Il est grand temps de boucler le dossier sur ce que signifie prendre soin de soi. Les deux premiers articles proposaient deux pistes à explorer grâce à l’analyse transactionnelle. La première montrait qu’en dépit de certains messages ancrés au fond de nous et influençant une grande partie de nos comportements (les drivers), il est quand même possible de prendre soin de soi. La deuxième piste nous montrait comment lever certaines méconnaissances nous empêchant de mettre en pratique cette action essentielle pour notre équilibre intérieur. Et donc pour finir, je vous propose aujourd’hui d’emprunter la piste des croyances; ces conclusions et convictions que nous avons sur nous-mêmes, les autres ou le monde et se révélant limitantes dans notre capacité à prendre soin de nous.

La puissance des croyances

L’une des pierres angulaires dans le travail d’accompagnement que je mène avec mes client(e)s concernent justement les croyances. A un moment donné, il est quasi-systématique qu’une ou plusieur(s) croyance(s) apparaisse(nt) sur leur chemin et viennent entraver leur progression pour reprendre leur vie en main. Et celles les empêchant de prendre soin d’eux-mêmes ne font pas exception à cette règle.

Si le sujet des croyances vous intéresse, je l’ai traité à de multiples reprises et sous différents angles lors des premières années de ce blog. Vous pouvez retrouver les articles dédiés en cliquant sur les liens suivants :

Pour résumer ce qu’est une croyance de façon symbolique, je vous partage une pensée d’Henry Ford:

Que vous pensiez être capable ou ne pas être capable, dans les deux cas, vous avez raison

Le problème avec les croyances

Qu’elles soient limitantes ou pas, il reste un problème fondamental avec les croyances; c’est qu’elles s’auto-entretiennent grâce (ou à cause) d’un des biais cognitifs les plus fréquemment rencontrés : le biais de confirmation. Et là, je vous le dis tout net, on ne peut rien y faire. Nous sommes ainsi fait que tout ce que nous sélectionnons comme informations dans notre environnement vient valider, attester, renforcer, prouver que ce que nous croyons est vrai. 

Par exemple si vous croyez que la terre est plate (ne vous moquez pas, selon un sondage ifop, en 2019, 9% des français croient dur comme fer que notre planète est plate), et bien sur 10 éléments argumentatifs dont 9 vous prouvent le contraire, vous n’allez retenir et porter du crédit qu’à l’unique élément qui va dans le sens de votre croyance préalable de la « platitude » de notre Terre.

Bon, ça c’est pour l’exemple extrême.

Mais au quotidien, le biais de confirmation fonctionne de la même manière. C’est le sens de la pensée d’Henry Ford précédemment cité. 

Par exemple, et pour vous amener tranquillement au sujet de cet article, si vous êtes convaincu que « dans la vie, il faut souffrir pour réussir », alors il y a fort à parier que vous ne laisserez aucune place ou ne donnerez aucun crédit à toute sorte de réussite obtenue sans passer par la case souffrance. Du coup, même si vous rencontrez quelqu’un qui a réussi (selon vos critères, bien sûr) et vous dit que c’était plutôt cool pour lui, soit vous allez le prendre pour un charlot, soit vous penserez qu’il vous ment (ou les deux…); De la même manière, si vous-même voyez se profiler devant vous une piste pouvant vous conduire à votre but, mais que vous évaluiez cette piste comme « trop facile », elle n’aura aucune valeur à vos yeux; vous ne l’emprunterez pas car « pas assez de souffrance !! »

Et le truc peut aller très loin.

La croyance en question met en relation deux concepts pourtant différents : la réussite d’un côté et la souffrance de l’autre. Si la réussite n’était conditionnée que par la dose de souffrance endurée, alors nous pourrions tirer deux conclusions aussi farfelues l’une que l’autre :

  1. Tous ceux qui réussissent dans la vie sont masochistes
  2. Tous les masochistes sont des modèles de réussites.

Bon, ça c’était pour vous faire sourire.

