous avons sur soi, sur les autres ou sur le monde qui nous entoure. Au départ, une croyance n’est qu’une idée, une supposition voire juste un doute. Pour se développer et finir en croyance, cette idée a besoin de messages récurrents (ou d’un événement à forte charge émotionnelle) prouvant par A + B qu’elle est légitime et qu’il n’y a qu’elle qui existe. Petit à petit, par un mécanisme psychologique au doux nom de “biais de confirmation”, vous finirez par voir et percevoir (chez vous, chez les autres et dans le monde qui vous entoure) uniquement les éléments venant “confirmer” votre croyance; les autres éléments, ceux qui pourraient “infirmer” votre croyance, resteront tout bonnement invisibles à vos propres yeux.
Prenons un exemple dans le domaine des relations humaines.
Un nouveau collaborateur est sur le point d’arriver dans votre service. Certains de vos collègues actuels le connaissent déjà pour avoir travaillé avec lui par le passé et vous en dresse un tableau pas très sexy; râleur, tatillon, psycho-rigide, bref le gars arrive avec un beau costume taillé pour l’hiver.
En restant avec le germe de cette idée en tête et si vous ne prenez pas un peu de distance avec les messages de vos collaborateurs, vous pouvez être sûr qu’à l’arrivée effective du nouveau dans le service, vous ne verrez que les éléments comportementaux venant confirmer l’opinion que les autres ont de lui. Vous voilà au final avec une belle croyance limitante collée aux baskets (relationnellement parlant) . Du coup, votre propre comportement s’en trouvera légèrement modifié et influencera la qualité de la relation avec ce nouveau venu (et pas forcément dans le bon sens).
Le paradoxe du bonheur
Tout ça pour vous dire que les messages (voire les injonctions) véhiculés sur le bonheur depuis ces dix ou quinze dernières années ont le potentiel de vous prouver par A + B que l’idée même de la recherche du bonheur est d’une légitimité sans faille et qu’il n’y a qu’elle qui devrait être au centre de vos préoccupations quotidiennes. Et voilà comment d’une simple intention naturelle qui en fait ne date pas d’hier (déjà au IIIème siècle avant J.C, le philosophe Epicure se penchait sur la question du bonheur), on bascule dans une obsession pouvant conduire droit dans le paradoxe du bonheur.
Et voici quelques exemples de croyances associées à cette obsession :
- Trouver le bonheur est une bonne chose
- J’ai droit au bonheur
- Si je ne trouve pas le bonheur, alors c’est que j’ai un problème
- Tout ce qui n’est pas bonheur doit être écarté de ma vie
- Si je parviens à trouver le bonheur, il ne faut surtout pas qu’il m’échappe
- Reprendre ma vie en main signifie que j’aurai accès au bonheur
- …
Que ces croyances vous paraissent limitantes ou pas relèvent précisément de la façon dont vous les percevez. Pour autant, ne trouvez-vous pas que, dans ces exemples, le bonheur est considéré comme un “objet”, un “produit” qui serait susceptible d’être consommé ? Faites le test pour voir; remplacez le mot “bonheur” par le mot “chocolat” et vous verrez que ces vérités établies restent cohérentes.
Le fil rouge derrière toutes les injonctions sur le bonheur est que ce dernier serait atteignable pour peu que vous fassiez “tout bien comme il faut”, comme un bon élève qui apprend bien sa leçon. Là où la démarche devient un peu limite à mon sens, c’est quand ledit bonheur ne pointe pas le bout de son nez et qu’un vague sentiment de culpabilité commence à émerger dans votre tête.
Et c’est précisément là que réside le paradoxe du bonheur que je décris dans ce dernier article.
Le bonheur est-il vraiment un produit susceptible d’être “trouvé” ?
Qui ne cherche pas… trouve
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que je ne vous ai pas perdu en route. Bravo et merci pour votre persévérance.
Lors de mon aventure sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, mon objectif de départ était d’une simplicité déconcertante : me rendre à Saint Jacques de Compostelle. Durant les presque 800 kilomètres que je parcourais pour m’y rendre, j’ai connu un melting-pot d’états physiques, psychologiques et émotionnels pouvant être perçu comme le concentré d’une vie.
Douleurs / bien-être, enthousiasme / ennui, énergie / fatigue, doute / confiance, solitude / relation, tout était là… en équilibre. Ce que je vivais au jour le jour, sans filtre, sans superflu, sans artifice, forgeait en moi une toute nouvelle croyance; celle d’être convaincu que l’équilibre EST la vie; qu’il n’y a rien de tout bon ou tout mauvais en soi. La différence en terme de bien-être (et peut-être de bonheur ?) se situe là où mon attention se porte la plupart du temps.
Par exemple, est-ce que je reste scotché à l’ennui ressenti sur certaines portions du chemin qui n’en finissent plus ou est-ce que je savoure plus durablement les moments partagés le soir autour d’un bon repas ?
Les deux situations existent; elles font partie de ma réalité du moment. La question est de savoir à laquelle je choisis de donner de l’importance ?
C’est en arrivant à destination, un mois après mon départ, que je me suis aperçu que tout ce que j’avais vécu pendant le voyage était largement plus satisfaisant que l’atteinte de mon objectif. Ce qui me reste encore aujourd’hui de cette aventure vient exclusivement de l’expérience vécue sur le chemin, pas de mon arrivée.
