Partager la publication "Lettre à toi qui souhaites voler de tes propres ailes"
Parfois, il y a des séances qui touchent des points plus sensibles que d’autres. Et là, je ne parle pas de toi qui souhaites quitter ton nid et prendre ton envol, mais de moi, ton coach qui accueille et entre en résonance avec ce que tu me dis. Alors forcément, tous ces mouvements que je ressens en moi à l’écoute de ton récit, il fallait bien que j’en fasse quelque chose. Au-delà du recyclage que j’effectue dans mon espace à moi en tant qu’accompagné, je te propose de lire ces quelques lignes et voir ce que tu peux en tirer comme nouvelles perspectives.
Tu as une chance extraordinaire, le sais-tu ? Tu as cette capacité que beaucoup pourraient t’envier, celle de rêver. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir des rêves. Certains ont perdu (ou n’ont jamais eu) cette faculté. Le tien de rêve, tu le cultives depuis deux ans et cela fait déjà une bonne année que tu as reçu une opportunité qui pourrait le voir se réaliser concrètement.
Seulement voilà; il y a comme qui dirait un « hic » : la réalisation de ton rêve passe aussi par ton envol du nid familial. Et là, tu es confronté à de multiples freins, barrières et autres obstacles qui te paraissent insurmontables aujourd’hui; il y a en premier lieu le blocage au niveau de tes proches et par un effet ricochet, des freins qui sont installés en toi.
Voyons un peu de quoi il s’agit.
Les Gardiens du seuil – Le retour
Il y a quelque temps, j’animais des ateliers de développement personnel sur le passage à l’action dans des projets de vie. Parmi les éléments explorés lors de ces ateliers, il y avait les biens nommés « Gardiens du seuil« . Ceux-ci sont des empêcheurs de tourner en rond; ou plus justement, des empêcheurs de passer à l’action. Il peut s’agir de proches (famille, amis, conjoint), d’acteurs gravitant autour du projet à réaliser (banquier, employeur, agence immobilière, prestataire de service, administration au sens large, etc.). Dans ces cas-là, on parle de Gardiens du seuil externes. Et il y a aussi tout ce qui se passe en soi; les émotions (la Peur étant la principale, mais il n’y a pas qu’elle), certaines pensées dysfonctionnelles et autres croyances limitantes. Ici, on parle alors de Gardiens du seuil internes.
Dans le contexte qui est le tien, tu auras compris que tes Gardiens du seuil sont représentés essentiellement par tes proches… mais pas que. En effet, tu verras un peu plus loin dans cette lettre que malgré ton enthousiasme à quitter le nid familial et voler de tes propres ailes, tu m’as décrit quelques gardiens internes qui pourraient, eux aussi, te freiner dans ton élan et t’empêcher de franchir le seuil de ta porte.
« Mais alors, ils servent à rien, ces gardiens du seuil !!! » me diras-tu peut-être avec une pointe d’agacement tout à fait légitime.
Pas forcément, te répondrais-je avec ce petit sourire en coin que tu connais bien maintenant.
Sache que le rôle principal de tes gardiens du seuil externes n’est pas forcément de te mettre des bâtons dans les roues, mais plutôt de prévenir les éventuels dangers ou autres déconvenues liés à la réalisation de ton projet. Leur intention, au fond, est noble; ils veulent juste te protéger en souhaitant que tu sois en sécurité quand tu auras quitté le nid.
Bon, OK, la façon dont ils le manifestent n’est pas des plus fines; on pourrait même dire que c’est un peu brut de décoffrage. Cependant, en laissant de côté la forme, tu t’apercevras que le fond est plutôt bienveillant à ton égard.
Nous sommes aussi d’accord toi et moi pour dire que les dangers dont ils te parlent ne sont rien d’autre que le reflet de leurs propres peurs à eux; peurs qu’ils n’ont pas pu ou su métabolisées pour éviter de les projeter sur toi. C’est ainsi. Ne leur en tiens pas trop rigueur; ils font du mieux qu’ils peuvent avec les ressources dont ils disposent.
Du coup, comment faire avec tes gardiens du seuil ? Là est la bonne question.
Si tu pars du principe que leur intention est de te savoir en sécurité et que leur besoin à satisfaire est d’être rassuré, il t’appartient alors de combler à minima ce besoin en leur montrant que ton rêve est bien plus réfléchi et ancré dans le réel qu’ils ne l’imaginent. Ce qui dépend de toi dans ce contexte est alors de monter un dossier bien ficelé où l’ensemble des éléments de ton projet est « planifié« , « cadré » et « sécurisé« . D’ailleurs, cerise sur le gâteau, ce petit travail de préparation te servira aussi de feuille de route, bien utile dans ta nouvelle aventure.
Par ailleurs, il est aussi possible que tu entendes des extrémistes de l’émancipation te dire que tu es majeure et que tu n’as aucun compte à rendre à personne, que si tu es sûre de ton projet, alors tu ne dois pas te laisser freiner ou influencer. Bref, leur message est du genre « vas-y fonce. Ne te laisse pas décourager par qui que ce soit ».
Si tu entends ça, c’est qu’à priori, ils n’ont pas tenu compte de tes propres gardiens du seuil. Ceux qui sont en toi et qui cherchent aussi à t’éclairer sur quelques points importants.