Plus sérieusement, il peut y avoir pléthore d’éléments pouvant contrarier la réussite de vos plans et qui ne dépendent pas de vous. J’ai toujours eu du mal avec les discours des gourous du développement personnel qui dogmatisent que TOUT ce qui vous arrive dépend de vous, la réussite y compris. C’est hyper culpabilisant en plus d’être complètement faux. Rien qu’au niveau des environnements, il existe de nombreux facteurs qui ne dépendent pas de vous et qui peuvent influencer l’issue d’un projet :

  • Exemple avec l’environnement professionnel : votre N+1 qui décide de votre promotion;
  • Exemple avec l’environnement social : auto-financer un projet de reconversion quand vous êtes parent isolé avec 2 enfants à charge;
  • Exemple avec l’environnement familial : votre conjoint qui dénigre le projet dans lequel vous souhaitez vous lancer.
  • Exemple avec l’environnement économique : une crise financière comme celle que nous allons connaître à la sortie de la pandémie du coronavirus va probablement laisser sur le carreau bon nombre d’indépendants, de TPE et de PME.

Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Ce n’est pas parce que ces contextes existent qu’ils rendent la réussite impossible; c’est précisément parce qu’ils existent qu’il me semble important d’en tenir compte avant de sortir le fouet et vous flageller au cas où ce que vous attendiez comme réussite ne se pointe pas.

Par conséquent et pour revenir à notre affaire de « il faut souffrir pour réussir », le risque en adhérant inconditionnellement à cette croyance est de vouloir faire toujours plus (de la même chose) quand l’objet de votre réussite tarde à venir. Ceci au détriment de votre écologie personnelle, de votre équilibre émotionnel, de la satisfaction de vos besoins fondamentaux, et parfois même en allant à l’encontre vos propres valeurs.

Vous vouliez de la souffrance ? Bienvenue à Burnout-land

Quelques exemples de croyances limitantes, obstacles au « prendre soin de soi »

Mon but avec la démonstration précédente est de vous permettre de comprendre le mécanisme d’une croyance et comment elle peut avoir un impact non négligeable sur votre équilibre de vie. L’idée est donc de commencer à la remettre en question tranquillement plutôt que continuer à y adhérer aveuglément en mode « tout ou rien ».

Les croyances que je m’apprête à vous citer dans cette dernière partie sont issues de ma propre expérience de vie et des entretiens avec mes clients et patients. De fait, elles sont donc toutes discutables, car selon la position depuis laquelle vous les observez, elles pourront vous paraître soit vraies, soit fausses, soit neutres. Et c’est justement le principe même des croyances.

Voici donc un petit florilège de croyances pouvant se présenter comme des obstacles à l’objectif de prendre soin de soi (de mon point de vue, donc.)

« Le repos, c’est pour les fainéants »

« Je me reposerai quand je serai mort »

« Plus j’en fais, plus j’obtiendrai de la reconnaissance (de mon patron, de ma mère, de mon père, de ma femme, de mon mari, de tata Fifine, etc.)

« Tout est question de volonté. Si on veut, on peut »

« En attendant que l’orage passe, je fais le dos rond »

« Montrer ses émotions, c’est paraître faible »

« Si je demande ce dont j’ai besoin, je vais passer pour un(e) casse-couille »

« Penser à soi, c’est être égoïste »

« Je suis chef d’entreprise, donc je dois être infaillible »

« Une fête sans alcool n’est pas une fête »

« Je me sens bien quand les autres se sentent bien »

« J’attends d’aller mieux pour prendre soin de moi »

« Si je lui dis ce que je pense, je vais créer un conflit. Je préfère prendre sur moi »

« … »

Il y en aurait des dizaines d’autres  sur ce sujet, voire des centaines en comptant toutes celles que je n’ai jamais entendues ou vécues. 

Si d’ailleurs vous en avez quelques-unes en tête, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires.

Et si vous aussi pensez être aux prises avec des croyances vous empêchant de prendre soin de vous, contactez-moi ici; nous pouvons travailler ensemble.


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