Au final, je pense avoir trouvé sur ce chemin quelque chose que je n’étais pas venu cherché, mais dont j’ai fait l’expérience.
De vous à moi, mon cas est loin d’être exceptionnel. Quand vous écoutez les récits de personnes ayant vécu une expérience de voyage relativement long (qu’il soit spirituel, initiatique ou autre) leur discours est relativement similaire à ce que j’avance ici.
Et pour revenir sur le sujet du bonheur, je crois que c’est un peu la même chose.
Vous aurez compris que, de mon point de vue, pour sortir du paradoxe du bonheur consistant à le trouver sans le chercher, l’idée serait de commencer simplement par vivre ce que la vie vous propose comme expériences et voir où se situe VOTRE point d’équilibre en tenant compte que TOUT existe et que votre bien-être dépend surtout de là où votre esprit oriente son attention.
Pour conclure ce dossier sur les 5 grands paradoxes du développement personnel
Au démarrage de ce dossier, je ne pensais pas qu’il allait m’inspirer autant. Merci aussi pour vos commentaires et nombreux retours que j’ai reçu en privé ou sur les réseaux sociaux en réaction à ces articles.
Je vous ai donc proposé avec ces trois derniers articles, 5 grands paradoxes liés au développement personnel, mais je me doute bien qu’il doit en exister bien d’autres que je ne vois pas depuis ma fenêtre.
Aussi, je serais ravi de lire vos commentaires sur le sujet et les éventuels autres paradoxes que vous avez observés dans le développement personnel.
Pour terminer ce dossier, je vous propose un résumé de chacun des paradoxe traité dans ces derniers articles.
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Être responsable de sa vie tout en évitant la culpabilité liée à toutes les tuiles qui vous tombent sur le coin de la figure.
Responsabilité n’est pas culpabilité. Être responsable de sa vie, c’est être en mesure de choisir une réponse adaptée aux différents contextes que nous traversons tout en tenant compte de ce qui dépend de soi et ce qui n’en dépend pas.
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Ne jamais abandonner face à l’adversité tout en lâchant-prise sur ce qui échappe à votre contrôle.
Pour vous sortir de ce paradoxe, tournez-vous du côté de votre écologie personnelle; c’est-à-dire soyez à l’écoute de ce qui est bon pour vous et anticipez tant que possible sur ce qui ne l’est pas ou plus. Faites aussi la différence entre persévérance et obstination.
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Apprendre à “gérer” vos émotions tout en les accueillant et les acceptant.
Gérer ses émotions est souvent synonyme de “contrôler” ou “refouler”. Je suppose que quand le facteur vous apporte un courrier recommandé, vous ne contrôlez pas sa venue, ni ne le refoulez une fois arrivé sur votre palier, non ?. Vous accusez réception du message et en prenez connaissance. Vos émotions sont comme ce facteur, et sont juste là pour vous donner un message. Prenez connaissance de ce message et agissez en fonction.
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Être autonome et maître de sa vie tout en ayant besoin d’un coach (ou thérapeute) pour y arriver.
Avant d’ÊTRE autonome, il est nécessaire de le DEVENIR. Du coup, il y a plusieurs phases à traverser pendant lesquels être accompagné fait partie du processus qui vous conduira vers l’autonomie. Le plus important est que le professionnel qui vous accompagne soit bien au clair avec ça.
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Trouver le bonheur sans le chercher
Une petite pensée pour sortir de ce paradoxe du bonheur et finir sur une touche inspirante :
Le bonheur n’est pas une destination, mais une façon de voyager (Margaret Lee Runbeck)
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Bonsoir Christophe. Enfin, un commentaire envoyé! Nos croyances, inculquées pour la bonne cause, peuvent nous élever comme nous maintenir au plus bas. Prendre du temps, conscience, se donner le droit de croire en soi, en la vie avec un nouveau regard est le premier Bonheur car illimité. Le bonheur, c’est tout simplement ce lâcher prise, accepter sans plier, laisser partir avec sérénité car on a fait de notre mieux. Continuer à donner sans condition dans certains domaines. Mettre des limites et se respecter, se détacher de bcp de croyances plus être plus responsable de sa vie, en toute autonomie. Regarder l’autre comme un moyen de partage et non de sauveur. Le bonheur, c’est être libre, libéré du superflu pour apprécier encore plus ce que l’on vit au quotidien. Merci beaucoup de ce partage.
Merci à vous Alexia pour votre commentaire et votre partage de ce qui ressemble de plus en plus à une philosophie de vie. Vos mots vont sans nul doute inspirer bon nombre des lecteurs du blog 🙂
Bonjour Christophe,
J’ai également la conviction qu’il ne faut pas chercher le bonheur en tant qu’entité. Le bonheur est avant tout une manière de voir la vie avant d’être un mode de vie. Voici un livre très intéressant qui critique justement cette volonté de chercher absolument le bonheur partout, « La dictature du bonheur » par Marie Claude Ellie Morin. Cet article m’a donné envie d’en lire plus sur ton blog !
À bientôt ! 🙂
Nicolas Cabrignac de Labo Sciences Co’
https://www.labo-sciences-co.com
Merci Nicolas pour ton commentaire et pour le partage de cette lecture qui ne manquera pas d’intéresser les lecteurs.
Au plaisir d’un prochain échange.