Partager la publication "[DOSSIER] Qu’est-ce que prendre soin de soi ? (partie 3/3)"
Il est grand temps de boucler le dossier sur ce que signifie prendre soin de soi. Les deux premiers articles proposaient deux pistes à explorer grâce à l’analyse transactionnelle. La première montrait qu’en dépit de certains messages ancrés au fond de nous et influençant une grande partie de nos comportements (les drivers), il est quand même possible de prendre soin de soi. La deuxième piste nous montrait comment lever certaines méconnaissances nous empêchant de mettre en pratique cette action essentielle pour notre équilibre intérieur. Et donc pour finir, je vous propose aujourd’hui d’emprunter la piste des croyances; ces conclusions et convictions que nous avons sur nous-mêmes, les autres ou le monde et se révélant limitantes dans notre capacité à prendre soin de nous.
La puissance des croyances
L’une des pierres angulaires dans le travail d’accompagnement que je mène avec mes client(e)s concernent justement les croyances. A un moment donné, il est quasi-systématique qu’une ou plusieur(s) croyance(s) apparaisse(nt) sur leur chemin et viennent entraver leur progression pour reprendre leur vie en main. Et celles les empêchant de prendre soin d’eux-mêmes ne font pas exception à cette règle.
Si le sujet des croyances vous intéresse, je l’ai traité à de multiples reprises et sous différents angles lors des premières années de ce blog. Vous pouvez retrouver les articles dédiés en cliquant sur les liens suivants :
- [DOSSIER] Les croyances (partie 1/3)
- [DOSSIER] Les croyances (partie 2/3)
- [DOSSIER] Les croyances (partie 3/3)
- Top 10 des croyances limitantes sur l’Autre (partie 1/2)
- Top 10 des croyances limitantes sur l’Autre (partie 2/2)
- Top 10 des croyances limitantes sur soi-même
- Croyances et Changements
Pour résumer ce qu’est une croyance de façon symbolique, je vous partage une pensée d’Henry Ford:
Que vous pensiez être capable ou ne pas être capable, dans les deux cas, vous avez raison
Le problème avec les croyances
Qu’elles soient limitantes ou pas, il reste un problème fondamental avec les croyances; c’est qu’elles s’auto-entretiennent grâce (ou à cause) d’un des biais cognitifs les plus fréquemment rencontrés : le biais de confirmation. Et là, je vous le dis tout net, on ne peut rien y faire. Nous sommes ainsi fait que tout ce que nous sélectionnons comme informations dans notre environnement vient valider, attester, renforcer, prouver que ce que nous croyons est vrai.
Par exemple si vous croyez que la terre est plate (ne vous moquez pas, selon un sondage ifop, en 2019, 9% des français croient dur comme fer que notre planète est plate), et bien sur 10 éléments argumentatifs dont 9 vous prouvent le contraire, vous n’allez retenir et porter du crédit qu’à l’unique élément qui va dans le sens de votre croyance préalable de la « platitude » de notre Terre.
Bon, ça c’est pour l’exemple extrême.
Mais au quotidien, le biais de confirmation fonctionne de la même manière. C’est le sens de la pensée d’Henry Ford précédemment cité.
Par exemple, et pour vous amener tranquillement au sujet de cet article, si vous êtes convaincu que « dans la vie, il faut souffrir pour réussir », alors il y a fort à parier que vous ne laisserez aucune place ou ne donnerez aucun crédit à toute sorte de réussite obtenue sans passer par la case souffrance. Du coup, même si vous rencontrez quelqu’un qui a réussi (selon vos critères, bien sûr) et vous dit que c’était plutôt cool pour lui, soit vous allez le prendre pour un charlot, soit vous penserez qu’il vous ment (ou les deux…); De la même manière, si vous-même voyez se profiler devant vous une piste pouvant vous conduire à votre but, mais que vous évaluiez cette piste comme « trop facile », elle n’aura aucune valeur à vos yeux; vous ne l’emprunterez pas car « pas assez de souffrance !! »
Et le truc peut aller très loin.
La croyance en question met en relation deux concepts pourtant différents : la réussite d’un côté et la souffrance de l’autre. Si la réussite n’était conditionnée que par la dose de souffrance endurée, alors nous pourrions tirer deux conclusions aussi farfelues l’une que l’autre :
- Tous ceux qui réussissent dans la vie sont masochistes
- Tous les masochistes sont des modèles de réussites.
