Suite du billet sur les 11 bugs connus par notre cerveau et qui pourraient potentiellement vous mettre des bâtons dans les roues, surtout si vous voulez reprendre votre vie en main. Autrement appelés biais cognitifs ou distorsion cognitive, nous avions vu la dernière fois, le biais d’inférence arbitraire, le biais d’abstraction sélective, le biais de surgénéralisation et le biais de minimalisation / dramatisation. Voyons aujourd’hui trois autres distorsions cognitives.

Distorsion cognitive #5 – La personnalisation

On retrouve ce biais cognitif quand vous pensez être à l’origine du comportement des autres ou des tuiles qui vous tombent sur le coin de la figure. 

Exemples : votre conjoint ou une amie s’exprime moins que d’habitude, se montre un peu plus distant(e) voire fait carrément une tête d’enterrement. L’une des premières pensées qui vous vient à l’esprit ressemblera à « qu’ai-JE fait de mal pour qu’il ME fasse la gueule comme ça ?« 

Ou alors, suite à quelques échecs récurrents sur un laps de temps relativement court, vous serez tenté de conclure « Ce qui m’arrive est de ma faute« . A noter qu’une certaine idéologie du développement personnel favorise malheureusement cette distorsion cognitive (voire l’article « 5 paradoxes du développement personnel (partie 1/3)« 

Conséquence : vous l’aurez compris, la principale conséquence de ce biais cognitif est d’alourdir votre sac à dos du poids de la culpabilité. Et en traînant ce boulet à longueur de temps, vous conviendrez que le contexte n’est pas très favorable pour reprendre votre vie en main.

Une piste pour corriger le bug : je vous livre un trait d’humour, lu il y a quelques temps et qui résume parfaitement la correction de cette distorsion cognitive :

Si vous croyez que le monde tourne autour de vous, asseyez-vous, c’est sûrement une baisse de tension.

J’ai adoré.

Distorsion cognitive #6 – La pensée dichotomique

Ma préférée car c’est la plus simple à mettre à jour chez mes clients et patients (et j’aime quand c’est simple). Il s’agit ni plus ni moins que de voir la vie en noir ou blanc; aucune place n’est laissée aux nuances de gris. Si vous subissez ce bug, pour vous c’est tout ou rien, toujours ou jamais, bon ou mauvais, bien ou mal, à prendre ou à laisser, et dans de nombreux domaines de votre vie (affective, professionnelle, amicale, familiale, etc.)

Exemples : vous considérez que dans la vie, soit on est heureux, soit on est malheureux. Si vous vivez quelque chose d’agréable à un moment donné, vous en faites une règle absolue et définitive. Et dès qu’une chose désagréable vous arrive, vous en faites une nouvelle règle tout aussi absolue et définitive, venant aussitôt remplacer la première. Et ainsi de suite… 
Autre exemple, vous n’avez pas réussi à obtenir le poste convoité suite à un entretien d’embauche, alors vous concluez que vous êtes nul(le) et que vous ne valez rien.

Conséquence : le risque principal de cette distorsion cognitive est qu’à force de penser la vie en noir ou blanc, vous vous trouvez souvent dans les extrêmes, tant d’un point de vue émotionnel que comportemental; du coup, en terme d’équilibre c’est compliqué. Ceux qui ont une petite tendance au perfectionnisme se retrouvent souvent avec ce biais cognitif (« si ce n’est pas parfait, autant ne rien faire du tout ») et en subissent les conséquences (procrastination et culpabilité). Même chose chez ceux qui se définissent comme des personnes « entières » ou « cash ».

Une piste pour corriger le bug : sortir d’une pensée dichotomique revient à porter votre attention sur toutes les nuances que la vie a à vous offrir; et cela demande un peu de souplesse psychologique. Pour reprendre l’exemple cité au-dessus, une piste serait de considérer les moments agréables et désagréables comme représentant tout au plus 20% de votre quotidien au lieu des 100% liés à ce bug. Les 80% restant représentent finalement tous les autres moments de la vie; ceux qui sont neutres, ni particulièrement agréables, ni particulièrement désagréables; c’est juste qu’ils SONT.

Distorsion cognitive #7 – Le raisonnement émotionnel

Ce biais cognitif fait partie des plus fourbes et des plus répandus. En effet, il vous fait prendre vos émotions comme des preuves que votre perception de la réalité est une vérité. Sur une situation X ou Y, vous croyez vous faire une opinion à l’aide d’un raisonnement logique et analytique, alors que ces mêmes opinions sont issues de ce que vos émotions vous ont dicté. En résumé, ce sont des vérités établies sur vous, les autres ou le monde issues de vos propres émotions.

Exemples : le plus connu est la peur ressentie avant un grand oral. Cette peur vous fait penser et croire que la situation à venir représente un danger pour vous. D’où certains comportements d’évitements ou de procrastinations.
Autre exemple à l’opposé, vous ressentez de la confiance et de l’enthousiasme vis-à-vis de ce vendeur très chaleureux et sympathique vous vantant les mérites de son produit ou son service. Du coup, vous pensez et concluez que son produit ou service ne peut être que de bonne facture (et vous dégainez le portefeuille plus vite que votre ombre).

Conséquence : En tirant des conclusions à partir d’un raisonnement basé sur vos émotions, vous fermez la porte automatiquement aux alternatives expliquant de manière plus rationnelle les situations. Pour reprendre les deux exemples ci-dessus, vos conclusions peuvent en effet devenir une réalité, mais ce ne sera qu’une coïncidence, un malheureux ou heureux hasard selon les circonstances (avec en prime un renforcement du biais cognitif en question). Or, il est plus que probable que la réalité se situe quelque part parmi toutes les autres potentialités existantes, bien plus nombreuses et rationnelles.

Une piste pour corriger le bug : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit; les émotions ne sont pas nos ennemies. Au contraire, quand nous savons décoder leur message, elles nous permettent de satisfaire nos besoins et d’agir en conséquence. Pour autant, si vous analysez une situation sous l’influence d’une émotion, je vous invite à laisser le temps à la marmite de redescendre en pression. Les conclusions auxquelles vous parviendrez alors seront un peu moins biaisées et un peu plus teintées de rationalité. D’ailleurs, ne dit-on pas justement que la nuit porte conseil ?

Voilà pour ces trois distorsions cognitives ou biais cognitifs que sont la personnalisation, la pensée dichotomique et le raisonnement émotionnel. Il nous reste à voir la prochaine fois, le blâme, l’étiquetage, la disqualification du positif et la catastrophisation.

Un bon programme en perspective.


Si vous aussi pensez subir ces bugs vous empêchant d’avancer et aimeriez bien reprendre les rennes de votre vie, contactez-moi ici; nous pouvons travailler ensemble.


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