C’est ce que je te propose de voir maintenant.
Voler de tes propres ailes VS loyauté familiale
Je me souviens que dans ton récit, il y avait un sentiment érigé au stade de valeur qui revenait régulièrement; la Loyauté. Et quand tu envisages parfois un envol de ton nid familial sans tenir compte des conséquences relationnelles avec tes proches (ou autrement dit en mode « J’me casse. Vous m’avez saoulé avec vos principes débiles !! » ), tu te sentais mal; pas vraiment en accord avec ce qui est important pour toi. C’est à ce moment précis qu’apparut ce conflit intérieur entre ton envie de voler de tes propres ailes et la loyauté que tu éprouves envers tes proches.
Tentons de résoudre ce conflit ensemble.
Comme dans toute résolution de conflit, il est nécessaire d’explorer un terrain commun sur lequel les deux parties peuvent s’entendre. Dans ta situation, ce terrain commun a un nom : l’Autonomie.
C’est quoi l’Autonomie ?
Bon, concernant ton désir de voler de tes propres ailes, le lien avec l’autonomie semble évident. Pour autant, je t’invite à aller un pas plus loin dans cette évidence.
Une idée couramment répandue consiste à croire qu’être autonome c’est n’avoir besoin de rien ni de personne et de se croire libre de faire ce qu’on veut quand on veut. Cette croyance comporte une erreur; celle d’être confondue avec l’indépendance (qui entre-nous, a la fâcheuse tendance à te couper du monde; pas top pour le lien social).
Être autonome, c’est être en capacité de :
- prendre des décisions à partir d’un panel de choix que tu auras déterminés
- respecter des règles précises que tu auras définies pour ton propre fonctionnement
- te sentir libre tout en assumant les conséquences de tes décisions en toute responsabilité*
*source : LES CLÉS DE L’AUTONOMIE. Modèles et processus d’accompagnement. Stéphanie Desfontaines Stéphane Montier; Editions Eyrolles 2012
Si le sujet t’intéresse, je t’invite à lire un ancien article du blog, écrit il y a quelques années : « Liberté, Indépendance ou Autonomie« .
Pour en revenir à ton souhait de voler de tes propres ailes, tu auras donc compris que ces trois éléments fondamentaux de l’Autonomie méritent toute ton attention avant de prendre ton envol.
Quand la loyauté contribue à l’autonomie
Concernant maintenant la loyauté que tu ressens vis-à-vis de tes proches, elle peut aussi te servir à accéder à plus d’autonomie. Le rapport est moins évident que tout à l’heure, mais il existe quand même.
Je vais tenter de te le montrer.
Le sentiment de loyauté que tu éprouves à l’égard de tes proches montre que tu es consciente du lien qui te lie à eux et que ce lien est important pour toi. Jusque-là, c’est OK.
En revanche, tu sais comme moi qu’avec un lien on peut réaliser deux types d’actions :
- Relier deux personnes entre elles, dont chacune est responsable du côté du lien où elle se trouve; donc libre de le poser ou de le reprendre quand elle le décide.
- Attacher quelque chose ou quelqu’un pour éviter qu’il ne bouge, s’enfuit ou soit libre de ses mouvements.
Voyons maintenant ce qui dépend de toi dans ces deux situations.
- Décider de ce que tu fais du bout de lien dont tu es responsable et ainsi te sentir libre de le poser et de le reprendre quand tu en as envie.
- Accepter ou refuser d’être ligotée par ce lien, que ce soit par ta propre action (du moins celle de tes gardiens du seuil internes) ou par celle de tes proches ( par la culpabilisation par exemple)
Décider, être responsable, te sentir libre, te positionner dans la relation avec tes proches et donc te définir en fonction de qui tu es devenu aujourd’hui et non plus uniquement en fonction de ce qu’ils ont fait pour toi (ou voulu que tu sois) jusque-là; voilà une bonne base pour construire les fondations de ton Autonomie, non ?
Pour finir cette lettre, je te partage une pensée d’un auteur que j’aime beaucoup, Paulo Coelho :
La loyauté ne peut jamais être imposée par la force, par la peur, par l’insécurité ou par l’intimidation. Elle est un choix que seuls les esprits forts ont le courage de faire
Tu as fait le choix de la loyauté. C’est donc que ton esprit est suffisamment fort et que tu es suffisamment courageuse pour voler maintenant de tes propres ailes.
Bonne route à toi.
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Je trouve l’analogie du lien est très pertinente. Elle illustre avec justesse ce qu’il est de bon goût de faire et/ou d’accepter avec les gens qui nous sont proches. Certains décident de prendre de la distance, en usant de leur liberté, et ils ont bien raison d’en user. Mais du coup c’est vrai aussi, que lorsqu’ils décident de ce ressaisir du lien, si nous l’avons toujours en main, il y a juste a ce réjouir de leur retour, sans leur en vouloir de quoi que ce soit. J’aime cette image car elle me fait penser à une situation que j’ai vécu personnellement. Et je réalise que si le lien n’a pas été coupé, c’est qu’une des partie l’a toujours gardé en main.
Merci Pierre pour ton commentaire et ravi d’avoir pu apporter un éclairage à ta propre situation.
A bientôt