Bon, ça c’était pour vous faire sourire.
Plus sérieusement, il peut y avoir pléthore d’éléments pouvant contrarier la réussite de vos plans et qui ne dépendent pas de vous. J’ai toujours eu du mal avec les discours des gourous du développement personnel qui dogmatisent que TOUT ce qui vous arrive dépend de vous, la réussite y compris. C’est hyper culpabilisant en plus d’être complètement faux. Rien qu’au niveau des environnements, il existe de nombreux facteurs qui ne dépendent pas de vous et qui peuvent influencer l’issue d’un projet :
- Exemple avec l’environnement professionnel : votre N+1 qui décide de votre promotion;
- Exemple avec l’environnement social : auto-financer un projet de reconversion quand vous êtes parent isolé avec 2 enfants à charge;
- Exemple avec l’environnement familial : votre conjoint qui dénigre le projet dans lequel vous souhaitez vous lancer.
- Exemple avec l’environnement économique : une crise financière comme celle que nous allons connaître à la sortie de la pandémie du coronavirus va probablement laisser sur le carreau bon nombre d’indépendants, de TPE et de PME.
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Ce n’est pas parce que ces contextes existent qu’ils rendent la réussite impossible; c’est précisément parce qu’ils existent qu’il me semble important d’en tenir compte avant de sortir le fouet et vous flageller au cas où ce que vous attendiez comme réussite ne se pointe pas.
Par conséquent et pour revenir à notre affaire de « il faut souffrir pour réussir », le risque en adhérant inconditionnellement à cette croyance est de vouloir faire toujours plus (de la même chose) quand l’objet de votre réussite tarde à venir. Ceci au détriment de votre écologie personnelle, de votre équilibre émotionnel, de la satisfaction de vos besoins fondamentaux, et parfois même en allant à l’encontre vos propres valeurs.
Vous vouliez de la souffrance ? Bienvenue à Burnout-land
Quelques exemples de croyances limitantes, obstacles au « prendre soin de soi »
Mon but avec la démonstration précédente est de vous permettre de comprendre le mécanisme d’une croyance et comment elle peut avoir un impact non négligeable sur votre équilibre de vie. L’idée est donc de commencer à la remettre en question tranquillement plutôt que continuer à y adhérer aveuglément en mode « tout ou rien ».
Les croyances que je m’apprête à vous citer dans cette dernière partie sont issues de ma propre expérience de vie et des entretiens avec mes clients et patients. De fait, elles sont donc toutes discutables, car selon la position depuis laquelle vous les observez, elles pourront vous paraître soit vraies, soit fausses, soit neutres. Et c’est justement le principe même des croyances.
Voici donc un petit florilège de croyances pouvant se présenter comme des obstacles à l’objectif de prendre soin de soi (de mon point de vue, donc.)
« Le repos, c’est pour les fainéants »
« Je me reposerai quand je serai mort »
« Plus j’en fais, plus j’obtiendrai de la reconnaissance (de mon patron, de ma mère, de mon père, de ma femme, de mon mari, de tata Fifine, etc.)
« Tout est question de volonté. Si on veut, on peut »
« En attendant que l’orage passe, je fais le dos rond »
« Montrer ses émotions, c’est paraître faible »
« Si je demande ce dont j’ai besoin, je vais passer pour un(e) casse-couille »
« Penser à soi, c’est être égoïste »
« Je suis chef d’entreprise, donc je dois être infaillible »
« Une fête sans alcool n’est pas une fête »
« Je me sens bien quand les autres se sentent bien »
« J’attends d’aller mieux pour prendre soin de moi »
« Si je lui dis ce que je pense, je vais créer un conflit. Je préfère prendre sur moi »
« … »
Il y en aurait des dizaines d’autres sur ce sujet, voire des centaines en comptant toutes celles que je n’ai jamais entendues ou vécues.
Si d’ailleurs vous en avez quelques-unes en tête, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires.
Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux…
Merci Christophe pour cet article et ce dossier. En effet je rajouterai pour ma part une parole que j’ai souvent entendue : « celui qui a peur sera en sécurité (ou sera à l’abri) » c’est un adage populaire mal traduit de l’arabe dialectal. désolé pour la traduction approximative…Cela signifie en quelque sorte que si on se protège on sera en sécurité. Quel est le souci dans cette affirmation me diriez-vous. Eh bien c’est les conséquences qui peuvent être désastreuses car si la peur désigne cette émotion qui nous permet de nous mettre en mouvement pour nous protéger d’un danger c’est inverser les rôles qui peut être dommageable : faire de la peur un driver et non plus une réaction. être en permanence dans cet état de peur volontairement (du coup ce serait un sentiment car étalé dans le temps et non plus une émotion) afin d’espérer être à l’abri d’un danger. Et effectivement les personnes qui agiraient de la sorte ressentiraient ce faux semblant de sécurité en ne prenant aucun risque dans leur vie. Ainsi ils verraient les autres prendre des risques et échouer, et valideraient par conséquent leur système de pensée et leur croyance « en ayant peur (et donc en étant paralysé et en ne prenant aucun risque dans ma vie) alors je vivrai en sécurité. et la boucle est bouclée !
Merci Ahmed pour ton commentaire très détaillé qui apporte une vraie valeur ajoutée à cet article.
Ton développement est très clair et j’y adhère complètement.
Au plaisir d’en lire d’autres comme ça 😉
Merci Christophe pour cet article, comprendre ce mécanisme de croyances est le premier pas pour envisager de nouvelles possibilité, changer son regard sur soi, le monde, la vie nous permet de vivre des expériences différentes.
Notre cerveau aime la cohérence, la logique, d’où ce biais de confirmation, c’est en quelque sorte pour se rassurer que l’on a toute notre tête. Par exemple si une personne croit que sa vie est nulle, elle cherchera des preuves que cela est vrai tout en rendant plus difficile d’entendre des perspectives qui suggèrent le contraire.
Une astuce pourrait être de rechercher des arguments contraires à ce que l’on croit, pour en revenir à l’exemple de « la vie est nulle », cela serait de rechercher des évènements heureux que l’on a rencontré, et on se rend vite compte qu’il y en a beaucoup plus qu’on ne le pensait, simplement notre attention n’étaient pas porté dessus et c’est normal. Cela est du au biais de négativité du cerveau, on accorde plus d’importance à ce qui ne va pas, qu’à ce qui va.
Comme le disait le psychologue William James: « Si vous pouvez changer d’avis, vous pouvez changer votre vie »
Merci à vous pour votre apport pertinent Houria.
J’aime bien votre exemple sur la personne qui croit que sa vie est nulle. C’esst tout à fait ça.
Au plisir d’une prochain échange.
C’est fou à quel point les croyances limitantes sont « évidentes » et pourtant si peu de personnes sont au fait de leur existence.
Merci de les mettre en lumière dans cet article et notamment avec une application concrète sur leurs impact dans notre quête du « prendre soin de soi ».
J’adore cette citation de Henry Ford, elle est vraiment très parlante.
Mais du coup, que proposez vous pour dépasser ces croyances limitantes exactement ?
Merci à vous pour votre commentaire Guillaume
Les croyances limitantes sont en effet la pierre angulaire dans tout processus de changement.
Pour les dépasser, il y a plusieurs approches, dont celle que j’utilise souvent, le recadrage de sens ou de contexte qui permet d’avoir un autre point de vue sur ce qui est considéré au départ comme vrai. Mon but n’est pas de forcer le changement (ce serait contre-productif), mais de chercher avec mon client si une autre interprétation est possible sur ce qu’il affirme avec conviction et qui pourtant l’empêche d’avancer.
Parfois, ça fonctionne bien 😉
Bonjour Christophe,
Je termine à l’instant la lecture de votre guide. Superbe ! Je n’avais jamais vu nos croyances sous ce point de vue. Je m’abonne de ce pas à votre actualité.
– Paul
Moi je pense que les croyances limitantes sont un poids dont il faut se débarrasser. *
J’ai été ravie de lire cet article il m’a remis en forme, et fait voir la vie d’une autre facette, au plaisir de te relire, ce blog est vraiment bien je vais le mettre dans mes favoris biz.
Bonjour,
Merci pour cette très belle sélection. Il se trouve que j’ai également un blog sur le développement personnel et la vente
https://rudy-merouchi.com/
Les croyances limitées sont nos pensées et nos opinions qui nous font croire que nous ne pouvons pas faire certaines choses. Cela vient le plus souvent de notre éducation ou de notre expérience passée.